Une femme sans histoires

PRIEST Christopher

Article publié le vendredi 24 septembre 2010 par Philémont

Quatrième de couverture

Christopher Priest, connu pour son classique de la science-fiction, Le monde inverti, a reçu le prix de la British Science Fiction Association pour Les extrêmes et le World Fantasy Award pour The prestige. Il vit à Hastings avec sa femme et leurs jumeaux. Son dernier ouvrage paru chez Denoël est eXistenZ.

Une femme sans histoires ? Pas si sûr… Car l’écrivaine Alice Stockton habite dans un des nombreux villages du sud de l’Angleterre contaminés par un accident nucléaire français ; le ministère de l’intérieur a saisi son dernier livre, et sa voisine, Eleanor, a été retrouvée assassinée. Alors qu’elle se débat avec son éditeur et des problèmes de santé dus aux radiations, elle rencontre le fils d’Eleanor, Gordon Sinclair, un homme étrange dont elle devient en quelque sorte la proie… Une femme sans histoires nous plonge aux confins du désir et de la peur, dans la frange chère à David Lynch.

L’avis de Philémont

Alice Stockton vit depuis peu dans un petit village du sud de l’Angleterre, pourtant récemment touché par un accident nucléaire. Jeune écrivain, elle a trouvé là un moyen d’oublier son récent divorce et la saisie de son dernier roman par le gouvernement, en dépit des problèmes de santé que posent les radiations. Elle s’est liée d’amitié avec sa voisine, Eleanor, une vieille dame avec laquelle elle s’est trouvée bien des points communs. Mais cette femme est retrouvée assassinée ce qui conduit Alice à faire la connaissance du fils d’Eleanor alors même qu’elle en ignorait jusqu’à l’existence…

Entre faux-semblants et réalités multiples, Une femme sans histoires est un roman représentatif de l’oeuvre de Christopher PRIEST à bien des égards. L’auteur nous raconte la vie et l’histoire de son héroïne de manière hachée, passant du présent au passé sans avertissement, ou d’un personnage à un autre tout en jouant avec leur nom afin de semer le trouble dans l’esprit du lecteur. Ce faisant il aborde des sujets graves et souvent personnels, en l’occurrence les problèmes liés au métier d’écrivain, ou l’engagement contre l’énergie nucléaire.

On sait qu’une telle technique narrative est terriblement efficace dans bien des romans de PRIEST. Mais dans celui-ci elle trouve ses limites avec un final dans lequel le lecteur ne trouvera aucune explication à la multitude de questions qu’il se pose, mais seulement de la confusion. L’auteur donne en effet l’impression de conclure son roman à la hâte en montrant du doigt le coupable idéal, mais en n’expliquant rien, ou si peu… Son propos est ailleurs, certainement dans cette atmosphère sado-masochiste si particulière qui installe définitivement le malaise dans l’esprit du lecteur. C’est à ce niveau que le roman peut être qualifié de lynchien, PRIEST portant un regard sombre et halluciné sur une réalité humaine inquiétante dissimulée derrière une lisse mise en scène sociale.

Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Une femme sans histoires n’est pas un mauvais roman pour autant. La prose de l’auteur est de très bonne facture et tient captif le lecteur dès les premières pages. Le mieux est probablement de prendre cette oeuvre pour ce qu’elle est avant tout, un roman d’ambiance qui préfigure les petits bijoux que PRIEST écrira quelques années plus tard.


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