" A propos du paradoxe de Fermi" d’Alain Kotsov – 2001.

Nouvelles & Extraits

Article publié le mardi 1er janvier 2008 par Cyrallen

Voici une nouvelle d’Alain Kotsov, auteur amateur.

D’autres textes sont lisibles en totalité sur son site : http://baykus.a2co.org/m2.htm

" A propos du paradoxe de Fermi" d’Alain Kotsov – 2001.

I – HOLOCAUSTE

Le soleil se couchait dans un ciel rougeâtre et brumeux, un crépuscule magnifique mais très banal à la fin du Trias. La falaise sur laquelle nichaient les ptérophores, où l’érosion avait creusé de longs plis verticaux, avait l’aspect du rideau cramoisi d’un théâtre, quand les dernières chandelles s’éteignent et que les trois coups sont sur le point de retentir. Les ptérophores, qui de leur vol majestueux regagnaient leurs nids creusés dans le mur rocheux, n’imaginaient pas que la pièce qui allait se jouer ce soir là serait la dernière dont ils seraient les acteurs. Comment l’auraient-ils pu ? Bien que dotés d’une intelligence très supérieure à celle des autres animaux qui peuplaient alors la Terre, dinosaures de toutes tailles et de toutes formes qui n’avaient en commun qu’une masse cervicale ridiculement faible comparée à celle de leurs corps, ces grands reptiles ailés avaient atteint un stade d’évolution de la pensée qui n’égalait pas celui des oiseaux les plus primitifs.

Une demi-heure après le coucher du soleil, les drones s’abattirent ; une vingtaine de boules lumineuses, vertes et rouges, après avoir zébré le ciel comme autant d’étoiles filantes qui auraient connu à l’avance leur point de chute, convergèrent pour se retrouver ensemble en un lieu situé à quelque distance de la paroi où elles se maintinrent en suspension, une vingtaine de mètres au-dessus du sol, afin de concerter un plan d’attaque. Cette agitation nocturne n’effraya pas outre mesure ses nombreux spectateurs. Les dinosaures, comme les ptérophores, étaient habitués à la présence de ces machines qui les observaient en permanence. Ils ne manifestaient envers elles ni attirance ni peur ; elles faisaient partie de la nature. Quel sens aurait eu pour eux le fait que ces aéronefs sans pilote, bien que construits avec des matériaux terrestres, aient été conçus par une intelligence dont l’habitat était situé à un millier d’années lumière du leur ?

Après une brève conversation silencieuse, faite d’échanges lumineux, les drones fondirent sur la falaise. Ils en explorèrent une à une les niches où les ptérophores venaient de s’installer pour y passer la nuit. Avec un apparent cynisme où n’entrait pas la moindre part de cruauté, ils anéantirent, de leurs rayons mortels, toute leur population. Ils entraient dans les nids, en quelques nanosecondes repéraient les animaux et les œufs, les foudroyaient ; et l’instant d’après, quand la niche ne contenait plus que des amas de poussière incandescente en lieu des êtres qui l’habitaient, passaient à la suivante. Certains ptérophores, pas encore endormis, avaient juste le temps, au moment où le nid s’illuminait, de pousser un petit cri. Ce fut la seule résistance qu’ils opposèrent. Sur toutes les falaises de la région, d’autres machines avaient accompli la même besogne. En moins d’une minute l’espèce des ptérophores avait disparu à jamais de la surface de la Terre.

II – SI…

Un être humain qui eut assisté à ce massacre aurait d’abord été partagé entre la colère et le dégoût. Que les hommes tuent pour manger, pour le plaisir de chasser, pour se débarrasser des animaux nuisibles, et même pour faire de la mort un spectacle, il y a toujours une raison, bonne ou mauvaise. Cette hécatombe avait toutes les apparences de l’acte gratuit ; en quoi ces grands reptiles ailés pouvaient-ils déranger qui que ce fut ? Et pourtant, cet homo sapiens, pour peu qu’il mérita son adjectif latin, aurait vite déduit que c’est à ce massacre qu’il devait son existence, son objectif étant que 100 millions d’années après l’époque où l’Homme ne serait donc pas apparu, la Terre ne fut peuplée par une vie intelligente d’une forme très différente.

Sans cette intervention brutale, le monde aurait alors été dominé par des entités dotées d’une tête d’oiseau et d’un corps semblable à celui de ces grands rongeurs d’Amérique du sud que l’on nomme cabiais, se déplaçant à quatre pattes en sautillant et communiquant entre eux par de petits couinements comme en émettent les souris. De la taille d’un gros chien et recouverts d’une peau glabre de couleur brique, ils nous seraient apparus comme des chimères, ces hybrides fantastiques qui peuplaient l’imaginaire du monde antique, ou plus prosaïquement, comme le délire d’un dessinateur de bandes dessinées. De leurs trois doigts situés à l’extrémité de leur long bec ils auraient façonné des outils, produit des œuvres d’art, fabriqué des objets utiles. Ils auraient inventé l’amour, la guerre, l’industrie, le jeu, la vie en société, la politique, l’argent ; le meilleur et le pire, comme nous !

