Le cycle de la patrouille du Temps

ANDERSON Poul

Article publié le lundi 17 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le vendredi 1er février 2008

Quatrième de Couverture

"Si vous retourniez en l’an 1946 et que vous efforciez d’empêcher le mariage de vos parents en 1947, vous n’en auriez pas moins dès lors existé cette année-là…"

N’est-il pas vertigineux de s’entendre dire cela par un docte professeur ? En l’an 19352, il est vrai… Comme il est vrai qu’en cet extrême futur l’homme est maître de l’univers et du Temps. Il peut tout, y compris modifier le passé et par là même bouleverser le présent. Périlleux et subversif pouvoir ! Alors se crée une "patrouille", une police temporelle qui veille, prête à se battre.

Imaginez le monde si les Chinois avaient découvert l’Amérique avant Colomb, si les Phéniciens l’avaient emporté sur Rome…


Quatrième de couverture (La Patrouille du temps)

Un classique de la science-fiction…

— Vous ferez l’affaire. Sans conteste.

— L’affaire pour quoi ? Everard se pencha ; il sentit son pouls s’accélérer.

— Pour la Patrouille. Vous allez devenir une sorte de policier.

— Ouais ? Où ça ?

— Partout. Et en tout temps. Préparez-vous à une surprise… Voyez-vous, notre société, quoique légale, ne constitue qu’une façade… et une source de fonds. Notre vraie fonction, c’est de patrouiller le temps.

Ainsi, Manse Everard est-il recruté pour intégrer la Patrouille du temps, société tentaculaire et ultra-secrète à la mission vertigineuse : protéger l’humanité menacée au cœur même de son Histoire et à travers les âges. Commence alors pour Everard la plus fantastique des épopées, une série d’aventures temporelles échevelées pour préserver le monde des fanatiques et autres illuminés avides de réécrire notre Histoire. Autant dire qu’il y a du pain sur la planche…

Poul Anderson (1926-2001) est l’un des grands auteurs classiques de l’Age d’Or américain, lauréat de trois prix Nebula et sept prix Hugo. Longtemps boudé en France par la critique, considéré outre-Atlantique comme un maître incontestable, on lui doit quelques-uns des livres cultes du genre, dont Les Croisés du Cosmos, La Patrouille du temps ou L’Epée brisée, à paraître au Bélial’. La Patrouille du temps est probablement son œuvre la plus connue. La présente édition réunit pour la première fois en un opus unique l’ensemble des textes du cycle publiés en France, le tout dans des traductions révisées. Une préface de Jean-Daniel Brèque et une bibliographie exhaustive complètent ce volume de référence.

L’avis de Cyrallen :

A travers plusieurs époques et différents lieux (la patrouille du temps : 464 ap.Jc en Angleterre ; le grand Roi : fin de la période médique en Iran, 558 av.Jc ; échec aux Mongols : 1280 ap.Jc en Amérique du Nord ; l’autre univers : Manhattan, octobre 1955) mais en conservant un même personnage, Manson Emmert Everard, en guise de trame principale, Poul Anderson parvient à nous convaincre de la possibilité des voyages dans le temps, mais aussi des difficultés inévitables que posent tous les effets annexes de telles aventures. La patrouille du temps est un roman honnête qui lorgne souvent du côté de l’uchronie, même si les explications théoriques sur les voyages dans le temps sont éludées au profit des conséquences multiples qu’ils pourraient avoir sur l’Histoire.

L’avis de Philémont

C’est donc après sa mort, en 2001, que la France semble vouloir s’intéresser définitivement à l’oeuvre de Poul ANDERSON. Il faut dire que celle-ci est colossale et qu’elle a en grande partie été boudée par l’édition française, à cause de prises de position politiques jugées réactionnaires, et en dépit de multiples prix prestigieux qui l’ont récompensé (notamment 7 prix Hugo, 4 prix Nebula et 1 prix Locus).

