Dominic Flandry T1 : Agent de l’Empire terrien

ANDERSON Poul

Article publié le vendredi 19 mars 2010 par Philémont

Quatrième de couverture

L’Empire terrien régente quatre millions d’étoiles. De lointains descendants de la planète mère y côtoient des milliers d’espèces étrangères au sein des cultures et des sociétés les plus diverses. Or les premiers symptômes de la décadence frappent aujourd’hui ce colosse repu ; dans les palais de Terra où viennent s’entasser les richesses de la Galaxie, le sybaritisme et la corruption le gangrènent déjà. Et d’autres puissances expansionnistes guettent chacun de ses faux pas. Mais les agents de l’Empire veillent encore, qui franchissent les gouffres entre les mondes pour retarder l’échéance de la Longue Nuit. Dominic Flandry est de ceux-là le plus prestigieux. Les plaisirs de l’existence sont trop précieux, les vins trop doux au palais et les femmes trop belles pour qu’il refuse de se dévouer à la survie d’une humanité menacée. Voici les aventures de Dominic Flandry, un grand classique du space opera à redécouvrir, l’œuvre d’un maître de l’âge d’or.

L’avis de Philémont

Du début des années 50 à la fin des années 70, Poul ANDERSON a beaucoup travaillé sur une histoire du futur de l’humanité. Le résultat est un cycle connu aux Etats-Unis sous le nom de Technic History et dont les romans et nouvelles le composant ne sont parvenus en France que de manière éparse. L’argument du cycle est de projeter l’avenir de l’homme dans la conquête spatiale et la constitution d’un Empire composé des multiples mondes habités. C’est en particulier le propos de la première partie du cycle, connue dans son pays d’origine sous le terme de Polesotechnic League, et dont une infinitésimale fraction est arrivée jusqu’à nous sous la dénomination de Marchands interplanétaires. La deuxième partie du cycle est consacrée pour sa part à la décadence de cet Empire terrien, une fois constitué de ses quatre millions de mondes, sa taille étant alors devenue proportionnelle à la corruption de ses élites, et inversement proportionnelle à sa réactivité face à de nouvelles puissances qui se jugent plus à même de contrôler l’immensité galactique. Mais l’Empire terrien est surveillé de près par des agents spécialement entraînés, parmi lesquels Dominic Flandry est le plus prestigieux. Il est le personnage central de la deuxième partie du cycle d’ANDERSON, un peu plus connu en France puisque légèrement plus édité. L’Atalante a en outre entamé en 2005 une édition un peu plus complète, mais non encore achevée à ce jour, qui commence par la réédition du tout premier recueil sur lequel nous nous arrêtons ici.

Le personnage de Dominic Flandry est intelligent, charmant, fringant, casse-cou, infaillible, etc… autant de qualités qui font de lui un héros tout simplement invincible. Mais il est aussi doté d’une vaste collection de défauts, parmi lesquels le machisme et la corruptibilité, la superficialité et l’égoïsme ; il aime d’ailleurs beaucoup les femmes et l’argent pour les plaisirs qu’il peut en retirer personnellement. Flandry est en quelque sorte une caricature d’être humain par le biais d’une personnalité ambigüe faisant appel à des traits de caractère extrêmes. Ainsi, dès sa première mission, il déjoue le projet de conquête des Scothani, férus d’honneur, en leur inculquant l’une des spécialités des Terriens, la manipulation à des fins personnelles (Le tigre par la queue).

Toutes les missions de Dominic Flandry sont d’ailleurs à cette image. Car il est conscient de ses travers et vit parfaitement avec eux. Ils sont ni plus ni moins le reflet de ses origines, l’Humanité étant capable, on le sait, du pire comme du meilleur. Dans son esprit, il ne s’agit pas de préserver l’Empire terrien de la chute, celle-ci étant d’ores et déjà inévitable, et même programmée. En revanche, elle peut être retardée afin de profiter au maximum de tous les plaisirs de la vie, ce que ne manque pas de faire le héros qui aime au moins autant cela que l’Empire. Quelque part il y a parallélisme, à quelques millénaires près, avec la chute de l’Empire romain dont on sait que Poul ANDERSON est un fin connaisseur.

Dominic Flandry a par ailleurs un ennemi attitré, Aycharaych de la planète Chéréion, son alter ego à la solde de l’Empire merséien, le plus dangereux rival de l’Empire terrien. Tout aussi subtil que Flandry, il s’agit d’un extraterrestre également doué de télépathie. On le rencontre dès la troisième aventure de Dominic Flandry (Honorables ennemis), pour le retrouver quasi systématiquement ensuite, à l’exception de la dernière nouvelle du recueil (Le fléau des maîtres).

Toutes ces caractéristiques inscrivent Agent de l’Empire terrien dans la catégorie du Space Opera mâtiné d’espionnage. Chaque récit est une occasion pour découvrir un autre monde et une autre culture ; ceux-ci sont traités le plus sérieusement possible par Poul ANDERSON, en particulier du point de vue de l’histoire, de la géographie et des aspects sociaux et politiques des différentes sociétés rencontrées, ce qui les rend parfaitement crédibles en dépit de l’exotisme physique de leurs habitants. Pour le reste, l’auteur traite ses histoires sur un ton léger et plein d’humour grâce à son personnage central qui aborde malgré tout des sujets plus profonds tels que la vie, la mort ou la religion. En fait, les actes et les paroles de Dominic Flandry doivent tantôt être analysés au premier degré, tantôt au second. C’est à cette seule condition que l’oeuvre d’ANDERSON pourra être comprise et appréciée à sa juste valeur, celle d’un divertissement bien plus subtil qu’il n’y parait de prime abord.

D’un point de vue purement éditorial, signalons qu’Agent de l’Empire terrien réunit sept nouvelles. On regrettera toutefois le déficit d’informations sur ces textes, le recueil ne contenant ni préface, ni présentation des textes, ni même d’informations sur les titres en version originale et leur année de première publication. Le sommaire présenté ci-dessous a donc été reconstitué à partir d’informations collectées sur Internet et dans la bibliographie de Poul ANDERSON établie par Jean-Daniel BREQUE en novembre 2004 pour l’édition au Bélial’ de La patrouille du temps ; on notera qu’une même nouvelle peut avoir été publiée sous différents titres :

- Le Tigre par la queue (Tiger by the Tail, 1951) ;
- Les Guerriers de nulle part (The Ambassadors of Flesh / Warriors From Nowhere, 1954) ;
- Honorables ennemis (Honorable Enemies, 1951) ;
- Pour la gloire (The Game of Glory, 1958) ;
- Les Chasseurs de la caverne du ciel (We Claim These Stars ! / A Handful of Stars / Hunters of the Sky Cave, 1959) ;
- Message secret (A Message in Secret / Mayday Orbit, 1959) ;
- Le Fléau des Maîtres (A Plague of Masters / The Plague of Masters / Earthman, Go Home !, 1960).


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