Le Lézard lubrique de Melancholy Cove

MOORE Christopher

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Il se passe quelque chose dans la morne station balnéaire de Melancholy Cove. On y trouve, pour un cocktail détonant, un flic qui se console de l’être en tirant sur des joints, une schizophrène ex-actrice de films de série Z postapocalyptiques réfugiée dans une caravane, un joueur de blues poursuivi par un monstre marin dont il a tué le petit quarante années plus tôt, une psy qui ne donne plus à ses malades que des, placebos, un pharmacien lubrique ne rêvant que d’accouplements avec des dauphins, une femme qui se pend, des gens qui disparaissent… Une seule certitude : tous ont la libido qui explose. Tous sans le savoir sont sous le signe du lézard…

Christopher Moore, né en 1957, abandonne ses études à seize ans pour enchaîner les expériences. Il étudie parallèlement l’anthropologie, la photographie, aime l’océan, les émissions sur les animaux et vit dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique. Le lézard lubrique de Melancholy Cove est son deuxième roman, après Un blues de coyote, à paraître en Folio Policier.

L’avis de Philémont :

Melancholy Cove est une petite ville de la côte Ouest des États-unis. Elle vit au rythme des saisons touristiques et, en ce mois de septembre, ses habitants reprennent leurs petites habitudes de commères, de beaufs, et de dépressifs, dont la proportion dans la population est largement au-dessus de la moyenne nationale. Mais cette année un phénomène nouveau semble se produire : bon nombre de ces habitants voient leur libido particulièrement exacerbée…

Le responsable ne serait-il pas Steve ? Steve vient en effet de se réveiller, et il est de mauvaise humeur. Pensez donc, c’est une fuite imperceptible dans une conduite de refroidissement de la centrale nucléaire voisine qui en est la cause. Rien de bien grave vous direz-vous. Ce serait en effet le cas dans n’importe quelle ville dans le monde. Toutefois nous sommes à Melancholy Cove et Steve a 5000 ans et appartient à l’espèce des dragons…

Surréaliste. Tel est le qualificatif qui sied probablement le mieux au Lézard lubrique de Melancholy Cove. "Inclassable" lui conviendrait bien aussi puisque le roman empreinte tant aux genres Policier que Fantasy, à l’humour de Robert Altman aussi bien qu’à celui de Woody Allen. Il ne s’agit toutefois pas d’un simple emprunt, mais d’une réappropriation totale afin d’écrire un roman que l’on a certainement pas l’impression d’avoir déjà lu ailleurs, sauf chez Christopher MOORE lui-même bien sûr. Celui-ci se plait d’ailleurs à mettre en scène des personnages communs d’un roman à l’autre.

Certains peuvent finalement se demander si l’auteur est tout à fait sain d’esprit. Mais ne distinguons nous pas derrière ses portraits de déjantés une mise à l’index des travers de l’Humanité dans nos sociétés de consommation ? Quoi qu’il en soit, Christopher MOORE déborde d’imagination et sa plume va à cent à l’heure tout en étant de qualité. Quant au lecteur il a pour sa part le sourire au lèvre en permanence, éclate de rire régulièrement, et tourne les pages du roman avec frénésie.

Le lézard lubrique de Melancholy Cove est donc un pur moment de plaisir, tout simplement.

Extraits :

1- A Melancholy Cove, septembre n’est qu’un long soupir de soulagement, une espèce de tisane que l’on sirote avant d’aller dormir, une sieste espérée depuis des lustres. La douce lumière automnale s’immisce à travers les feuillages, les touristes reprennent enfin la route de Los Angeles ou celle de San Francisco et les cinq mille habitants de la bourgade se réveillent enfin. Ils s’aperçoivent qu’ils peuvent à nouveau trouver une place pour se garer ou une table libre au restaurant, qu’ils peuvent arpenter la plage sans risque de recevoir un frisbee en pleine tête.

2- Comme tous les cadavres, Bess Leander sentait bon la lavande, la sauge et un chouïa le clou de girofle.


Réactions sur cet article

  • Le Lézard lubrique de Melancholy Cove
    26 février 2008, par BaronBreton

    Melancholy Cove est de ces petites villes tranquilles dont le rythme de vie est celui des saisons, pourtant cette fois ci quelque chose de nouveau va arriver. Oh bien sur on y croise une foule de personnages qui rythmerons à leur tour le récit : un chérif adepte de marijuana, une ancienne actrice skyzophrène, une tenancière de bar « refaite » à neuf et qui rouille plus qu’elle ne craque, une veuve, un pharmacien obsédé par les dauphins, un scientifique dans son monde et son langage, un psy qui a décidé pour ne pas s’embêter de mettre toute la ville sous antidépresseur et sans oublier le labrador Skinner (et ses intenses réflexions) et Le Monstre Marin (Steve de son nom). Mais c’est surtout une suicidé qui saura changer la vie de tous ces personnages.

    Oui Le lézard lubrique aurai pu-être un roman policier (car il est classé comme tel) de plus qui débute par un suicide très suspect mais avec de tel personnage (et pas uniquement ce cher Steve) on bascule très rapidement dans autre chose ! MOORE nous entraine dans son petit monde digne d’un Alice aux pays des merveilles et nous y fait évoluer d’une façon endiablé. Une écriture s’appuyant beaucoup sur les dialogues, qui va d’un personnage à un autre ! Ce livre se dévore avec une joie incroyable, bercé par son propre rire car MOORE excelle dans les situations décalées mais qui réussissent avec un régal constant faire avancer le roman. L’intrigue de Steve surpasse celle du suicide jusqu’au moment où elles finissent par se rejoindre de façon logique ou presque. Car oui Melancholy Cove est une ville plus que surprenante ! Mais MOORE nous montre aussi les différents facette des gens et avec la diversité de ses personnages c’est un plaisir de voir différentes vision que l’on peut avoir de la vie, des gens, de soi et surtout des relations entre les gens eux-mêmes. Notamment sur la joie de vivre et des traitement/thérapie, car Melahcoly Cove ressemblerait à s’y méprendre à une maison de repos prête à basculer dans la folie, ou non.

    Impossible de dire ce qui est plus étrange, l’histoire, l’auteur, nous autre lecteur qui avec une impatiente qui ne tombe jamais tournons les pages pour avancer. Mais ce qui n’est pas étrange c’est le talent de MOORE qui en ouvrant les portes de cette petite bourgade américaine nous fait entrez dans son petit monde de joie, de fraicheur et de plaisir ! Oubliez la logique car une petite touche d’anormal fait basculer ce roman policier dans un petit autre chose, pour notre plus grand plaisir.

    Avec de tel livre, le Prozac a du souci à se faire !




 
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