Dans ce monde dépourvu d’humains une autre espèce aurait dominé la planète. Le jour de leur premier pas sur la lune, 102 495 623 ans et 249 jours après celui que l’homme n’a pas accompli, la population des aptères compte moins d’un milliard d’habitants. La grande majorité est concentrée dans les régions tempérées, où sont cultivées les graines dont ils se nourrissent. Vue du cosmos, la Terre est, à l’évidence, habitée par une vie intelligente ; les terres émergées sont barrées de deux bandes horizontales entre les tropiques et les pôles, bordées d’un coté par la taïga et de l’autre par le désert ou la forêt équatoriale. On peut en avoir une idée en regardant une photographie par satellite du Middle West américain ou des champs de blé d’Ukraine. La monoculture intensive est un des indices les plus visibles de la présence d’une civilisation pour un observateur lointain ; avant les villes et les routes. C’est particulièrement vrai pour les aptères qui habitent dans des terriers bétonnés et se déplacent peu. Les voies de communication sont essentiellement souterraines, héritage des réseaux de galeries qui reliaient les gîtes des proches ancêtres. Les aptères, dont les yeux frontaux aux pupilles allongées leur permettent de voir dans l’obscurité, ne dépensent pratiquement pas d’énergie pour s’éclairer. Ils en usent d’ailleurs très peu car ils sont très tôt passé maître dans l’utilisation des bêtes de somme pour assurer le transport de nourriture et de marchandises. Un génie qui, paradoxalement, a été un frein à leur développement ; entre la première trace de société organisée et les débuts de l’industrie se sont écoulées plus de cinq millions d’années. Contrairement à l’Homme qui aurait dû, pour survivre dans un environnement très hostile, faire continuellement travailler son cerveau et, par conséquent, le faire évoluer, les premiers aptères civilisés vivaient dans un confort relatif. Protégés des prédateurs par des animaux domestiques dressés pour les défendre et ne dépendant pas du hasard de la chasse, ils ont évolué très lentement.

À ce jour, leur accomplissement le plus remarquable est dans le domaine de l’agriculture. Ils ont mis en valeur chaque once de terrain cultivé par un système d’assolement et d’irrigation extrêmement performant en liaison avec un mode de répartition des richesses très égalitaire, lointain héritage d’un instinct solidaire, qui les met à l’abri de la famine ; d’ailleurs, dans leurs différents langages, ce mot est à présent ignoré.

Pourtant, au cours de leur histoire, ils ont connu des crises. D’un naturel peu agressif, ils ont vécu en bonne intelligence lorsque les conditions climatiques leur permettaient d’assurer leur subsistance. Mais quand, onze mille ans avant cette date où ils mirent le pied sur la lune, intervint une période de glaciation qui ruina les cultures situées trop près des pôles, une animosité s’instaura entre les riches et les pauvres, qui se transforma peu à peu en guerre. Les uns, pour protéger leurs cultures des pillages, durent constituer des armées et des polices, et les autres, pour survivre, n’eurent d’autre solution que d’inventer des armes pour combattre la police et l’armée. Ces armes n’atteignirent jamais la perfection que l’être humain a su leur donner. Ce n’était que des outils tranchants maladroitement manipulés de leurs trois appendices buccaux par des êtres de nature pacifique que la famine et la haine avaient transformés d’un coup en créatures sanguinaires. La technologie guerrière atteignit son point culminant avec des espèces de propulseurs qui pouvaient projeter des lames coupantes sur les ennemis, rien de plus. Si le bilan de ces guerres primitives ne fut pas très élevé en terme de morts et de blessés, le massacre n’en fut que plus horrible. Il n’y eut pas de champs de bataille jonchés de cadavres, de tranchées, d’explosions meurtrières et incessantes qui sont le décor des conflits humains. Mais la simple vue du sang, versé par des congénères, était pour ces placides créatures, un traumatisme insoutenable.

La guerre prit fin lorsque les tribus habitant près des pôles, celles que les changements climatiques avaient réduites à la famine, s’unirent autour de chefs charismatiques dans le but d’être mieux organisés pour mener leurs attaques. Cette unité politique leur permit surtout de pouvoir dialoguer avec leurs ennemis et, dès que les premiers pourparlers furent engagés, l’armistice fut établi, et bientôt la paix. Les riches partagèrent leur nourriture, connurent eux aussi la disette, certains moururent de faim ; mais rien n’était pire que la guerre ! En moins d’un siècle ils perfectionnèrent leur système de culture jusqu’à accéder à l’autosuffisance et les aptères connurent la paix.

