Le Livre des Crânes

SILVERBERG Robert

Article publié le vendredi 26 février 2010 par Philémont

Quatrième de couverture

Il y a quelque part une planète où personne n’a le droit de dire je. Le héros de cette histoire consomme un jour une drogue qui lui donne accès à son inconscient : il en tire le pouvoir de dire non seulement je, mais nous. Et sa découverte inaugure Le Temps des changements. Le problème n’est pas tant qu’ils soient plusieurs hommes, dans un même corps, mais qu’ils voudraient chacun être le seul à l’occuper. Quand Hamlin est condamné à la réhabilitation, sa personnalité est effacée. A sa place, on installe l’esprit de Macy. On a seulement négligé de dire à Macy qu’il n’est lui-même qu’une personne artificielle. Un Homme programmé. Le pire, c’est d’être télépathe. Capable de lire dans l’esprit des autres. Et d’éprouver non seulement le plaisir d’explorer leurs secrets, mais le vertige de percevoir d’un seul coup l’enchevêtrement de leurs existences. Tel est le destin de David Selig. Curieux de se chercher soi-même et de découvrir tant de personnages. Ils sont quatre, ils ont vingt ans et parcourent l’Amérique à la recherche du monastère de la Fraternité des Crânes. Une sorte de road story. Au bout de la route, ils devront contempler leur propre visage en face. Et y trouver la mort ou l’immortalité. Le Livre des Crânes ne peut leur offrir que le zéro et l’infini.

L’infini, c’est ce que Robert Silverberg (né en 1935) a longtemps cherché ; sa plus ancienne compagne, c’est la mélancolie. Un splendide écrivain, qui en allant jusqu’au bout de sa quête peut respecter les lois de la littérature de genre ou les faire voler en éclats, comme en témoignent les romans parmi les plus grands et les nouvelles ici réunis.

Dying inside, qui fait ici l’objet d’une nouvelle traduction, a précédemment été publié en français sous le titre L’Oreille interne.

L’avis de Philémont

Ils sont quatre étudiants new-yorkais d’une petite vingtaine d’années. Il y a Timothy, le fils à papa dominateur et sûr de lui, Oliver, l’orphelin pauvre qui veut grimper l’échelle de la société à la seule force de son travail, Ned, l’artiste bisexuel qui ne cesse de douter sur sa condition, et Eli, le juif lettré introverti qui découvre dans les archives d’une bibliothèque le Livre des Crânes et qu’il s’empresse de traduire.

« La vie éternelle nous t’offrons. » Telle est en substance le contenu du livre. Mais pour recevoir ce don il faut se rendre dans un monastère perdu dans le désert de l’Arizona. Il faut aussi être quatre car le vieux grimoire précise encore « deux qui trouvent la vie éternelle, deux qui trouvent la mort. » Entre amusement, curiosité, scepticisme et véritable foi, l’attrait de l’immortalité est le plus fort pour les quatre amis qui prennent la route pour traverser les Etats-Unis.

C’est l’occasion pour eux de faire un retour sur eux-mêmes, de nous raconter tour à tour les étapes de leur quête initiatique, de nous livrer leurs réflexions sur l’identité et l’altérité, de dépasser ainsi les différences sociales, religieuses, psychologiques et sexuelles qui les opposent en apparence. Chacun est finalement amené à se regarder dans un miroir et à tenter de définir leur condition d’être humain. C’est sur la vie, cette ligne de temps délimitée par la naissance et par la mort, qu’ils sont amenés à se pencher.

Avec Le Livre des Crânes Robert SILVERBERG nous livre lui une autre oeuvre d’une grande profondeur, comme la plupart de celles qu’il a produit à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Et ce n’est pas parce que la dimension Fantastique du roman reste au second plan que l’amateur de littératures de l’imaginaire doit s’en détourner. Au contraire, les thèmes qui y sont développés sont universels et contribueront à l’épanouissement de tous. Puisque ce n’est pas si commun dans les littératures de genre, il est urgent d’en profiter.


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