La Saga de Hrolf Kraki

ANDERSON Poul

Article publié le lundi 17 décembre 2007 par Cyrallen

Il est l’héritier des ténèbres. Son père est mort dans un odieux complot. Son grand-père a péri de la main même de son propre frère… Il est le fils du pouvoir. Dans ses veines coule le sang des Skjoldung, souverains d’un Danemark impitoyable et sauvage.

Il est Hrolf Kraki, le plus grand prince danois du Haut Moyen Âge, né d’un amour incestueux, en guerre pour accéder au trône. Voici le récit d’une époque où régnait la magie des runes, où les êtres surnaturels marchaient aux côtés des hommes, où l’Histoire s’appelait Destinée et avait pour couleur celle du sang versé.

Poul Anderson (1926-2001) est considéré aux États-Unis comme l’une des figures centrales de l’âge d’or de la science-fiction et de la fantasy. Surtout connu en France pour le cycle de La patrouille du temps, il a reçu sept fois le prix Hugo et trois fois le prix Nebula.

L’avis de Philémont :

Au VIe siècle, alors que la chute de Rome est consommée et que les tribus germaniques errent dans toute l’Europe, le chaos règne dans les pays scandinaves. Les rois passent et trépassent au gré des machinations de leurs rivaux, ceux-ci étant souvent de leur propre sang. Cette situation perdure jusqu’à ce qu’un homme réussisse à unifier la Scandinavie, Hrolf Kraki…

L’histoire de Hrolf Kraki est issue de la tradition nordique. Mais contrairement à d’autres, celles de Sigmund ou de Beowulf par exemples, elle n’avait jamais pris la forme d’un récit en prose structuré, restant cantonnée à divers textes épars, de surcroît pas forcément cohérents entre eux. C’est donc à cet tâche que s’est attelé Poul ANDERSON.

Si Hrolf Kraki vécut au milieu du VIe siècle, c’est au Xe siècle que son histoire est racontée au roi d’Angleterre Aethelstan par Gunnvor, la femme de l’un de ses proches. Ce détail est important puisqu’il permet à l’auteur non pas de faire raconter une réalité historique brute, dont les historiens ne savent d’ailleurs pas grand chose, mais plutôt un mythe où le surnaturel a toute sa place, et où les vides de l’Histoire peuvent être comblés par l’imagination de la narratrice.

Dès lors le lecteur est prêt à être transporté dans une légende d’un autre temps et d’un lieu qu’il ne connaît pas forcément. Car La saga de Hrolf Kraki prend la forme de sept dits que l’on découvre comme si l’on était présent au moment du récit. Deux de ces dits sont relatifs à l’ascendance de Hrolf Kraki, cinq à son entourage. De ce point de vue il est aisé de faire un parallèle avec le cycle arthurien, qui voit le Roi Arthur relativement effacé par rapport à ceux qui l’entourent. Hrolf Kraki, comme Arthur, représentent avant tout une force qui n’a pas besoin de s’exprimer sur un champ de bataille. Pour cela, quand le besoin s’en fait sentir, ses compagnons d’armes sont bel et bien présents.

Avec La saga de Hrolf Kraki, Poul Anderson montre une nouvelle fois qu’il est un amateur éclairé de l’Histoire de l’Europe. Son avant-propos est à ce titre fort édifiant. Il donne également une nouvelle preuve de son grand talent de conteur, grâce à un récit au rythme soutenu qui n’inspire jamais l’ennui. Tout ceci explique probablement que le roman ait obtenu l’August Derleth Award de la British Fantasy Society en 1974.

Il est l’héritier des ténèbres. Son père est mort dans un odieux complot. Son grand-père a péri de la main même de son propre frère… Il est le fils du pouvoir. Dans ses veines coule le sang des Skjoldung, souverains d’un Danemark impitoyable et sauvage.

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