A présent la terre est divisée en une multitude d’entités nationales d’importances très variables dont la plus influente est la Confédération des tribus du nord qui couvre le cinquième des terres habitées et où vit le quart de la population mondiale. Ce puissant état collabore de façon très pacifique et tolérante avec les autres nations et c’est en son sein qu’ont été réalisées, depuis quatre siècles, les innovations scientifiques et technologiques qui ont permis entre autres les voyages aériens, la transmission des images par ondes radio, la couverture satellitaire du globe, la conquête spatiale. Une telle société nous semblerait très étrange, avec certains aspects futuristes et d’autres, surtout, vraiment moyenâgeux. Si les aptères ont acquit une parfaite maîtrise de l’agriculture, de l’organisation des transports, de la communication, de la médecine, et sont capables de modifier à leur guise le climat, en revanche ils se déplacent le plus souvent à pied ou à dos de bêtes, parfois en ballon dirigeable, et très rarement en avion. Ils n’en possèdent d’ailleurs qu’une centaine, propulsés par hélices et n’atteignant pas les cinq cents kilomètres à l’heure et qui sont utilisés pour les visites officielles entre chefs d’état. Leur architecture aussi nous paraîtrait infiniment rudimentaire. Point de grandes cités dominées par d’immenses gratte-ciel ; seulement de vagues tumuli d’argile ou de ciment abritant des galeries où est entreposée la nourriture et où l’on se réunit pour des cérémonies sociales ou religieuses. La guerre, qui est un puissant moteur du progrès humain, n’a pas été aussi constante et omniprésente dans l’histoire des aptères. Ils connaissent les explosifs et sont en passe de découvrir l’énergie nucléaire, mais jamais l’idée d’utiliser ces forces à des fins de destruction ne leur est venue à l’esprit.

Ils pratiquent une religion essentiellement monothéiste, très peu dogmatique et très tolérante qui est plus un hommage rendu à la création et à la nature qu’une profession de foi en rapport avec le bien et le mal. Si les rites sont différents d’une culture à l’autre, il leur semblerait absurde de livrer bataille pour imposer une quelconque croyance.

En jugeant selon nos critères moraux, force est de reconnaître que les êtres qui ont offert un berceau à l’Homme ont commis une mauvaise action en ne permettant pas le développement de ces créatures autrement moins belliqueuses que sont les aptères.

Les ptérophores, qui auraient été leurs ancêtres étaient, au temps de leur règne sur terre, les animaux les plus évolués de la création. Cousins des ptérodactyles, mais disposant d’un cerveau bien plus volumineux, ils avaient développé une structure sociale qui devait les conduire à l’intelligence. Si les acteurs de leur disparition s’étaient contentés de leur ôter la vie et n’avaient poussé le zèle jusqu’à faire disparaître toute trace de cette espèce, des indices et des fossiles auraient témoigné de leur courte existence. Parmi les créatures fantastiques, et pourtant bien réelles, qui peuplent le bestiaire des animaux préhistoriques, ils auraient occupé une place prépondérante due à leur physiologie très particulière ainsi qu’à leur mode de vie grégaire. Ils auraient passionné les savants ; une branche de la paléontologie leur aurait été consacrée et les reconstitutions des paysages du lointain passé qu’on voit dans les musées et qui fascinent les enfants auraient montré, planant au-dessus des diplodocus et des tyrannosaures, ces grands albatros au long bec recourbé.

Mais le plan très élaboré de l’anéantissement des ptérophores incluait aussi leur disparition dans la connaissance de l’espèce qui devait les remplacer. Outre la suppression de tous les individus vivants on avait procédé à la destruction de tous les fossiles et de tous les indices de leur présence. Aucun être humain ne devait jamais soupçonner que ces animaux avaient existé. Car l’étude de leurs fossiles par des paléontologues, lorsque les sciences de la vie auraient atteint un niveau qui leur permettrait de reconstituer avec une grande exactitude le cheminement de l’évolution ; et d’expliquer certains mystères comme celui de la fin des dinosaures, aurait mis en évidence une intervention extérieure. Et l’Homme devait croire que sa présence sur la terre n’était due qu’à une succession d’événements fortuits ou, à défaut, à la volonté divine. Et ne jamais imaginer le scénario alternatif qu’avaient prévu le hasard et la nature :