Calmann-Lévy a ainsi récemment entamé la publication de la tétralogie du Roi d’Ys (Roma Mater, 2006 et Les neuf sorcières, 2007). L’Atalante a pour sa part réédité les aventures de Dominic Flandry (Agent de l’Empire Terrien, 2005) avant de les compléter par deux romans totalement inédits en France (Flandry défenseur de l’Empire Terrien, 2006). Le Bélial’ adopte la même démarche avec le cycle de La Patrouille du temps, sur lequel nous nous arrêtons ici.

En France, La Patrouille du temps est probablement l’une des oeuvres les plus connues de Poul ANDERSON. Il est vrai que les quatre premières nouvelles qui composent le cycle ont été publiées dans la revue Fiction très rapidement après leur publication aux Etats-Unis, ce qui n’a pas été le cas des sept textes suivants, six restant totalement inédits jusqu’à l’initiative des éditions du Bélial’.

Le cycle de La Patrouille du temps regroupe dix nouvelles plus ou moins longues, ainsi qu’un roman, dont la toile de fond est un univers dans lequel le voyage dans le temps est découvert en 19352 par les Danelliens, les lointains descendants des Hommes. Pour eux l’Histoire de l’Humanité suit une trame bien précise qu’il faut s’efforcer de suivre à tout prix. Pour cela les Danelliens sont remontés à travers les âges pour constituer des équipes de gardiens dont la mission est de surveiller leurs siècles respectifs. C’est dans ce cadre que Manse Everard est recruté en 1954 à New York pour surveiller les XIXème et XXème siècles. Mais son caractère va très vite l’affranchir de cette attache et il pourra intervenir dans toutes les époques et en tous lieux.

L’intégralité du cycle doit être progressivement publiée par les éditions du Bélial’. A ce jour, deux tomes sont d’ores et déjà disponibles. Le premier regroupe les cinq nouvelles qui avaient été préalablement publiées ; il est complété de la bibliographie de l’auteur, constituée par Jean-Daniel Brèque.

- La Patrouille du temps (Time Patrol, 1955)

Cette nouvelle sert de prologue à l’ensemble du cycle. La Patrouille du temps et Manse Everard y sont présentés, ainsi que le statut du deuxième dans la première. Manse Everard y accomplit aussi sa première mission : neutraliser la cause d’une anomalie temporelle détectée au XIXème siècle et qui le fait remonter jusqu’au Vème siècle.

- Le Grand roi (Brave to be a king, 1959)

Manse Everard part à la recherche d’un ami dans la Perse du VIème siècle avant Jésus-Christ. Là il découvre que son ami est le roi des perses depuis qu’il est manipulé par le chiliarque Harpage pour tenir ce rôle. Mais Manse Everard ne peut sortir son ami de cette situation sans mettre en danger l’Histoire de l’Humanité.

- Les Chutes de Gibraltar (Gibraltar falls, 1975)

Nouvelle courte et intimiste, où Manse Everard n’est guère que témoin, elle met en scène une manipulation de l’Histoire plus de cinq millions d’années avant notre ère. C’est l’amour qui en est la cause.

- Échec aux Mongols (The only game in town, 1960)

Manse Everard doit cette fois-ci empêcher la Mongolie et la Chine de découvrir et de conquérir l’Amérique 200 ans avant Christophe Colomb.

- L’Autre univers (Delenda Est, 1955)

De retour dans son époque d’origine, Manse Everard découvre avec stupeur que son monde est totalement différent de ce qu’il devrait être. Son enquête lui fait prendre conscience que le point divergent à partir duquel l’Histoire s’est modifiée remonte à la deuxième guerre punique qui opposa Rome à Carthage. Dans le monde uchronique qu’il découvre, Rome a perdu cette guerre.

Le deuxième tome publié regroupe pour sa part deux courts romans (des novellas selon la classification du prix Hugo) et une nouvelle totalement inédits en France.

- D’Ivoire, de singes et de paon (Ivory, and Apes, and Peacocks, 1983)

En 950 avant Jésus-Christ, Manse Everard est amené à sauver la ville de Tyr de la destruction. La cité phénicienne est en effet amenée à jouer important 600 ans plus tard en résistant pendant 7 mois aux assauts d’Alexandre Le Grand. De fait, sa destruction prématurée risque bien de changer la face du monde.

