Le Noir Dessein (T3 Le Cycle du Fleuve)

FARMER Philip José

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le mercredi 27 août 2008

Quatrième de couverture :

Le Fleuve de l’Éternité, long de trente-deux millions de kilomètres, serpente à la surface d’une planète spécialement remodelée par les Éthiques pour accueillir quarante milliards d’humains ressuscités.
Toute l’humanité est un extra-terrestre.

Dans quel but ? C’est la question que se posent Sam Clemens, Richard Burton, Jack London et Savinien Cyrano de Bergerac. La clef de l’énigme se trouve-t-elle dans la tour géante entrevue au pôle Nord comme le prétend un "mystérieux inconnu" qui est apparu à certains d’entre eux ?

Avec celle de l’immortalité définitive.

Après un premier échec, nos héros remontent à l’assaut par la voie du Fleuve et par celle des airs, aiguillonnés par la volonté de savoir et le désir d’entraver les projets sinistres de certains des occupants de la tour.

L’avis de Cyrallen :

C’est avec plaisir que l’on retrouve Burton, Cyrano, Frigate et les autres pour une nouvelle étape dans la résolution de l’énigme de ce monde du Fleuve. Les aventures se succèdent dans différentes zones du Fleuve, se focalisant toutes sur les moyens possibles et imaginables d’atteindre la mythique tour située, dit-on, au pôle Nord.

Dans la région de Parolando, l’état pacifiste, après le relatif échec de la construction du bateau à aubes de Sam Clemens, une autre idée visant à fabriquer un immense ballon dirigeable se met en place. Avec à sa tête Firebrass et l’obstinée Jill Gulbirra, ce projet attire par le bouche-à-oreille tous les rescapés du Fleuve sachant piloter, impatients de participer à l’entreprise la plus susceptible de révéler les secrets de la tour du pôle. D’autant plus que le temps presse : les résurrections qui semblaient devoir durer éternellement se sont inexplicablement arrêtées…

Serait-ce la faute des Éthiques, aux desseins obscurs et dont le "mystérieux inconnu" renégat dresse un tableau peu attrayant ? Certains des "élus" touchent au but, ils n’en ont jamais été aussi près. Mais bien des rebondissements les attendent, les Éthiques ainsi que leurs agents infiltrés dans la population ne sont pas près de renoncer à leurs distractions sur ce Monde du Fleuve…

Des éléments importants sont révélés, les motifs des inventeurs de ce monde s’affinent, et nos héros accumulent l’expérience qui leur sera nécessaire pour venir à bout des difficultés qui se dressent sans cesse : même si certains passages sont des rappels des volumes précédents et si d’autres paraissent superflus, on ne regrette pas ces 537 pages de bonheur :)

L’avis de Philémont :

Les personnages des deux premiers volumes évoluent toujours en parallèle mais se rejoignent dans le fil narratif du Noir dessein. Quelques nouveaux se joignent également à l’intrigue, et Philip José Farmer s’étend un peu plus sur certains personnages ayant joué un rôle secondaire dans le début du cycle. C’est tout particulièrement le cas d’un certain Peter Jairus Frigate, dont les initiales ne sont pas sans rappeler celles de l’auteur lui-même.

Et pour cause, Peter Frigate est un romancier du XXème siècle dont la vie, racontée épisodiquement dans le roman, est manifestement inspirée de celle de Farmer. Il y a même un passage où Frigate se met à parler de la définition impossible de la Science Fiction avec Richard Burton. Bref, Le noir dessein a beau être la suite du cycle du Fleuve, il est également un roman autobiographique.

L’intrigue du cycle suit donc son cours, mais elle est également agrémentée de longs passages qui ne la servent pas forcément. On en veut déjà pour indice la taille du roman, deux fois plus épais que les deux premiers volumes. En outre, on peut également regretter un manque de renouvellement de l’histoire dans laquelle les protagonistes tentent, envers et contre tout, de remonter aux sources du Fleuve, seuls les moyens d’y parvenir changeant à chaque roman.