Les ptérophores, qui hantent de leur vol majestueux les sublimes paysages de la fin du Trias, vivent à l’intérieur d’une aire restreinte où poussent les végétaux dont ils se nourrissent, et qui occupe une partie de l’actuelle Californie et de l’Arizona. Recouverts d’un embryon de duvet d’une couleur allant du brun ocre au rouge vif, ils ressemblent à de grands oiseaux placides, constamment en quête de graines et de fruits, pour eux-mêmes ou leurs petits. Au cours du Jurassique, ils se répandent sur toute la planète et leur régime alimentaire se diversifie. Lorsque les dinosaures s’éteignent, ils se retrouvent en concurrence directe avec des petites musaraignes, les premiers mammifères ; et les derniers ! Ces petites souris disparaissent en moins d’un million d’années, dépossédées de leur pitance par des êtres beaucoup mieux adaptés. Un rejeton de l’arbre de la vie, comme beaucoup d’autres avant lui, cesse de croître, et la branche qui subsiste se fortifie. Les ptérophores deviennent les maîtres du monde. De nombreuses espèces apparaissent et colonisent les terres et les océans. Parmi elles, il en est une qui possède, dans ses gènes, la promesse d’une évolution vers l’intelligence. Leur habitat est une grande île exempte de prédateurs carnassiers. Ils abandonnent les arbres et les falaises où ils nichaient et vivent à même le sol. Leurs ailes se transforment progressivement en pattes et, à l’extrémité de leur long bec apparaît une excroissance molle dont le rôle est d’abord de fouir la terre pour y déterrer les graines, mais qui devient, au cours des millénaires, un organe de préhension, semblable à la trompe des éléphants. La tectonique des plaques conduit l’île à dériver vers le continent et, lorsqu’ils ne sont plus protégés par le rempart liquide, les occupants de l’île sont de nouveau confrontés aux prédateurs volants. Ils sont contraints de creuser des terriers et d’élaborer un système de communication pour se prévenir des attaques, comme font les chiens de prairie pour échapper aux buzzards et aux coyotes. À cette époque, ils ne sont guères plus intelligents que ces petits rongeurs d’Amérique mais, après quelques millions d’années, ce mode de communication va devenir un véritable langage ; et, dans le même temps, l’appendice qui prolonge leur bec se séparera en trois segments, ressemblant aux tentacules des pieuvres, et tiendra le rôle de la main chez l’Homme, l’instrument de l’intelligence.

Il peut sembler étonnant qu’avec un organe si sommaire, ils aient pu acquérir une dextérité suffisante pour construire des fusées interplanétaires. Mais ces êtres fonctionnent comme des oiseaux, non comme des humains ; et si l’on s’affranchit d’un anthropomorphisme qui brouille notre regard, il suffit d’examiner les nids suspendus que fabriquent les tisserands en Afrique australe, véritables œuvres d’architecte, construites au moyen d’un bec et avec quelques brins d’herbe, pour imaginer ce que peuvent réaliser des créatures semblables après plusieurs millions d’années d’évolution.

III - POURQUOI ?

L’intelligence extra-terrestre qui était intervenue si brusquement dans le plan de la vie sur terre obéissait à de réelles motivations ; qui nous dépassent. Si elle a favorisé l’espèce humaine plutôt que celle des aptères, ce n’est pas par préférence. Peu lui choyait que les maîtres du monde fussent des bipèdes ou des oiseaux à quatre pattes. Si elle choisit les premiers, c’est uniquement en raison du temps qui serait nécessaire à l’une et l’autre espèce pour parvenir à la civilisation. Les conditions sur terre étaient favorables à l’éclosion d’une société constituée de créatures ADN de classe 5, comme les humains. Les aptères, entités ADN de classe 2, auraient pu accéder au même niveau d’intelligence, mais cent millions d’années plus tard. C’est cette différence dans le temps nécessaire aux uns et aux autres pour parvenir à régner sur la terre qui donna à l’homme ce coup de pouce, accordé par des êtres qui fonctionnent avec un système biologique très différent, où le codage génétique est assuré par des interactions électriques entre de longues chaînes de molécules où le fer tient un grand rôle.

Pourquoi ont-ils accéléré l’apparition d’une vie intelligente ? Tout simplement parce qu’ils obéissaient à une pulsion que connaît toute forme de vie ayant atteint ce niveau technologique. Et que l’homme ne comprendra que lorsqu’il sera arrivé au même stade ; le désir maternel de donner la vie à une civilisation !

IV - COMMENT ?

Les machines qui évoluaient parmi les dinosaures à la fin du trias n’étaient pas des engins spatiaux qui auraient accompli un voyage d’un millénaire, à une vitesse proche de celle de la lumière, pour effectuer une mission précisément définie. On s’imagine que la conquête spatiale nécessite des véhicules transportant des hommes, voire des robots. C’est là le rêve d’une culture à peine âgée de quelques millénaires. Pour explorer un monde lointain et influer sur son destin, point n’est besoin d’y exporter de la matière. Il suffit d’y envoyer ces deux éléments dont dispose à profusion une civilisation avancée : l’énergie et l’intelligence. Il y a deux cent cinquante millions d’années, à mille années lumière de la terre, des êtres vivants ont dirigé vers une région du cosmos où ils avaient décelé des conditions favorables à la vie, un flux de particules dont la nature nous est encore inconnue. Après un voyage de dix siècles, l’intelligence fit pour la première fois son apparition sur notre planète ; avec l’industrie. Des machines d’une formidable complexité furent construites, explorèrent le terrain, étudièrent les créatures, et élaborèrent le plan qui devait accélérer celui qu’avait prévu la nature.

Le contact était établi entre la terre et une étoile lointaine, située pourtant dans la même région de la galaxie. Mais il fonctionnait à sens unique. Des rapports étaient constamment adressés par les machines à leurs concepteurs. Ils mettaient mille ans à leur parvenir. Et ne provoquaient pas de réponse ; sinon celle de continuer. Le plan était si parfaitement élaboré qu’il ne nécessitait aucune modification.

