La fontaine pétrifiante

PRIEST Christopher

Article publié le mercredi 16 mars 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

Dans un cottage isolé dans la campagne anglaise, Peter Sinclair, jeune écrivain désœuvré, cherche à faire le point sur son existence en rédigeant son autobiographie. Mais l’écriture commence à dériver. L’Angleterre autour de lui, plongée dans une lente apocalypse, s’efface peu à peu. Et Peter Sinclair se retrouve en train d’écrire l’histoire d’un autre homme, citoyen d’un monde imaginaire avec sa mer Centrale, sa cité de Jethra et son foisonnement d’îles exotiques — parmi lesquelles la mythique Collago, où la Loterie offre aux heureux gagnants l’accès à l’immortalité… Roman sur l’acte d’écrire, rêverie poétique sur l’eau et la terre, méditation sur la mémoire et la mort, La fontaine pétrifiante, figure centrale du cycle de L’Archipel du Rêve, est l’œuvre la plus ambitieuse de l’auteur du Monde inverti.

Considéré comme l’un des écrivains les plus originaux de la littérature contemporaine, Christopher Priest a reçu le prix de la British Science Fiction Association pour Les extrêmes et le World Fantasy Award pour Le prestige, tous deux parus dans la collection « Lunes d’encre » aux Éditions Denoël.

L’avis de Philémont

A vingt-neuf ans Peter Sinclair est à la croisée des chemins. Il a récemment perdu son père et il vient de perdre son emploi, bientôt suivi de son appartement londonien ; enfin il se sépare subitement et brutalement de sa compagne. Pour se reconstruire il s’isole dans une campagne britannique dans laquelle il ressent un irrépressible besoin d’écrire son autobiographie. Mais l’exercice n’est pas forcément simple pour un néophyte, et c’est progressivement qu’il atteint son objectif, la solution pour Peter Sinclair passant par la fiction dans laquelle il projette sa propre personnalité…

Et bientôt la frontière entre la réalité et la fiction devient de plus en plus floue, les mondes réel et parallèle finissant par se confondre, l’un étant strictement le reflet de l’autre, sans que le protagoniste, et le lecteur avec lui, ne puissent affirmer avec certitude lequel est fantasmé. Comme d’habitude avec Christopher PRIEST, aucune réponse définitive n’est apportée, même la dernière phrase du roman n’étant pas achevée. Seules les hypothèses d’une quête d’identité sont posées par petites touches délicates. Ce faisant, l’auteur aborde également des thèmes éminemment universels (l’immortalité), mais également personnels (l’acte d’écriture).

L’univers imaginé/vécu par Peter Sinclair prend place dans l’Archipel du Rêve, un ensemble d’îles enclavé entre deux continents qui se livrent à une guerre si ancienne que son origine est inconnue. Cette zone géographique se caractérise aussi par sa neutralité dans le conflit, permettant à ses habitants de vivre en dehors des réalités du monde extérieur. C’est d’ailleurs sur l’une de ces îles que Sinclair est invité à recevoir le don d’immortalité, consécutivement à l’achat d’un billet de loterie gagnant. On retrouve plus (L’Archipel du Rêve) ou moins (Le glamour) directement ce lieu singulier dans d’autres oeuvres de l’auteur, le tout formant un cycle éminemment original dans le champ des littératures de l’imaginaire.

A cette originalité s’ajoute une grande force littéraire, que ce soit dans le style de Christopher PRIEST, dans les idées qu’il y développe ou dans la structure de son récit. Si La fontaine pétrifiante est un roman déroutant pour le lecteur qui ne connaît pas l’auteur, il est aussi une oeuvre extrêmement riche, qui restera gravée longtemps dans la mémoire du lecteur et suscitera inévitablement un besoin relecture pour en appréhender tous les innombrables trésors.


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