Le cycle du Roi d’Ys - T1 : Roma mater

ANDERSON Poul

Article publié le lundi 17 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le jeudi 20 décembre 2007

En ces temps de troubles, l’Empire romain tout entier est en ébullition, menacé par l’avancée inexorable des barbares venus du Nord. L’agitation a atteint la ville-État d’Ys, fille de Carthage bâtie sur la côte bretonne, cité grandiose enveloppée dans une brume de légende, gouvernée par la magie des Neuf Prêtresses et la puissance du Roi, leur mari. Envoyé à Ys par son empereur pour y ramener coûte que coûte ordre et prospérité, le préfet Gratillonius ne peut imaginer le rôle que la magie et les intrigues des Neuf lui réservent lorsqu’il défait en combat singulier le monarque de la cité : devenir l’ultime souverain d’Ys, conserver l’unité de son royaume dans l’ère de ténèbres qui s’annonce, et donner vie à une légende qui perdurera à jamais…

Œuvre la plus ambitieuse de Poul et Karen Anderson, le cycle du Roi d’Ys, grandiose édifice dont Roma Mater constitue la première pierre, combine légendes celtiques et réflexion sur les premiers temps du Moyen Âge pour nous proposer une plongée d’un incroyable réalisme dans une période pleine de magie et de fureur, qui marquera l’avènement du monde que nous connaissons.

Poul Anderson (1926-2001) a publié sa première histoire en 1947. Son diplôme de physique en poche, il va devenir l’un des auteurs majeurs de la science-fiction américaine des années 50 et 60. Seul ou en compagnie de sa femme Karen, qu’il a épousée en 1953, Anderson a écrit une centaine de romans, souvent inspirés des légendes venues de Scandinavie, dont sa famille est originaire. Au cours de sa carrière, il a remporté sept fois le prix Hugo et trois fois le prix Nebula.

« … une reconstruction haute en couleur d’une époque et d’un lieu légendaires peu exploités, un changement bienvenu en regard de la fantasy répétitive dont on nous abreuve. »

L’avis de Philémont :

Le centurion Gaius Valerius Gratillonius est chargé d’une mission par le Commandant des forces romaines en Bretagne, Magnus Clemens Maximus : établir une ambassade dans la légendaire et mystérieuse cité d’Ys, sise à l’extrême ouest de l’Armorique. Avec cette mission, Gratillonius doit asseoir la position militaire et politique de Maxime…

C’est avec un poids lourd de la SF que Calmann-Lévy poursuit sa redécouverte de la Fantasy. Car Poul Anderson, peu publié en France, bien que prolixe, est avant tout connu des lecteurs francophones pour ses romans de SF, notamment ses space opera. Il s’associe ici à sa femme Karen, pour nous délivrer un pur roman de Fantasy, inspiré d’une période de notre histoire restée étrangement peu exploitée.

Le couple s’inspire donc de deux sources pour Roma Mater : d’une part la légende de la ville d’Ys, d’autre part le Haut Moyen Âge au moment du déclin de l’Empire romain. De la première source, il est préférable de ne pas entrer dans les détails, au risque de dévoiler une bonne partie de l’intrigue, non seulement de Roma Mater lui-même, mais également des trois tomes à venir pour compléter le Cycle du roi d’Ys ; retenons toutefois qu’Ys est supposée avoir été située dans la baie de Douarnenez, et qu’elle était construite plus basse que le niveau de la mer, son existence ne dépendant que d’une digue percée de portes dont le roi portait les clefs autour du cou…

Quant au Haut Moyen Âge, il donne ici lieu à un important travail de recherche historique de la part des deux auteurs. Les notes, le glossaire et les cartes en fin de volume en sont une preuve irréfutable. Mais même l’écriture de Poul et Karen ANDERSON est toujours extrêmement précise, donnant l’impression au lecteur que chaque mot, chaque description et chaque dialogue sont parfaitement justes et à leurs places respectives. Tout cela est au service de la description d’un Empire romain qui entame son déclin, et ce tant d’un point de vue politique que d’un point de vue religieux.

L’ensemble donne un roman très agréable à lire. Certes il y a relativement peu d’action, ni même de ces créatures exotiques qui ont fait le succès de la Fantasy, mais l’omniprésence des religions dans ce qui est appelé à devenir l’Europe les remplace avantageusement. Je suis aussi partisan de croire que ce tome est destiné à poser un décor et une intrigue qui n’attendent que de se développer dans les tomes à venir. Car en refermant ce volume, on ne peut qu’avoir hâte d’ouvrir le suivant.

En ces temps de troubles, l’Empire romain tout entier est en ébullition, menacé par l’avancée inexorable des barbares venus du Nord.

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