Pourquoi ne trouve-t-on aujourd’hui aucune trace de cette technologie qui était si familière à nos lointains ancêtres ? Pourquoi ces fabuleuses machines qui détruisirent les ptérophores et qui accompagnèrent dans leur évolution tous les animaux de la création jusqu’aux hommes de cro-magnon ont-elles disparu à notre regard ? D’ailleurs, ont-elles vraiment disparu ? …

V – PARADOXE

Depuis qu’il sait que les corps célestes qui illuminent ses nuits ne sont ni des trous percés dans un grand tissu noir, ni des chandelles allumées par les dieux, l’Homme se pose la question de l’existence dans ces mondes d’êtres qui lui ressembleraient. Lorsque l’esprit scientifique n’était pas là pour brider l’imagination des écrivains, les réponses à cette question étaient soit des répliques exactes d’êtres humains, comme Micromégas ou les Lilliputiens, soit des créations fantasmagoriques, souvent zoo anthropomorphes, et presque toujours terrifiantes. Quand ces créatures cessèrent de n’être que des supports à la philosophie ou à la superstition, et que la question fut accaparée par les scientifiques ; quand deux termes apparemment antonymiques furent accolés pour former celui de science-fiction, on commença d’étudier le problème de façon sérieuse et des dizaines de théories virent le jour au sujet de nos lointains compagnons. Très diverses, car c’est un domaine d’études où l’on ne dispose que d’un seul échantillon solide : la vie sur notre planète. On ne peut donc établir de raisonnement qu’à partir d’hypothèses et d’extrapolations.

La plus célèbre contribution de la science à la question de l’existence de civilisations extra-terrestres est la formule de Drake. Elle ne fait pas appel à des notions mathématiques compliquées, mais se résume, en gros, à une simple multiplication de facteurs dont le premier est le taux de formation par année d’étoiles semblables à notre soleil. La science moderne nous permet d’en avoir une idée car nous connaissons le nombre d’étoiles de la galaxie, et comprenons de mieux en mieux le processus qui conduit à leur naissance. Les termes suivants, qui représentent les pourcentages de systèmes planétaires, de planètes favorables à la vie parmi ces systèmes, de vies apparues sur ces planètes etc… doivent donner en finale le nombre de civilisations technologiques apparues dans la voie lactée. Les valeurs que leur attribuent les savants sont très différentes et dépendent davantage de leur intime conviction que de considérations objectives. Le dernier facteur, enfin, est la durée moyenne de survie de ces civilisations. Et c’est sans doute le plus difficile à déterminer ; et celui dont l’évocation est la plus angoissante, car il nous confronte à l’idée de notre éventuelle disparition.

L’idée la plus communément admise par les scientifiques est que la vie est un phénomène banal. Deux raisons les poussent à penser ainsi. La première, très logique, est que la vie, dans le seul exemple que nous connaissons, est apparue très vite, quelques centaines de millions d’années, après la formation de la terre. En effet, dès que celle-ci est devenue habitable, les premières bactéries virent le jour. Si la vie était le résultat d’une multitude de facteurs très improbables, pourquoi aurait-elle gagné au premier coup ? ou bien elle aurait bénéficié d’une chance exceptionnelle. La deuxième raison de croire que nous ne sommes qu’un exemple courant d’un phénomène très répandu est la persécution dont ont été l’objet dans l’histoire tous les savants qui professaient des théories dans lesquelles l’homme et la terre n’étaient pas le centre de l’univers. Théories qui se sont toujours révélées vraies et devant lesquelles l’obscurantisme de l’église a constamment dû battre en retraite. La science du 21e siècle a vengé Copernic et Galilée mais ces combats ont laissé des traces qui subsistent encore dans l’esprit des chercheurs.

Voilà pourquoi l’intuition et la réflexion nous incitent à croire que « nous ne sommes pas seuls ». Mais si l’on prend cette assertion comme base de notre raisonnement, on se heurte à un paradoxe, qui fut mis en évidence par le célèbre physicien Fermi : s’il est vrai qu’il existe au moins une société dans la galaxie qui a atteint notre degré d’évolution, il est extrêmement improbable qu’elle soit la seule ou qu’il n’y en existe qu’une dizaine. Autour des 400 milliards de soleils, la vie doit foisonner. Et quand bien même cette vie serait un phénomène rarissime, il est presque impossible que ce soit sur la terre qu’elle ait vu le jour pour la première fois. Depuis le big bang, elle aurait eu tant d’occasions d’éclore sur une autre planète. Et certainement depuis plus d’un million d’années, période très courte comparée à l’âge de l’univers.

