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Du même auteur
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- Fleur - Laurent GENEFORT
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- Le Vaisseau ardent (extrait) - Jean-Claude MARGUERITE
- Quand il y aura des pommiers sur Mars - Ugo BELLAGAMBA
- Suicide par imprudence - Yves et Ada REMY
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- L’homme qui peignit le dragon Griaule - Lucius SHEPARD
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- U2oa - Nouvelle de Frédéric Darriet
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- L’épouvantail - Roland C. WAGNER
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- Défait - Léo HENRY
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"Plus qu’aucun autre auteur de SF, Clarke est resté fidèle au rêve de l’enfant qui voit dans la science le salut de l’humanité et dans l’humanité une race de dieux potentiels voués aux étoiles". ALDISS BrianLe voyageur - par Gaël Manceau
Nouvelles & Extraits
Description de la nouvelle par Julien Beauche :
Le voyage dans le temps n’est pas un thème nouveau dans la littérature de l‘imaginaire. Il remonte à plus d’un siècle. Durant l’Âge d’Or de la science-fiction, le voyage dans le temps fut usé jusqu’à la moelle, abusant des clichés pompés aux uns et aux autres. Dans ce texte, le thème est étudié sous un angle différent, sans pour autant révolutionner le genre. Nombre de jeunes écrivains se sont fourvoyés dans la nouvelle courte, la « short-short » pour reprendre l’origine anglo-saxonne. Jacques Sternberg, Fredric Brown, Léopold Massiera (l’exceptionnelle « La visite de la Chose » découverte en juin 1954 dans la revue Fiction) s’y sont illustrés, parfois brillamment, parfois médiocrement. « Le Voyageur » vous tiendra en haleine jusqu’à son final inattendu ; bien que des lecteurs assidus de science-fiction puissent très bien démystifier ce curieux dessein. Gaël Manceau ne s’appuie pas sur Wells, ni sur Williamson. Son texte est succinct, incroyablement simple, sans pour autant être simpliste. Parfois, on a l’impression de lire le Harlan Ellison des débuts. Comparaison honnête, mais il ne faut pas, outre mesure, vouloir tout comparer ; tout texte est unique, du moins, en apparence. « Le Voyageur » n’est pas un hommage crédule à une certaine SF, il s’agit d’une continuation somme toute originale, dont la chute nécessite un intérêt tout particulier. L’on ne sait rien du personnage, désigné par « il » ; ni de son passé, ni de son improbable avenir. Gaël Manceau ne s’attarde pas sur des futilités, il va droit au but, brouillant quelques pistes via la description de la machine. D‘autre part, en filigrane, l’on pourrait très bien rapprocher le présent texte à une allégorie de l’aliénation. Part-il réellement dans l’espoir d’avoir une vie meilleure ou en dépit de sa condition ? J. L.S
Le Voyageur :
Il venait de visser son dernier boulon. Reculant, il contempla son œuvre. Les années d’effort qu’il y avait dédiées furent oubliées à la simple vue de sa machine. Et quelle machine. La première machine à voyager dans le temps. Il y avait consacré toute sa vie, tout son temps libre, ses week-ends, ses vacances. Il avait sacrifié ses amis, sa famille, sa femme à la mise au point de cette machine. Mais le résultat était là. Il avait enfin fini ce long projet. Plus de nuits blanches à fignoler, à régler, à vérifier, à visser, à serrer, à souder. Il en venait presque à regretter toutes ces heures passées dessus. Ces heures de travail acharné. Ces heures à en suer.
Alors, pour la dernière fois il fit le tour de sa machine. Il l’inspecta sous tous ses angles. La machine avait un aspect arachnéen. Huit conduites montaient de la cave en traversant le plancher pour s’en aller rejoindre le haut du dispositif. Un liquide bleuâtre et luminescent y circulait, parfois mêlé à d’autres liquides colorés eux aussi. Ils se rejoignaient dans une sorte de coupole fixée à deux mètres cinquante du sol. De nombreuses jauges pendaient, indiquant ici la pression, là la température. Il y avait aussi d’autres indications presque indéchiffrables et il ne put s’empêcher de sourire en les parcourant des yeux. Il avait lui-même inventé tout un système de mesure et en tirait une certaine fierté ; à moins que ce fût simplement de l’orgueil. Les deux conduites du fond n’étaient qu’un entremêlement de câbles en tout genre. De temps à autre, des arcs électriques remontaient les deux colonnes en crépitant. Il s’était habitué au bruit et aux lumières dansantes. Il retourna à son bureau et revérifia ses calculs ; amas de feuilles, sans ordre apparent. Mais il aimait travailler dans un tel bazar. Il sortit de sa maison et jeta une dernière fois un regard presque triste sur le paysage désert devant lui. Il l’avait construit au milieu de nulle part. Il n’avait pas de voisins et personne n’était jamais venu le déranger. Peut-être que sa maison avait-elle été vue par quelques randonneurs mais jamais personne n’était venu frapper à sa porte. Les générateurs de la machine, accolés au flanc nord de la maison, faisaient entendre leur bourdonnement, et il ne put s’empêcher d’y jeter un œil. Il savait qu’aucun retour ne serait possible. La machine était un aller simple. Pas de retour possible. Il voyagerait dans le temps mais sa machine, elle, resterait dans le présent. Il l’acceptait. Il avait toujours voulu vivre à une autre époque et son rêve allait devenir réalité. Il éprouvait tout de même un petit pincement au cœur sans qu’il pût vraiment dire pourquoi.
Fermant les yeux, il inspira profondément et retourna à sa machine. Il entra les codes de donnée, activa les générateurs, abaissa deux leviers et enfonça trois boutons. Un sifflement se fit entendre. D’abord lointain puis de plus en plus proche. La pression augmenta et il vit tout ce qui l’entourait devenir plus pâle et se tordre, puis il se sentit aspirer dans un flash blanc tellement fort qu’il dut fermer les yeux.
Quand il les rouvre, il sent une douleur aigüe dans sa gorge. Il est à la fois surpris et horrifié de sentir la pointe d’une flèche traverser son cou et il perçoit peu à peu toutes ses forces l’abandonner. Il tombe en arrière et meurt avant d’avoir touché le sol, non sans un dernier sourire. Il a réussi, il a voyagé dans le temps.
Épilogue :
L’énergie fournie pour alimenter la machine se libéra d’un coup quand il eut fini d’appuyer sur le dernier bouton. Des milliers de mégawatts affluèrent dans les câbles. Le liquide bleuâtre se mit à bouillir et à couler de plus en plus vite. La pièce s’éclaira dans un immense flash blanc. Soudain le calme complet. Le noir total. Pendant quelques secondes un silence absolu. Et les aiguilles s’affolèrent. Les cadrans explosèrent. Les câbles se mirent à serpenter au grès des arcs électriques devenus soudain beaucoup plus nombreux. Les tuyaux du liquide se fendirent déversant des litres de leurs substances. Un sifflement vint des générateurs, d’abord faible puis de plus en plus fort. Il atteignit bientôt un niveau sonore tel que les gens l’entendissent à trente kilomètres de là. Et tout explosa. Une immense boule d’énergie à l’état pur. Tout disparut dans une immense sphère de flamme, d’électricité et d’énergie. Et puis plus rien. Un cratère de cent mètres de diamètre. Rien de plus.