Extraits :

1- Les rêves hantaient le Monde du Fleuve.
Le sommeil, Pandore de la nuit, était encore plus généreux que sur la Terre. Là-bas, c’était : Une chose pour toi, une autre pour ton voisin. Et les lendemain, tout recommençait. Autrement.
Tandis qu’ici, dans la vallée sans fin, le long des berges interminables du Fleuve, il renversait sa hotte au trésor, arrosant tout le monde de ses présents : plaisir et terreur, souvenir et expectation, révélation et mystère.
Des milliards d’êtres s’agitaient, grognaient, gémissaient, riaient, criaient, émergeaient à la réalité puis replongeaient dans leur rêve.
De puissants engins ébranlaient les murs, d’immondes créatures sortaient de leurs trous. Souvent, alors que le moment était venu pour elles de se retirer, elles demeuraient, au contraire, tels des fantômes refusant de disparaître au chant du coq.
Pour une raison inconnue, les rêves revenaient plus fréquemment ici que sur la planète mère. Les acteurs du Théâtre nocturne de l’Absurde insistaient pour donner des représentations à des moments choisis pas eux et non par leurs spectateurs. Le salle ne pouvait ni siffler, ni applaudir, ni lancer des tomates, ni s’en aller au milieu, ni faire des commentaires d’un fauteuil à l’autre, ni somnoler.
Parmi l’assistance captive se trouvait Richard Francis Burton.

2- Si Rider ne ment pas, il existerait une haute tour de métal au milieu de la mer polaire. Et ce serait, de toute évidence, le quartier général, ou tout au moins la base d’opérations, de Ceux qui ont bâti ce monde, nos maîtres occultes.
Je sais que tout cela doit te paraître complètement paranoïaque. On dirait un récit issu de l’imagination fertile d’un auteur de science-fiction. Mais ils étaient presque tous plus ou moins paranoïaques aussi, pour commencer. A part les très rares d’entre eux qui sont devenus riches, ils étaient convaincus que leurs maîtres occultes (enfin, pas tellement) étaient les éditeurs. Et même les riches épluchaient avec méfiance leurs relevés de droits d’auteur. Peut-être que la tour est habitée par une coalition de super-éditeurs. Mais je plaisante, Bob. J’espère.

3- On ne nous avait pas ressuscités pour l’éternité. Nous n’étions que des cobayes dans une gigantesque expérience scientifique et lorsque cette expérience prendrait fin, nous prendrions fin nous aussi. Nous serions condamnés à mourir, pour la dernière fois et définitivement.
- Quelle sorte d’expérience ?
- Disons que c’était un peu plus qu’une expérience. Peut-être une reconstitution historique à l’échelle de l’humanité. Les Éthiques voulaient recueillir toutes les informations possibles dans les domaines historique, social, anthropologique et ainsi de suite. Ils désiraient savoir ce qui se produirait si les époques et les ethnies étaient redistribuées, comment les sociétés humaines se réorganiseraient.
Certains groupes devaient être livrés à eux-mêmes tandis que d’autres seraient soumis à des influences parfois subtiles, parfois plus brutales et directes. Naturellement, un tel programme devait se dérouler sur une longue période de temps, peut-être plusieurs siècles, pendant lesquels l’humanité connaîtrait une immortalité relative. mais ensuite, quand l’expérience n’aurait plus d’intérêt pour eux, hop ! fini ! nous devions retourner à la poussière dont nous étions issus.

4- Ce que vous venez de voir, c’est le wathan, c’est-à-dire la partie de vous-même qui est immortelle. J’ai choisi certains d’entre vous pour m’aider à combattre le mal qu’une partie de mon peuple est en train de commettre. C’est en fonction de vos wathans que vous avez été désignés. Voyez-vous, nous sommes capables de les déchiffrer avec autant de facilité que vous interprétez un livre d’images. Le tempérament de chaque individu se reflète dans son wathan. Peut-être ne devrais-je pas parler de "reflet" car, véritablement, le wathan et le tempérament ne font qu’un. Mais je n’ai pas le temps de rentrer dans ces détails. Ce qu’il faut que vous compreniez bien, c’est que seule une infime fraction de l’humanité atteindra le stade ultime et désirable de wathanité, à moins que les Éthiques n’en décident autrement, en vous accordant un sursis, c’est à dire beaucoup plus de temps.


Réactions sur cet article

  • Le Noir Dessein (T3 Le Cycle du Fleuve)
    12 avril 2008, par Jeudi Noir
    Site à visiter: Jeudi Noir

    Ma foi, je ne suis pas du tout de cet avis.. C’est plutôt rare, mais cette série entière, sauf le premier tome, m’a vraiment déçu…

    http://blog.ifrance.com/jeudinoir/post/548811-le-noir-dessein

    Merci de votre travail, cher "alter ego" !

    Jeudi Noir




 
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