
Titre Original
Tempête d’une nuit d’été, Poul ANDERSON (A Midsummer Tempest, 1974) Traduction de Patrick MARCEL Illustration de Wojtek SIUDMAK Pocket, collection Science-Fiction n° 5360, juin 1990, 320 pages
Genre

Evaluation

Du même auteur
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- La Saga de Hrolf Kraki
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- Le cycle de la patrouille du Temps
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Quatrième de couverture
Au soir de la bataille, les Côtes-de-Fer sont maîtres du terrain ; il pleut sur les cadavres ; et le prince Rupert est prisonnier de ses ennemis. Comment la vie pourra-t-elle résister à la Mort de Fer ? Le Nouvel Age est en marche ; et Obéron, le roi des elfes, se désole : il n’y aura plus d’espoir au monde, si on laisse l’industrie ronger l’Angleterre. La victoire est en vue pour ces puritains qui haïssent la nature. Et le peuple de Faërie n’a plus sa puissance de jadis. Saura-t-il résister à l’anathème ? A la taverne du Vieux Phénix, les passeurs de mondes se sont réunis. Ils viennent de tous les replis de la réalité. Ils savent que Dieu, créateur des univers, ne s’est pas soucié une seule fois d’en créer un qui soit facile à comprendre. Pourtant cette fois ils sont inquiets. Rupert est un acrobate marchant sur une corde raide au-dessus des enfers. Plusieurs fois déjà, il a repris son équilibre. Va-t-il maintenant basculer ?
Né en 1926, Poul Anderson est l’un des monstres sacrés de la S.F. américaine : il a reçu sept fois le prix Hugo. Il excelle à raconter des aventures merveilleuses dans un climat d’humour, de mélancolie et de violence, comme dans ses sagas irlandaises préférées. Moorcock, l’apôtre du Chaos, doit beaucoup à ce combattant de la Loi.
L’avis de Philémont
Angleterre, 1644. En défendant les intérêts du Roi Charles, le prince Rupert est défait et emprisonné par un Puritain à la solde de Cromwell. Il parvient toutefois à s’échapper et trouve de l’aide dans le peuple de Faërie qui décide d’aider ce Royaliste parce que les Puritains ont d’ores et déjà entamé la révolution industrielle, et que de ce fait leur territoire, c’est-à-dire la nature toute entière, est en train de disparaître. Rupert entame alors une quête dans laquelle il est guidé en faisant halte dans l’auberge du Vieux Phénix, cette taverne dans laquelle une multitude d’univers spatio-temporels se retrouvent…
Second roman des Univers-Livres, Tempête d’une nuit d’été est à la mesure du talent de Poul ANDERSON. Il s’agit d’une Fantasy en apparence légère et pleine d’humour, mais qui s’appuie sur des faits historiques avérés que l’auteur exploite avec érudition et rigueur, ceux de la première guerre civile anglaise. Néanmoins, pour développer son récit, il fait le choix de l’uchronie, en choisissant comme point divergent l’issue de la bataille de Marston Moor. Comme dans la véritable Histoire, celle-ci est perdue par les Royalistes, mais le héros d’ANDERSON est emprisonné, alors que le véritable prince Rupert avait réussit à s’échapper. Dès lors, l’auteur se permet de malmener l’Histoire mais il continue de respecter les enjeux politiques et religieux à l’origine de la guerre. Comme l’explique Jacques GOIMARD en postface du roman, il ne lui fait guère que prendre un raccourci métaphorique, représentant les Puritains comme les garants du progrès technologique, les Royalistes comme les défenseurs de la terre face à la pollution envahissante.
En plus d’être une uchronie, Tempête d’une nuit d’été est un hommage particulièrement intelligent à William SHAKESPEARE. Le titre du roman est déjà la contraction de deux oeuvres du dramaturge : La tempête et Le songe d’une nuit d’été. On trouve aussi dans le récit une multitude de références, certaines étant directes (le Grand Historien de l’univers de Rupert), d’autres indirectes quand Poul ANDERSON reprend la forme des dialogues écrits SHAKESPEARE, ou quand personnages et situations font irrémédiablement penser aux images issues de ces oeuvres majeures du patrimoine mondial de la littérature. C’est la magie de La tempête et du Songe d’une nuit d’été bien sûr, mais aussi celle de Macbeth. Ce sont aussi le héros, noble personnage sur les épaules duquel repose le sort de l’Angleterre, et son fidèle compagnon, issu du peuple, couple représentatif du théâtre élisabéthain. C’est encore l’héroïne, jeune fille aussi pure que forte, qui peut faire penser à Cordélia (Le Roi Lear) ou Ophélie (Hamlet). Ce sont enfin les lieux traversés, qu’il s’agisse de châteaux lugubres (récurrents chez SHAKESPEARE) ou de vastes forêts sauvages (la forêt en marche de Macbeth), qui contribuent eux-aussi à mettre en exergue toutes les subtilités de la psychologie humaine, comme savait si bien le faire SHAKESPEARE.
Les références historiques et littéraires sont donc innombrables. Mais Tempête d’une nuit d’été est bel et bien une oeuvre personnelle de Poul ANDERSON. Car hommage et interprétation historique ne sont pas forcément synonymes de plagiat, et avec le talent de conteur de l’auteur le lecteur se retrouve face à une oeuvre aussi riche que divertissante.