BIOS

L’avis de Rekamecaep

Robert C. Wilson a écrit BIOS en 1999, soit 1 an après Darwinia. Pour autant ce court roman n’a pas connu le même succès dans l’hexagone où il est paru directement au format poche, chez Folio SF.

Au 22e siècle, la Terre est dominée par les Trusts, purs produits d’un capitalisme exacerbé. Dirigés par une caste aristocratique, les Grandes Familles, les Truts ont remplacé les gouvernements et imposent leurs règles à l’ensemble des terriens : esclavage, clonage, contrôle hormonal et programmes d’euthanasie sont autant de facettes de la société terrienne. Dans cet avenir inquiétant, les habitats Kuipers - des habitats artificiels situés sur Mars ou dans l’espace proche de la ceinture d’astéroïdes - sont les derniers refuges de valeurs plus contemporaines : démocratie, libertés d’expression et de culte.

Les tensions qui pourraient intervenir entre ces deux sociétés ne sont pourtant pas le thème du livre. BIOS se déroule principalement sur Isis, une planète distante de quelques années lumières du système solaire et qui a la particularité d’abriter une vie abondante et variée. Isis est pourtant dangereuse car si ancienne que sa biosphère a développé des mécanismes biologiques très élaborés et agressifs, à tel point que la moindre bactérie tue tout organisme terrien en quelques minutes. Dans ces conditions la colonisation n’est pas à l’ordre du jour, mais Isis intéresse néanmoins les Trusts, qui y voient une intarissable pharmacopée à exploiter.

Le roman se concentre principalement sur Zoé Fisher, jeune fille issue d’un groupe clonal spécialement conçu, équipé et entraîné pour résister à l’hostilité d’Isis. Dernière survivante de son programme, décimé par des conflits politiques, nous découvrons Zoé alors qu’elle est sur le point d’être envoyée sur Isis. A son insu un chirurgien rebelle lui a retiré son thymostat - un régulateur hormonal greffé à chaque terrien - la veille de son départ. Zoé va donc expérimenter de nouveaux sentiments et sensations en même temps qu’elle découvrira Isis. Bien qu’elle fasse la part belle à Zoé, la narration du roman s’en écarte de temps en temps pour nous présenter le point de vue de différents personnages présents sur Isis, souvent plus cyniques et réalistes que la jeune exploratrice. Cette alternance est intéressante mais ne permet pas de s’attacher réellement à aucun des personnages, le roman étant très court (moins de 400 pages). La période couverte par le récit est donc fatalement limitée, de l’ordre de quelques semaines, si bien que les évènements se déroulant sur Isis prennent rapidement le pas sur le fond politico-culturel, à mesure que les problèmes se succèdent à la surface.

L’intrigue entourant Isis et ses mystères - dont les Mineurs, seuls organismes intelligents découverts sur la planète - est relativement classique mais bien maîtrisée, si bien qu’après avoir tourné la dernière page, on regrette de quitter déjà cet univers crédible et prometteur.