Le bateau fabuleux (T2 Le Cycle du Fleuve) et la nouvelle "Ainsi meurt toute chair"

FARMER Philip José

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Richard Burton, qui s’était réveillé avec toute l’humanité au bord du Fleuve de l’éternité, voulait percer le mystère des Éthiques.
Et pour cela, il disposait de l’aide de l’un des Éthiques qui semblait avoir trahi son peuple.

Il lui fallait remonter l’immense Fleuve jusqu’à sa source où des rumeurs situaient une tour énorme, siège des Éthiques. Et donc traverser à bord du bateau fabuleux de Sam Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, une multitude de territoires où les humains s’adonnaient à leurs folies habituelles. Généralement meurtrières.
Mais on ne meurt pas durablement sur le monde de l’éternité.
A moins qu’on ait épuisé son quota de vies.

L’avis de Cyrallen :

On retrouve cette fois Sam Clemens, alias Mark Twain, en compagnie du titanthrope Joe Miller, dans un farouche marathon pour la construction du gigantesque bateau à aubes qui pourrait leur permettre de découvrir les sources du Fleuve de l’éternité. Mais les matériaux récupérables à la suite de la chute d’une énorme météorite suscitent la convoitise de toutes les nations alentours, qui ne reculeront devant aucune traîtrise pour conquérir toujours plus de territoire…

La quête du Fleuve se poursuit, le mystérieux Éthique rebelle semble toujours aux aguets, et les douze élus se rassemblent petit à petit. Cette saga continue de captiver, épreuve après épreuve :)

L’avis de Philémont :

Avec Le bateau fabuleux, Philip José Farmer aborde le même thème que dans Le Monde du Fleuve, et s’appuie sur la même technique narrative. Cette fois-ci, la résurrection est personnifiée principalement par Samuel Langhorne Clemens, plus connu sous le pseudonyme de Mark Twain. A l’instar de Richard Burton, il s’agit d’un personnage dont la vie comporte deux facettes : le début est plutôt aventureux et ses personnages romanesques Tom Sawyer et Huckleberry Finn propulsent l’auteur au rang d’humoriste national aux Etats-Unis ; la fin est bien plus douloureuse, se succédant désastre financier, mort de sa femme, puis d’une de ses filles.

Encore une fois, Farmer exploite joliment les deux faces du personnage et, comme Burton, Clemens rencontre de nombreux personnages singuliers, tels Jean-Sans-Terre, Cyrano de Bergerac, Mozart ou Ulysse, avec lesquels il est confronté à un problème prégnant à l’époque de sa vie terrestre : le racisme. Quelques autres personnages sont communs avec ceux croisés dans Le Monde du Fleuve, et le dernier chapitre nous laisse supposer que les quêtes de Burton et de Clemens se rejoindront tôt ou tard…

On peut toutefois regretter le manque de nouveauté par rapport au premier volume du cycle, même si, à la décharge de Farmer, il faut savoir que les deux tomes ont été écrits au même moment, qu’ils ont chacun été publié en deux parties dans des revues américaines, puis dans Galaxie en France (entre 1968 et 1972), et que les éditions Robert Laffont avaient eu la bonne idée de les réunir dans sa collection Ailleurs et Demain Classiques en 1979, sous le titre Le Fleuve de l’éternité.

Nouvelle : Ainsi meurt toute chair

Titre original : - Riverworld -, 1979 Traduction de Charles CANET et Bernard Weigel

L’avis de Philémont :

Ainsi meurt toute chair est une nouvelle publiée pour la première fois en 1966 et remaniée plusieurs fois pour être publiée dans sa forme définitive en 1979, à peu près en même temps que Le labyrinthe magique.

C’est donc plutôt l’ambiance des deux premiers volumes du cycle qu’on y retrouve, lorsque le lecteur n’avait pas encore eu l’ombre d’une réponse au pourquoi et au comment des mystères du Fleuve. On y retrouve le personnage de Tom Mix, déjà rencontré dans Le noir dessein, et sur Terre au début du XXème siècle dans la peau d’un acteur américain très populaire. On y croise également un certain Yeshua qui n’est rien de moins que la réincarnation de Jésus Christ.

Philip José Farmer laisse alors libre cours à son côté provocateur qui, sans apporter quoi que ce soit à l’intrigue globale, n’en est pas moins très agréable à lire.

Extraits :

1- Pour voyager sur le Fleuve, Sam avait besoin de sécurité, confort et - pourquoi le nier - de se sentir en position d’autorité. (…) Il deviendrait le capitaine du plus beau, du plus grand, du plus puissant bateau ayant jamais existé. Et qui plus est, il le piloterait sur un Fleuve à côté duquel le complexe Missouri-Mississippi, le Nil, l’Amazone, le Congo, l’Obi, le fleuve Jaune, mis bout à bout, ressembleraient à un vulgaire ruisseau des monts Ozarks. Son bateau comprendrait six ponts au-dessus de la ligne de flottaison. Ses roues à aubes seraient colossales. Ses cabines luxueuses seraient réservées à des passagers et à un équipage comportant principalement des gens ayant connu la célébrité sur la Terre. Et lui, Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain, en serait le capitaine. Le vaisseau remonterait le Fleuve jusqu’à le région polaire, où une expédition serait organisée pour livrer bataille aux monstres qui avaient créé ce monde et réveillé l’humanité pour la replonger dans ses souffrances, ses désillusions, ses frustrations et ses chagrins. Le voyage prendrait peut-être cent, peut-être deux ou trois cents ans, mais qu’est-ce que cela pouvait faire ? Ce monde avait peu à offrir, à part, précisément, le temps.

2- Normalement, la lâcheté n’aurait pas dû exister dans la vallée. La bravoure aurait dû devenir quelque chose d’universel. Le mort était un phénomène provisoire. Si quelqu’un se faisait tuer, il renaissait quelques heures après. Pourtant, les hommes n’avaient pas changé. Courageux ou téméraires, poltrons ou lâches, ils étaient restés à peu de choses près ce qu’ils étaient sur la Terre. Ils avaient beau savoir, abstraitement, ce qui allait se passer, leurs cellules, leur subconscient, l’ensemble de leurs émotions, bref, tout ce qui constitue la personnalité de chacun, se rebellaient contre l’idée de la mort, fût-elle éphémère.


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