Un blues de coyote

MOORE Christopher

Article publié le lundi 6 avril 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Que sommes-nous de plus pour les dieux que des mouches importunes et lubriques qu’ils écrasent pour le plaisir ? Vaste question… que Sam Hunter, trente-cinq ans, parfait golden boy, n’avait pas eu à se poser avant que le Coyote ne débarque dans sa vie pour y semer la pagaille. Car l’animal en question n’est pas celui de Tex Avery (quoique) mais l’incarnation d’une divinité crow bien décidée à rendre infernal le quotidien de Sam. Pourquoi lui ? Dans quels buts ?.. L’occasion, entre légendes indiennes et réalités yankees, d’une balade ravageuse à mourir de rire, et de peur parfois, au pays des mythes anciens et des machines à sous…

L’avis de Philémont

A 35 ans, Sam Hunter a tout pour lui : un boulot lucratif, un bel appartement et une vie de célibataire endurci qu’il assume pleinement. Mais un beau jour, alors qu’il jette son dévolu sur sa prochaine conquête féminine, il rencontre un vieil indien qui fait enchaîner les catastrophes dans sa vie. Ce vieil indien c’est Coyote, et il a décidé de rappeler à Sam ses origines, celles du temps où il s’appelait Samson Chasseur Solitaire et qu’il vivait dans la réserve des Indiens Crow. Quant à Coyote il n’est ni plus ni moins que l’incarnation de Vieux Bonhomme Coyote, une divinité de la cosmogonie du peuple Crow et qui a, entre autres qualités, la faculté de changer de forme à volonté…

Sam et Coyote vont alors vivre une épopée rocambolesque en traversant quelques lieux emblématiques de l’ouest des Etats-Unis. De la Californie dorée de Santa Barbara, mais aussi de ses quartiers défavorisés, à Billings dans le Montana et sa réserve Crow, en passant par Las Vegas et Salt Lake City, Coyote ne cesse de pousser en avant son acolyte, utilisant des prétextes plus ou moins orthodoxes.

Ce faisant, le duo croise la route d’une galerie de personnages hauts en couleur qui, au-delà de la caricature, ont une sensibilité à fleur de peau qui les rend aussi crédibles qu’attachants. C’est ainsi que Christopher MOORE, avec la gouaille qu’on lui connait, dresse un portrait de l’Amérique où la réussite sociale côtoie la misère la plus profonde, qu’elle soit matérielle ou intellectuelle. Dans tous les cas, aucun des intéressés ne semblent avoir peur du ridicule.

Et au final, Un blues de Coyote est un hommage vibrant au peuple Crow, à ses traditions et à ses valeurs qui, après avoir bien failli disparaître à cause d’une politique d’intégration raciste, doit faire face au reniement de son propre peuple. Comme quoi le rire est aussi un excellent support pour des sujets graves, et l’on rit beaucoup avec ce roman que l’on peut considérer comme l’une des plus belles réussites de l’auteur.


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