- Le Chagrin d’Odin le Goth (The Sorrow of Odin the Goth, 1983)

Texte intimiste dans lequel Manse Everard est peu présent, Le Chagrin d’Odin le Goth est consacré à Carl Farness, un agent attaché aux cultures germaniques du début de notre ère. Il est chargé d’analyser la correspondance entre les faits historiques et les contes et légendes populaires qui en sont issus. Ce faisant il devient le proche d’une famille de goths et traverse les siècles avec eux, devenant ainsi la personnification d’Odin, le dieu des guerriers dans la mythologie nordique.

- La Mort et le Chevalier (Death and the Knight, 1995)

Manse Everard doit sauver un patrouilleur détenu par les Templiers, et ce à la veille de leur arrestation massive sur ordre de Philippe le Bel, le 13 octobre 1307.

Tous ces textes sont plutôt dépouillés dans leur intrigue et utilisent sensiblement le même schéma narratif. Après avoir posé les bases de son histoire dans la toute première nouvelle, Poul ANDERSON ne s’encombre pas de détails techniques pour justifier le voyage dans le temps. Ce dernier existe, et les distorsions de l’Histoire officielle sont possibles ; dès lors La Patrouille du temps a toute légitimité pour exister et vivre des aventures extraordinaires.

Bien sûr, aujourd’hui, un tel postulat de départ peut paraître simpliste, voire naïf. Mais le propos de l’auteur se situe en amont de la simple prouesse technologique. Il s’intéresse en effet à l’Histoire, au pourquoi et au comment de l’évolution de l’Humanité, aux conséquences de la non survenance de tel ou tel évènement historique. En d’autres termes on peut parler d’une analyse de diverses hypothèses uchroniques, l’objectif étant de toute façon d’éviter leur réalisation.

La Patrouille du temps permet donc à Poul ANDERSON de mettre en avant son goût pour l’Histoire et ses immenses connaissances en ce domaine. D’ailleurs si les amateurs de Hard Science pourraient être déçus par ces récits, les amateurs d’Histoire pourraient eux être ravis, et même avoir besoin d’une encyclopédie pour bien situer les lieux et personnages évoqués par l’auteur.

Mais que le lecteur lambda se rassure, le recours à de la documentation annexe n’est pas indispensable. La Patrouille du temps est un pur divertissement et Poul ANDERSON un formidable conteur. On notera aussi que c’est dans ses écrits les plus longs qu’il a le plus de force, donc dans le deuxième tome de l’intégrale présentée ici. Le chagrin d’Odin le Goth est de ce point de vue un superbe récit.

Cela présage du meilleur pour la suite puisque deux tomes restent à paraître pour compléter le cycle. La Rançon du temps réunira deux courts romans (recueil dont la publication est prévue en juin 2008) ; Le Bouclier du temps conclura le cycle par la publication du seul roman le composant.

Extraits :

"Quand, en la lointaine année 19352 ap.Jc l’homme, mortel et faillible, était devenu capable de voyager dans le temps, il l’était devenu également de changer le cours de l’histoire. Non pas aisément : la trame des événements a fortement tendance à se rectifier d’elle-même, mais il n’en existe pas moins des points décisifs (retournez en 1642, éternuez au visage d’un enfant malingre du nom d’Isaac Newton (…) la physique continuera de se développer, mais plus lentement (…) au bout de trois cents ans, le monde sera à peine reconnaissable. Vos propres parents ne seront jamais nés.)"

2- "Dans l’Europe d’il y a quarante mille ans, la chasse est bonne, et en ce qui concerne les sports d’hivers, on n’a jamais trouvé mieux comme époque. C’est pourquoi la Patrouille du Temps, toujours pleine de sollicitude envers son personnel hautement spécialisé, entretient en permanence un chalet dans les Pyrénées du Pléistocène."


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