Armageddon Rag

MARTIN George R.R.

Article publié le mercredi 21 mars 2012 par Philémont

Quatrième de couverture

« Woodstock a été l’aube, Altamont le crépuscule, West Mesa la nuit cauchemardesque. » Célèbre pour avoir été l’impresario d’un des plus grands groupes de rock des années soixante, les Nazgûl, Jamie Lynch est retrouvé assassiné : on l’a ligoté à son bureau et on lui a arraché le cœur. Un meurtre qui en fait remonter un autre à la surface : celui du chanteur du groupe, abattu en plein concert, en 1971, à West Mesa. Deux meurtres non élucidés distants d’une dizaine d’années. Une énigme. Parce que son quatrième roman s’obstine à ne pas dépasser la 37e page, parce qu’il a suivi l’affaire Charles Manson en tant que journaliste, parce qu’il est fasciné par l’histoire et la musique des Nazgûl, l’écrivain Sander Blair décide de mener sa propre enquête et d’en tirer un livre, son De sang-froid. Mais Sander va rapidement se rendre compte que, malgré les apparences, le meurtre de Jamie Lynch n’est pas une nouvelle affaire Sharon Tate. C’est bien plus compliqué. Et bien pire.

Thriller hanté par des visions d’apocalypse plongée dans l’Amérique de l’après-guerre du Viêt-nam sur laquelle plane le fantôme de l’âge d’or du rock, Armageddon Rag est une des réussites majeures de George R.R. Martin…

L’avis de Philémont

Ecrivain en quête d’inspiration, Sandy Blair est missionné par le journal qu’il a créé, avant de s’en faire renvoyer, pour enquêter sur le meurtre de Jamie Lynch, un producteur bien connu du monde du rock. C’est notamment lui qui a lancé les Nazgûl à la fin des années 1960, un groupe de hard rock à l’immense popularité dont le chanteur a été abattu lors d’un concert 10 ans auparavant. Ce meurtre avait d’ailleurs signé la fin d’une époque, celle de la guerre du Vietnam, du flower power, mais aussi des organisations révolutionnaires clandestines. C’est l’occasion pour Sandy de revenir sur son passé et de retrouver ses anciennes connaissances ; avec elles il dresse le bilan de leur jeunesse finissante et de leurs choix de vie, bien souvent à l’opposé de ce pour quoi ils se battaient une décennie auparavant.

En cela Armageddon Rag se veut être bien plus qu’un thriller fantastique. George R. R. MARTIN y projette ses souvenirs de trentenaire (il a 35 ans quand ce roman est publié en 1983) et rend un hommage vibrant à la richesse culturelle de la fin des années soixante, en particulier d’un point de vue musical. La musique est en effet omniprésente tout au long du roman, chaque chapitre mettant en exergue une citation de chansons bien connues de l’époque, le texte lui-même faisant moultes références aux grands noms du rock des années 60 et 70. En fait il n’y a guère que les Nazgûl pour être purement imaginaires ; et eux se veulent un hommage au Seigneur des anneaux, celui-ci n’étant pas si anachronique que cela dans le récit puisque le fandom de TOLKIEN est réellement né au milieu des années soixante aux Etats-Unis et porté par le mouvement hippie qui voyait dans la conscription américaine une représentation de Sauron.

Il y a probablement une part autobiographique dans ce roman. Elle explique à coup sûr la force émotionnelle qui s’en dégage, et sera d’autant plus forte que le lecteur sera sensible à la culture musicale de l’époque décrite. Pour lui ce sera avant tout l’un des plus beaux romans sur le rock qu’il aura l’occasion de lire. Pour les autres ce sera une lecture originale, rythmée, et à l’imaginaire subtil et cohérent. George R. R. MARTIN se joue en effet habilement des codes traditionnels du hard rock et de leur appétence pour les thématiques satanistes. En fait, l’oeuvre pourrait bien faire regretter à bon nombre de lecteurs que l’auteur se soit perdu depuis dans un cycle de Fantasy interminable…


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