
Titre Original
Le rat blanc - Christopher PRIEST (Fugue for a Darkening Island, 1972), traduction de Nathalie GOUYE, Presses de la Cité collection Futrurama n°2, 1976, 192 pages
Genre

Evaluation

Du même auteur
- Futur intérieur
- La fontaine pétrifiante
- Le monde inverti
- Le monde inverti
- Le Livre d’or de la science-fiction
- L’Archipel du Rêve
- Les extrêmes
- La machine à explorer l’espace
- Le glamour
- Les insulaires
- Une femme sans histoires
- Le Prestige
- Notre île sombre
- La Séparation
Liens
Noter ce livre
Statistiques
note obtenue par cet article :




article lu 322 fois
Recherche site
Citation
"Le mouvement Cyberpunk provient d’un univers où le dingue d’informatique et le rocker se rejoignent, d’un bouillon de culture où les tortillements des chaînes génétiques s’imbriquent". STERLING Bruce, préface à "Mozart en verres miroir", le manifeste du mouvement CyberpunkQuatrième de couverture
Dans un futur dangereusement proche, une guerre nucléaire ravage l’Afrique, la famine s’en mêle, des millions de réfugiés noirs déferlent sur l’Europe. Sous ce coup de boutoir, les sociétés industrielles avancées vacillent et perdent leur équilibre. Dans une Angleterre ravagée par la crise, l’Etat et l’Armée se cassent en deux, les Loyalistes affrontent les Nationalistes et, dans les banlieues, les milices blanches se barricadent contre les squatters noirs armés. Ce n’est que la toile de fond. Le sujet du livre, c’est la dégradation d’un homme ordinaire, un tant soit peu médiocre, un tant soit peu névrosé, plongé dans ce chaos. En bouleversant délibérément la chronologie, Christopher Priest nous donne à voir que son personnage fut médiocre dans tous les instants de sa vie. De rares qualités d’écriture font de ce tableau lugubre un livre fascinant.
L’avis de Philémont
Deuxième roman de Christopher PRIEST, Le rat blanc est une anticipation du devenir de la société britannique au regard de l’opinion qui prédominait au début des années 1970 vis-à-vis de l’immigration massive en provenance d’Asie et d’Afrique ; comme aujourd’hui dans d’autres pays, les migrants étaient très mal accueillis et la préoccupation première des anglais était de les renvoyer chez eux au plus vite…
PRIEST imagine qu’une guerre nucléaire ravage l’Afrique et que, la famine aidant, des millions « d’Afrims » tentent de trouver refuge en Europe, et notamment en Angleterre. C’est à tel point que la société britannique est déséquilibrée et très vite en crise ; un gouvernement d’extrême droite est élu et, bientôt, nationalistes et loyalistes s’affrontent dans la rue, avec comme arbitres les milices afrims qui n’ont d’autre choix que de s’imposer par la force.
Sous la plume de Christopher PRIEST ce chaos généralisé est incarné par Alan Whitman, un homme tout ce qu’il y a de moyen, voire médioce. Il nous raconte sa vie, de sa jeunesse à sa quête dans une Angleterre ravagée par la guerre civile. Comme souvent chez l’auteur, le récit n’est pas linéaire ; ici ce sont pas moins de trois époques que PRIEST fait raconter à Whitman ; ce sont grosso modo sa jeunesse, la rencontre avec sa femme, qui correspond au début de la crise, et la recherche de son épouse et de sa fille dans un chaos absolu, laquelle représente la quête évoquée plus haut. Bien entendu les trois récits convergent l’un vers l’autre jusqu’à un final pour le moins tragique.
Car le propos de PRIEST est d’un pessimisme absolu. Il fait payer à la société britannique toutes ses fautes plus (la colonisation) ou moins (l’extrêmisme) anciennes au prix le plus fort, à savoir la dégénérescence lente jusqu’à la disparition pure et simple. En cela, Alan Whitman est un symbole particulièrement percutant.
Oeuvre de jeunesse, Le rat blanc est donc déjà une oeuvre forte. On y décèle les grandes qualités qui caractériseront bientôt l’oeuvre de l’auteur en dépit de quelques maladresses de forme et de ton ici et là. D’ailleurs Christopher PRIEST a récemment réécrit ce roman, ce qui devrait donner lieu à une nouvelle traduction française dans les mois à venir. La seule traduction initiale du titre témoigne que l’exercice est nécessaire.