En résumé, si l’Homme n’a pas reçu la vie du doigt de Dieu comme le montre la sublime fresque peinte par Michel Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine, il est né dans une galaxie déjà peuplée par une multitude de créatures intelligentes ; et qui avaient sur lui une avance de plusieurs millions d’années. En conséquence, les inventions les plus récentes que nous avons faites, telles l’énergie nucléaire ou la télévision, leur semblaient bien plus primaires que pour nous la maîtrise du feu. Ils avaient réalisé tout ce que nous avons fait, tout ce que nous croyons possible, et surtout, quantité de choses que nous ne pouvons imaginer. Le voyage vers les autres étoiles, dont nous commençons seulement à rêver, était pour eux chose courante. Ils avaient colonisé leur système planétaire, ce que nous sommes en passe de faire, les étoiles voisines, mais aussi tous les mondes à leur portée, c’est à dire la galaxie tout entière. Et quand bien même ne s’étaient-ils pas déplacés physiquement, du moins avaient-ils arrosé l’univers de messages portés par des ondes radio, ou plus probablement par une technique bien plus efficace dont nous n’avons pas encore idée.

« Pourquoi ne les avons nous jamais rencontrés ? ». C’est la question que pose le paradoxe de Fermi. Et il existe une réponse à cette question : Les hypothèses de départ sont fausses ou le raisonnement comporte des failles. Si c’est le cas, il s’agit de trouver lesquelles.

VI – HYPOTHESES

Beaucoup de solutions ont été proposées, mais aucune n’approche la vérité ! Si l’on excepte la théorie selon laquelle nous serions les seuls êtres vivants et qui, si elle n’est pas très séduisante, est quand même la plus vraisemblable pour expliquer le paradoxe, il en existe une multitude d’autres ; plus ou moins sensées, mais toutes fausses ! Certaines sont très élaborées et reposent sur des modèles mathématiques trop compliqués pour être expliqués au commun des mortels ; mais comme elles sont toutes erronées, il est inutile de les étudier. La vérité est bien plus simple !

D’autres solutions prennent appui sur un autre postulat : l’Homme du 21e siècle possède, inscrit dans ses gènes, le désir d’explorer et de communiquer. Pourquoi en serait-il de même pour « les autres » ? Pourquoi ne se contenteraient-ils pas de vivre en vase clos sur leur planète sans s’intéresser aux autres formes de vie ? Mais si c’était le cas, cela signifierait que nous, les humains, faisons figure d’exceptions avec notre esprit aventureux. Cet esprit qui nous a permis de progresser dans la science et sans lequel nous n’aurions pu accéder à notre actuel niveau de technologie. Les hypothèses fondées sur le repliement sur soi-même des civilisations galactiques sont donc difficilement acceptables. Et il s’avère qu’elles sont fausses ; du moins en partie comme on le verra plus tard.

Il subsiste alors la théorie la plus inquiétante, et qui est le reflet de nos préoccupations actuelles : la technologie conduit immanquablement à l’autodestruction de la civilisation qui l’a mise au point. A l’époque où fut publié le paradoxe de Fermi la technologie militaire avait rendu possible l’anéantissement de toute vie sur terre. Du moins le croyait-on. Et les progrès dans ce domaine n’avaient jamais connu de pause. Au cours de l’histoire une arme destructrice a toujours été supplantée par une autre, encore plus destructrice. Et, de toutes ces inventions destinées à porter la mort, aucune n’est restée dans les cartons. Il est raisonnable de penser qu’une civilisation ayant mis au point les moyens de s’autodétruire les utilise. Et ne puisse subsister que durant quelques millénaires. Cette hypothèse aussi est heureusement fausse.

VII – VERITE

La galaxie abrite aujourd’hui moins d’un millier de civilisations dont la grande majorité ont éclos près du centre de rotation, dans la région où la matière est la plus dense. Et dix fois plus de formes de vie, d’un niveau d’intelligence inférieur au nôtre, mais qui sont appelées à fonder des sociétés technologiques. Parmi toutes ces intelligences, la moitié environ sont « spontanées », c’est à dire sont apparues d’elles-mêmes, et l’autre moitié sont « assistées », autrement dit ont reçu une aide extérieure pour naître. C’est le cas de la nôtre. Et nous avons eu de la chance que nos parrains habitassent si près de nous ; à mille années lumière, quand la distance entre les points les plus éloignés de la Voie lactée est cent fois plus grande…

Les civilisations, à l’instar des créatures d’une même espèce, sont toutes différentes, mais suivent un même programme où s’inscrivent les étapes de leur croissance, enfance, adolescence, vie adulte ; étapes qui, comme chez l’être humain, interviennent à peu près au même âge. Une seule est absente, celle de la mort. Si la mortalité infantile existe, elle est assez rare et toujours accidentelle ; et dès qu’une espèce intelligente a réussi à passer le cap de l’autodestruction, elle poursuit le chemin que lui a tracé la nature et qui la mène, non à l’extinction, mais à une espèce d’évanouissement.

