La Bataille des Rois (T3 La Glace et le Feu)

MARTIN George R.R.

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le jeudi 28 août 2008

Quatrième de couverture :

Au royaume des Sept Couronnes, rien ne va plus. La mort du roi Robert a clos une longue période d’été, de paix et d’apparente prospérité : le Trésor est au bord de la banqueroute, et trop nombreux sont les candidats prétendument légitimes au Trône de Fer : Stannis et Renly Baratheon le disputent à leur neveu Joffrey, tandis que Robb Stark, proclamé roi du Nord, s’efforce de venger son père naguère condamné à mort et exécuté sous couleur de trahison. Au fin fond de l’Orient, l’unique descendante des anciens rois targaryens médite sa revanche en élevant ses trois dragons… L’hiver vient, qui grouille de forces obscures, de mages et de morts-vivants, d’intrigants sournois prêts à tous les maléfices en vue de fins impénétrables.

Grâce à son pouvoir d’évocation sans égal, George R. R. Martin nous entraîne dans un fabuleux univers de complots, de vengeances et de combats, de poison et de magie. Ses personnages ont la force des plus grandes créations romanesques : une fois le livre refermé, quel lecteur pourra oublier Sansa, la princesse sentimentale qui se découvre le jouet d’intrigues machiavéliques, Arya, sa sœur casse-cou qui se déguise en garçon pour échapper à la mort, ou leur frère Bran, l’étrange infirme à demi loup-garou ?

L’avis de Cyrallen :

La bataille des rois fait le bilan de la situation pour le moins houleuse, et nous fait pénétrer dans l’intimité de chacune des parties, les différents rois reconnus comme légitimes ou non, ainsi que les nouveaux venus, imprévus, qui font ressurgir de vieilles rancunes à un moment de fragilité clé. Les personnages sont toujours aussi prenants (et ambigus, à l’instar du très intéressant Tyrion, dit Le Lutin, dont les réelles motivations restent obscures, malgré le nombre de chapitres qui lui sont consacrés) les menaces toujours plus sombres, et les créatures fantastiques commencent doucement à se mettre de la partie…

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Extraits :

1- Le feu grégeois moussa sournoisement vers la bouche du pot quand Tyrion inclina celui-ci pour y jeter un oeil, mais la pauvreté de la lumière interdisait de distinguer le vert glauque annoncé.
- Épais, remarqua-t-il.
- A cause du froid, messire", explique Hallyne. Ses manières obséquieuses ne démentaient ni ses mains moites ni son teint blafard. De la zibeline soutachait ses robes à rayures écarlate et noires, mais elle avait l’air et plus que l’air mangée aux mites et rapetassée. "En s’échauffant, la substance se fluidifie comme l’huile de lampe." (…)
- L’eau ne peut l’éteindre, à ce qu’on dit.
- C’est exact. Une fois enflammée, la substance brûle inexorablement jusqu’à son propre épuisement. De surcroît, elle imprègne si bien le tissu, le bois, le cuir et même l’acier que ceux-ci s’embrasent également. (…)
- Comment se fait-il qu’il n’imprègne pas aussi l’argile ?
- Oh, mais il le fait ! s’énamoura l’alchimiste. A l’étage au-dessous de celui-ci, nous avons une cave réservée au stockage des pots anciens. Ceux qui datent du roi Aerys. Il avait eu la fantaisie de leur faire donner la forme de fruits. De fruits fort dangereux, à la vérité, seigneur Main, et, hmhm, plus mûrs à présent que jamais, si vous voyez ce que je veux dire. Nous avons eu beau les sceller à la cire avant d’inonder leur resserre, eh bien, malgré cela… Il eût été légitime de les détruire, mais il se fit un tel carnage de nos sagesses durant le sac de Port-Réal que les quelques acolytes qui avaient survécu se montrèrent inférieurs à la tâche."
Tyrion replaça le pot qu’il tenait toujours en compagnie de ses potes. Ils couvraient la table et, quatre par quatre, défilaient en bon ordre vers les ténèbres du souterrain. D’autres tables s’y trouvaient, beaucoup d’autres. "Et ces…, ah oui, ces fameux fruits du feu roi Aerys, on peut encore les utiliser ?
- Oh oui, sans conteste… mais avec prudence, messire, tellement de prudence, toujours. En prenant de l’âge, la substance devient de plus en plus, hmhmhm, frivole, disons. La moindre flamme y met le feu. La moindre étincelle. Trop de chaleur, et les pots s’embrasent de conserve, à l’unanimité. Il est malavisé de les exposer au soleil, fût-ce brièvement. Une fois que le feu s’y met, la substance se dilate avec tant de violence que les pots ne tardent guère à exploser. Et si, d’aventure, on en a déposé d’autres à proximité, ceux-ci sautent à leur tour, de sorte…
- Vous en avez combien, pour l’heure ?
- Sept mille huit cent quarante, m’a dit ce matin même sagesse Munciter. Y inclus, bien entendu, les quatre mille qui datent du roi Aerys.

2- Si vous ne croyez pas dans les dieux…
- …pourquoi m’embarrasser de ce nouveau-là ? coupa Stannis. Je me le suis demandé aussi. Je sais peu de choses des dieux et ne me soucie guère d’eux, mais la prêtresse rouge a des pouvoirs."
Oui, mais des pouvoirs de quelle sorte ? "Cressen avait la sagesse.
- J’ai cru en sa sagesse et en ton astuce, et de quel profit m’ont-elles été, contrebandier ? Les seigneurs de l’orage t’ont envoyé paître. Je me suis adressé à eux en mendiant, et ils m’ont ri au nez. Eh bien, je ne mendierai plus, et l’on ne me rira plus au nez non plus. Le Trône de Fer m’appartient de droit, mais comment faire pour m’en emparer ? Il y a quatre rois dans le royaume, et les trois autres possèdent plus d’hommes et plus d’or que moi. J’ai des bateaux…, et je l’ai, elle. La femme rouge. La moitié de mes chevaliers tremblent même à l’idée de prononcer son nom, sais-tu ? Ne fût-elle capable que de cela, une sorcière qui inspire tant de terreur à des hommes faits ne saurait être dédaignée. Un homme effrayé est un homme battu. Et peut-être peut-elle faire davantage. J’entends en tenter l’épreuve.
"Quand j’étais gosse, je ramassai un vautour blessé et je le soignai jusqu’à ce qu’il se remette. Fière-aile, je l’appelais. Il aimait à se percher sur mon épaule et à voleter à ma suite de pièce en pièce, à manger dans ma main, mais il refusait de prendre son essor. Cent fois je l’emmenai chasser, jamais il ne dépassa la cime des arbres. Robert le surnomma Bat-de-l’aile. Lui possédait un gerfaut, nommé Foudre, qui ne ratait jamais sa cible. Un jour, mon grand-oncle, ser Harbert, me conseilla de tâter d’un autre oiseau ; je me rendais ridicule, dit-il, avec mon fière-aile, et il avait raison." Stannis se détourna de la croisée et des fantômes en suspens sur les flots. "Les Sept ne m’ont jamais rapporté ne fût-ce qu’un moineau. Il est temps que je tâte d’un autre faucon, Davos. D’un faucon rouge."


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