La Machine pour parler avec l’Au-delà (Un exorcisme, rituel trois)

FARMER Philip José

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le jeudi 28 août 2008

Quatrième de couverture :

Au bout de dix années de recherches, un scientifique réussit à mettre au point un ordinateur qui dialogue véritablement avec les morts. Son efficacité est telle que le monde entier se presse devant le portail de la société qui commercialise au prix de l’or les secondes permettant de parler avec les chers disparus. Mais soudain, les gouvernements s’en mêlent car cette machine peut devenir l’outil de référence absolue dans les affaires de meurtres et de disparitions. Puis le pouvoir politique découvre que ses lois n’ont pas été prévues pour une telle révolution…

Que faire ? Détruire cette machine ? Ou bien en encourager la commercialisation et changer toutes les lois afin d’intégrer le témoignage des morts, des héritages non réglés jusqu’aux ’, convocations " pour expliquer les circonstances de leur passage soudain dans l’Au-delà. Sous couvert de roman mi-policier, mi-surnaturel, Farmer examine dans ce roman les conséquences d’une telle découverte sur notre société. Un livre totalement fascinant et impossible à oublier.

Philip-José Farmer est l’un des plus grands écrivains américains. Il s’est imposé dans le monde entier en explorant l’idée de la Résurrection et de ses conséquences directes dans presque tous ses romans.

L’avis de Cyrallen :

Dans "La machine pour parler avec l’Au-delà" de Farmer, troisième opus de sa série sous-titrée "Un exorcisme, rituel trois", on retrouve de façon camouflée le héros détective des deux précédents romans, Harald Childe qui est maintenant nommé Carfax et a complètement changé de métier, passant de détective à professeur d’université.

Le voici confronté de nouveau à des phénomènes extraordinaires mettant en jeu cette fois des revenants. Mais pas n’importe lesquels, comme dans une banale histoire de fantômes. Ici il s’agit de revenants identifiés, avec qui l’on peut communiquer grâce à une machine inventée par le cousin de Carfax (qu’il n’a jamais vu auparavant) : Western.

Seulement voilà, Carfax reste sceptique sur l’origine de ces voix venues de nulle part. Surtout qu’une cousine qu’il n’a pas vu depuis très longtemps débarque chez lui pour le convaincre que la machine n’a pas été réellement inventée par Western, mais par son propre père, assassiné par Western pour lui voler sa découverte et les bénéfices considérables qui vont avec. Car comme dit Western, :
"MEDIUM est la plus grande découverte faite depuis la création du monde » et les foules de tous pays sont prêtes à payer des fortunes pour pouvoir discuter avec leurs chers disparus. Carfax devra mener son enquête une nouvelle fois et découvrir bien plus que ce à quoi il s’attendait en prenant position publiquement en tant que professeur contre Western.

Sa théorie, relatée par les journaux, est simple : UN PROFESSEUR AFFIRME : « ESPRIT ? NON. MONSTRES DE SCIENCE-FICTION ? OUI. »

Ce roman de Farmer, toujours excellent conteur, manie avec dextérité les thèmes des revenants, de la communication avec les morts, des mondes parallèles et de la possession décrypté par les médiums de pacotille, tout en restant dans un registre faisant appel à une technologie poussée.

L’humour est omniprésent avec un cynisme sous-jacent, en particulier lorsque Farmer évoque le comportement des foules, des journalistes de la presse à scandale, des scientifiques… D’ailleurs une des citations placée en début de roman donne le ton :
"C’est une très vieille dame, très riche. Vous ne devinerez jamais à qui elle veut parler : Son mari ? Ses parents ? Jésus ? Non ! Son chien !"

Bref, une lecture palpitante, un scénario plein de rebondissements et un type de fin affectionné par Farmer, avec une chute proprement imprévisible qui est un régale pour les neurones.

A noter que sur le site du Jardin des Livres, la maison d’édition, on trouve les trois premiers chapitres de "la machine à parler avec l’Au-delà" qui donnent le ton et mettent largement l’eau à la bouche. A lire sans hésiter !

Extraits :

1 - C’est une très vieille dame, très riche. Vous ne devinerez jamais à qui elle veut parler : Son mari ? Ses parents ? Jésus ? Non ! Son chien !

2- "MEDIUM est la plus grande découverte faite depuis la création du monde ». - Philip-José Farmer -

3 - Le sénateur demandait d’étendre l’usage de MEDIUM à l’homme de la rue et lui permettre de dialoguer avec ses chers disparus. Jusqu’à présent, on avait réservé aux riches la plus grande découverte faite depuis la création du monde. C’était un scandale !

4- Western brandissait l’immortalité comme une carotte sous les nez des hommes politiques et des milliardaires. Il vendait, en toute légalité, une « assurance immortalité ».

5- « On ne saurait nier que nous sommes en contact avec un autre monde, un autre univers pour être précis », déclare Gordan Carfax, professeur d’histoire à l’université Traybeil de Busiris, Illinois. « Mais, pour expliquer le phénomène, il me paraît inutile d’avoir recours au surnaturel. Le rasoir d’Occam permet… » Le National Questioner avait expliqué ce qu’était « le rasoir d’Occam », car son rédacteur en chef avait supposé, à juste titre d’ailleurs, que ses lecteurs croiraient qu’il s’agissait d’un instrument propre à la coiffure. Le New York Times, de son côté, n’avait pas pris cette peine, laissant son lecteur se reporter au dictionnaire s’il le jugeait nécessaire. Mais le journal avait lui aussi employé le mot « science-fiction » pour qualifier l’hypothèse de Carfax.

6- Au cours de sa conférence, Carfax avait reconnu sa dette envers la science-fiction. Mais, avait-il affirmé, sa théorie ne relevait pas plus de cette branche de la littérature que, disons, la télévision ou la conquête de l’espace. C’étaient des hommes qui avaient créé l’une et mené l’autre à bien, et non des livres et des revues. Et il avait recommandé aux scientifiques d’envisager toutes les hypothèses possibles pour expliquer la nature des êtres avec lesquels MEDIUM était entré en contact.
Parmi toutes ces hypothèses, il en était une, très simple, qui se présentait immédiatement à la raison : les prétendus esprits étaient en réalité les habitants non humains d’un monde situé dans le même espace que le nôtre mais placé perpendiculairement à lui. Pour quelque motif suspect, ces entités se faisaient passer pour des humains décédés. _ Mais ces entités connaissaient parfaitement les personnes qu’elles étaient censées incarner. « Comment expliquer ce savoir ? » avait demandé Western par le truchement d’interviews accordés à la presse. « Ces entités disposaient certainement des moyens pour nous espionner », avait répliqué Carfax par le même truchement. Deux raisons pouvaient justifier leur silence antérieur : ou bien elles n’avaient pas réussi à établir un contact avec nous avant l’invention de MEDIUM, ou bien elles avaient préféré attendre que les humains fassent les premiers pas.

7- Western se tenait au centre de la pièce. A ses côtés, il y avait MEDIUM. Gordon Carfax devait lui rendre cette justice : Western n’avait pas cherché à créer une atmosphère religieuse. Dans la pièce brillante et nue, on ne voyait aucun de ces objets exotiques qui décorent souvent les pièces où les médiums humains tiennent séance. Le cube gris neutre, haut d’un décamètre, la console incurvée, les compteurs lumineux, indicateurs lumineux, écrans, les câbles énormes qui s’enfonçaient dans le sol, tout en MEDIUM respirait la science.


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