Le stade auquel nous sommes arrivés place l’espèce humaine à une période charnière de son existence. Nous considérons que l’invention du feu et celle de la roue sont des progrès fondamentaux dans notre évolution. C’est vrai pour ce qui nous concerne mais qu’en est-il dans des habitats où les conditions atmosphériques et gravitationnelles sont radicalement différentes ? Si nous adoptons un point de vue universel, celui des savants qui, partout dans la galaxie, se sont penchés sur ce problème, les grandes étapes du processus qui a conduit l’Homme jusqu’à son niveau actuel sont identiques chez les autres espèces évoluées de la galaxie. La conscience sociale, qui existe déjà chez les loups et les criquets, est la première. Mais seul l’être humain a pu franchir les suivantes : fabrication d’outils, embryon de technologie, début de gouvernement mondial, entreprise de colonisation du système solaire. Et il est sur le point d’accéder aux suivantes : la possibilité d’archiver toute la connaissance et la maîtrise du langage universel qui permet de communiquer avec d’autres intelligences. Et bien d’autres vont suivre : l’invention de la machine à synthétiser la matière, le pouvoir de créer de la matière vivante et surtout la faculté de ralentir le progrès. Mais nous n’en sommes pas encore là ! L’évolution n’en est qu’à ses débuts.

Si nous avions la connaissance exacte des stades de la croissance d’une civilisation, le paradoxe de Fermi ne serait plus un paradoxe. Nous voyons le progrès comme un processus linéaire qui conduit inexorablement à l’expansion de la culture et la propagation de la connaissance. C’est la leçon que nous avons apprise de notre courte histoire. Mais qui n’explique pas l’oubli dans lequel nous ont jetés nos lointains parrains, les meurtriers des ptérophores.

L’évolution, dans un environnement très différent du nôtre, leur avait donné l’aspect de grosses limaces qui rampaient sur le sol très lisse d’une planète ayant une gravité cinq fois supérieure à celle de la Terre. Leur mode de reproduction, assez courant dans l’univers était basé sur l’existence de trois sexes : male, femelle et catalyseur. Les accouplements, ou plutôt attriolements, étaient très long et occupaient la moitié de leur existence. Ce qui leur laissait pourtant assez de temps pour s’interroger sur les formes de vie extérieures. Dès qu’ils acquirent une technologie suffisamment avancée, ils envoyèrent vers le soleil le flux d’énergie intelligente qui extermina les ptérophores. Durant trois mille ans ils restèrent en communication avec les machines qui occupaient la terre. Mais les messages qu’ils recevaient de cette lointaine planète ne les intéressaient pas beaucoup. Leur ambition était de trouver ailleurs une civilisation qui soit aussi avancée que la leur, ou davantage. Et ils n’en trouvaient pas ! Ils connaissaient bien avant nous le paradoxe de Fermi. Ils attendirent vainement le contact, jusqu’à comprendre que leur recherche était vaine !

Ils s’étaient affranchis de la matière ! Bien sur, depuis des siècles ils avaient abandonné leur corps fragile de limace pour une enveloppe solide, à l’épreuve des accidents, qui était aussi une machine leur permettant de se déplacer en tous sens. Mais ils venaient juste de découvrir le moyen d’exporter leur vie dans l’espace virtuel ; de ne plus devoir se situer dans l’espace. Et dans le même temps, comme bien d’autres avant eux, ils réalisèrent que leurs tentatives de communication avec les vies extérieures étaient, non seulement inutiles, mais néfastes à l’ordre de l’univers. Ils avaient compris la loi cosmique et savaient qu’ils l’avaient transgressée !

VIII – UNE BOUTEILLE A LA MER

Le 5 septembre 1977, la NASA envoyait vers les étoiles la sonde Voyager I, deux semaines après le lancement de son jumeau Voyager II.

Le numéro donné à chacun des vaisseaux, dans l’ordre inverse de leur départ, tient comte de leur date de sortie du système solaire qui est déterminée par l’attraction des planètes et la position de la terre au moment du lancement. Si l’on reportait les trajectoires respectives sur une ligne droite, on verrait que le numéro 2 fut bien vite « rattrapé » par son frère.

Voyager I est donc le premier engin envoyé par l’Humanité à destination d’une éventuelle civilisation extra-terrestre. Il contient, comme son alter ego, des messages rudimentaires, visuels, tactiles et sonores, dont les concepteurs pensent qu’ils seront très faciles à déchiffrer pour leurs destinataires. Mais il n’arrivera en vue de la première étoile qu’après un voyage de 40000 ans. D’ici-là ne sera-t-il pas rejoint par un astronef humain bien plus perfectionné ?

On a souvent comparé Voyager I à une bouteille jetée à la mer, comme ces flacons que les naufragés solitaires confiaient à l’océan après y avoir enfermé un message. La comparaison n’est pas dénuée d’intérêt. Supposons qu’un tel objet ait été mis à l’eau sur une côte d’Espagne cinq ans avant l’appareillage de la flottille affrétée par la reine Isabelle d’Espagne pour découvrir les Indes par l’ouest. Que la force des courants lui permette de parcourir un kilomètre par jour en direction du nouveau continent. L’équipage de la Santa Maria aurait atteint la bouteille au milieu de l’Atlantique. Mais si le message avait été envoyé un peu plus tôt il aurait pu découvrir l’Amérique avant Christophe Colomb. Il en va de même avec la sonde spatiale, à ceci près que l’océan qu’elle doit traverser est si étendu que nous avons largement le temps d’inventer un véhicule assez rapide qui l’aura rejoint bien avant son échouage. Nous pouvons être certains que, si l’Humanité ne s’autodétruit pas, Voyager n’a aucune chance d’être notre premier ambassadeur.

