La Patrouille du temps T4 : Le bouclier du temps

ANDERSON Poul

Article publié le lundi 3 août 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Le quatrième et ultime volet inédit d’un des plus grands classiques de la SF moderne

— Vous ferez l’affaire. Sans conteste. — L’affaire pour quoi ? Everard se pencha ; il sentit son pouls s’accélérer. — Pour la Patrouille. Vous allez devenir une sorte de policier. — Ouais ? Où ça ? — Partout. Et en tout temps. Préparez-vous à une surprise… Voyez-vous, notre société, quoique légale, ne constitue qu’une façade… et une source de fonds. Notre vraie fonction, c’est de patrouiller le temps. Voici venue l’heure des ultimes aventures de Manse Everard et ses collègues de la Patrouille du temps au service de l’Histoire… Des aventures qui conduiront nos héros depuis la préhistoire jusqu’à une étrange variante de notre XXe siècle, en passant par la Bactriane du IIIe siècle avant notre ère et le Moyen Âge italien. Car les Exhaltationnistes menacent toujours, sans parler d’un danger plus grand encore qui pourrait bien annihiler jusqu’à la Patrouille elle-même… et nous avec !

Poul Anderson (1926-2001) est l’un des grands auteurs classiques de l’Âge d’Or américain, lauréat de trois prix Nebula et sept prix Hugo. Longtemps boudé en France par la critique, considéré outre-Atlantique comme un maître incontestable, on lui doit quelques-uns des livres cultes du genre, dont Les Croisés du Cosmos, Flandry, Hrolf Kraki et, surtout, le cycle de La Patrouille du temps, dont les éditions du Bélial’ ont entrepris la publication dans une intégrale inédite de quatre volumes présentés et traduits par Jean-Daniel Brèque.

Imposant roman publié en France pour la toute première fois, Le Bouclier du temps, ultime volet du cycle de La Patrouille du temps, clôt cet immense classique en apothéose.

L’avis de Philémont

Le cycle de La patrouille du temps se clôt avec son unique roman : Le bouclier du temps. Toutefois, dans sa forme, il s’articule autour de trois histoires quasi indépendantes reliées entre elles par trois courts chapitres.

Dans la première histoire (Les femmes et les chevaux, le pouvoir et la guerre), on retrouve Manse Everard en 209 avant Jésus-Christ en Bactriane, cette région d’Asie centrale célèbre pour être une étape obligée sur la Route de la soie. Géographiquement, elle correspond au sud de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan et au nord-ouest de l’Afghanistan actuels. En 209 avant Jésus-Christ, Euthymède Ier dirige la Bactriane. Il est en passe d’affronter Antiochos III, le roi séleucide (Syrie). L’Histoire retiendra que le second envahira la Bactriane. Or, si quelque pirate du temps décide d’assassiner Antiochos, l’Histoire du monde pourrait bien être bouleversée, en dépit de l’importance mineure de la région. D’une part le royaume séleucide ne s’étendra pas, et les Romains ou les Perses auront une influence considérable dans la région. D’autre part, le christianisme pourrait bien s’installer dans la région puisque l’on sait que ce sont les conquêtes d’Antiochos III qui en empêcheront l’avènement.

Dans la deuxième histoire (Béringie), le personnage principal est Wanda Tamberly, protégée de Manse Everard depuis qu’il l’a rencontrée dans L’année de la rançon. Celle-ci est chargée par la patrouille du temps d’observations scientifiques en plein pléistocène dans la Béringie, ce pont terrestre temporaire entre l’Alaska et la Sibérie orientale. Elle y est témoin de la migration d’un peuple paléo-indien vers le continent américain et doit concilier le respect de l’Histoire que sa fonction lui impose et sa morale personnelle.

Dans la troisième histoire (Stupor mundi), Manse Everard découvre que la fin du XXème siècle est désormais totalement différente de ce qu’elle devrait être, les sociétés européennes étant dirigées par des théocraties directement inspirées de la Sainte Inquisition, la colonisation de l’Amérique n’en étant qu’à ses prémisses. L’évènement clé à partir duquel l’Histoire diverge s’est produit en Italie au XIIème siècle, quand le roi Roger II de Sicile périt lors d’une bataille alors qu’il aurait dû vivre vingt ans de plus et exercer une influence considérable sur ses contemporains. Non seulement il était censé réaliser l’unification de l’Italie depuis la Sicile, mais il devait aussi se dresser contre le pape de l’Ordre du Temple, Innocent II, soutenu en cela par Anaclet II, d’origine romaine.

Si les trois récits reprennent bon nombre de thèmes abordés dans les précédentes nouvelles, Poul ANDERSON va toutefois plus loin dans sa démarche en s’intéressant, en toile de fond des trois histoires, ainsi que dans les trois chapitres de transition, aux personnalités de Manse Everard et de Wanda Tamberly, ainsi qu’à leurs relations. Ce faisant, il fait une synthèse de nos connaissances sur la Patrouille du temps et sur leurs créateurs, les Danelliens. Ce sont ainsi les origines et les méthodes de la Patrouille du temps qui sont explicitées, alors que le lecteur n’avait eu jusqu’à maintenant que des éléments épars.

Le bouclier du temps se pose finalement en oeuvre tout à la fois érudite et divertissante. Elle apporte aussi au lecteur des éléments d’information sur la patrouille elle-même, ce qui le conduit à porter définitivement un regard émerveillé sur l’ensemble du cycle, tant celui-ci s’avère parfaitement construit, et non naïf comme la lecture des seules premières nouvelles pourrait lui donner à penser. Ce ne sont certainement pas Jean-Daniel BREQUE, le traducteur, et Xavier MAUMEJEAN, qui signe une très belle postface dans ce quatrième tome, qui me contrediront.


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