Mais qu’en est-il des messages radio que nous adressons, volontairement ou non, à nos frères du cosmos ? Et qui voyagent à la vitesse de la lumière ; vitesse que nul objet matériel ne peut théoriquement dépasser.

Les créatures à qui nous devons la vie, qui vivaient, au temps où les dinosaures étaient les maîtres de la terre, à mille années lumière de notre planète ; et qui aujourd’hui n’habitent nulle part, en dehors de l’espace, quand elles eurent réalisé combien étaient nuisibles leurs tentatives de communication avec d’autres civilisations, mirent tout en œuvre pour les interrompre. Pour ce qui concernait la terre, le mal était déjà fait. Les ptérophores n’existaient plus et la venue de l’homo sapiens était déjà inscrite dans les plans de l’évolution. Mais les autres messages qui filaient à 300000 kilomètres par seconde vers tous les endroits de la galaxie continuaient leur course inexorable.

En moins d’un siècle, après avoir mobilisé toute leur intelligence au service de ce but unique, ils inventèrent le moyen de rattraper les flux d’énergie qu’ils avaient envoyés aux quatre coins de la galaxie. Ils avaient atteint l’ultime étape de toute civilisation intelligente : la capacité de voyager dans les couloirs spatio-temporels et de s’affranchir de cette barrière qui nous semble infranchissable : la vitesse de la lumière ! À dix millions de kilomètres par seconde leurs signaux atteignirent bientôt ceux qu’ils avaient émis des siècles auparavant et leur intimèrent l’ordre de stopper leur course.

Comme beaucoup d’autres avant elle, une civilisation avancée disparaissait au regard des autres, avait interrompu le rayonnement qu’elle avait émis à destination de ses frères cosmiques. Comme une lampe électrique dont on tourne le bouton pour l’éteindre.

À l’exception de la Terre, nulle planète habitée par la vie n’avait reçu de signaux en provenance de cet endroit de la galaxie où des limaces intelligentes étaient parvenues à l’ultime étape de leur développement. La proximité du système solaire de celui où avait éclot cette civilisation nous a permit de voir le jour. Mais ceux qui vivaient plus loin, à plus de cinq mille années lumière, distance maximale atteinte par les messages, ne bénéficièrent pas de ce coup de pouce ; et tout se passa chez eux selon les règles de la nature. À moins bien sur, qu’ils n’aient reçu une aide venue d’ailleurs !

Après l’implosion subite de cette civilisation, les robots qu’elle avait construits sur terre continuèrent leur travail. Ils accompagnèrent pendant des millions d’années tous les animaux de la planète en n’intervenant qu’en cas d’extrême nécessité et toujours d’une manière non violente. En sauvant de l’accident ou de la prédation le dernier porteur d’un gène qui devait se propager, en favorisant le rencontre entre deux individus dont l’accouplement pouvait engendrer une souche porteuse d’avenir. Il ne s’ingérèrent ainsi qu’une dizaine de fois dans le destin de la vie et ne commirent plus jamais le genre de crime qui avait initialisé leur mission.

Lorsque l’évolution accoucha d’un être intelligent et capable de communiquer, ils disparurent subitement du paysage. Ils pouvaient alors influer de façon conséquente sur l’histoire de l’homme sans exercer la moindre action physique, mais simplement en jouant devant lui un spectacle destiné à provoquer sa curiosité, à l’inciter à se poser des questions, en un mot à s’améliorer.

Ils auraient pu, bien sur, faire don à l’Humanité de tout leur savoir. Mais telle n’était pas leur tâche. Il fallait que l’évolution fût lente et progressive. Et que les humains ne prissent jamais conscience de l’aide de leurs tuteurs extra-terrestres. Du moins jusqu’au jour où cette hypothèse s’imposerait à leur esprit !

IX – EPILOGUE

La pièce que nous ont jouée ces fabuleuses machines n’est pas encore terminée et son déroulement nous semblerait dépourvu de toute logique. Mais lorsque des objets étranges apparaissent dans le ciel, évoluent devant nos yeux à des vitesses fantastiques, suivant des trajectoires aberrantes, se montrent ostensiblement avant de disparaître tout à coup. Lorsque des créatures fantasmagoriques, qui nous semblent des visiteurs de l’espace, descendent de leurs vaisseaux pour une courte promenade, semblant fuir le contact des hommes, mais en le provoquant parfois, bien naïfs sont ceux qui essaient de trouver un sens à ces manifestations. Leur logique nous dépasse si on en ignore la cause profonde. Il ne s’agit que de la continuation d’une mission commencée au début de l’ère secondaire.

Une mission qui est bien loin d’être achevée…

FIN

Alain Kotsov – 2001.


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