La Rose Blanche T3

COOK Glen

Article publié le mercredi 26 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Dix ans après sa victoire à Génépi contre le Dominateur, la Dame règne sans partage…
Ne restent de la Compagnie noire, son unité d’élite transfuge, que les quelques rescapés ralliés à la Rose Blanche. A leur tête : Chérie, la jeune fille muette qui neutralise la magie, ultime espoir de briser le joug de l’Empire.

Or l’échéance de la Grande Comète approche. Elle marquera, dit-on, l’avènement définitif au pouvoir d’une des forces en présence. C’est alors que Toubib se met à recevoir de curieuses missives. La clé de la victoire ou d’autres menaces en perspective ? Car le Dominateur n’a pas dit son dernier mot.

L’avis de Cyrallen :

Vertigineux, au sens propre comme au figuré !
On retrouve notre Compagnie en bien piteux état, au beau milieu du désert de la Plaine de la Peur, là où les menhirs parlent, les arbre marchent et les baleines volent, le tout assaisonné de tempêtes transmuantes qui éclatent au hasard, changeant hommes et bêtes en cauchemars vivants. L’heure du passage de la Grande Comète approche, et le temps est compté jusqu’à l’affrontement qui doit avoir lieu entre la Rose Blanche, la Dame, et peut-être un invité surprise mais ô combien dangereux…

Dernier tome de la première trilogie des annales de la Compagnie noire, La Rose blanche se laisse boire comme du petit lait, et évite le délayage systématique apparemment propre aux suites de bons romans. Rempli de rebondissements, des personnages que l’on croirait presque connaître personnellement depuis toujours… Le seul véritable défaut de ce tome, c’est qu’il se lit trop vite !

Vraiment une trilogie coup de cœur, on en redemande :))
La suite est désormais sortie chez l’Atalante : Jeux d’ombre, Rêves d’acier et La Pointe d’argent sont respectivement les quatrième, cinquième et sixième volumes des Annales de la Compagnie noire et les premier des Books of the South, faisant suite aux Books of the North qui constituent les trois précédents volumes.

L’avis de Philémont :

La Rose Blanche conclut la première trilogie de la Compagnie noire en y rassemblant les mêmes qualités que dans les deux précédents volumes. Glen Cook nous avait initié à la double narration dans Le château noir. Cette fois-ci il se lance dans la triple narration. L’une se déroule dans un passé lointain, une autre dans un présent tel que Toubib sait si bien nous le raconter, la troisième dans un passé très proche, et que l’on peut mesurer au temps qu’il faut à une lettre pour arriver à un destinataire ;) Bien entendu, le jeu consiste à tenter de relier les trois récits, ce qui n’est pas toujours chose facile, d’autant que la césure entre le Bien et le Mal est toujours aussi difficile à cerner, à l’instar de ce que l’on a pu ressentir à la lecture de La Compagnie noire, premier tome de la série.

Notons aussi que la Compagnie noire, en tant qu’entité, est bien moins présente que dans les deux premiers volumes. L’action se concentre plus sur son narrateur de Toubib qui, pendant une bonne partie du roman, se trouve isolé du reste de la Compagnie.

Cela n’empêche pas la première trilogie de la Compagnie noire de rester cohérente et, surtout, de nous maintenir dans une ambiance glaciale de la première à la dernière ligne. Même la fin, que certains peuvent juger optimiste, nous laisse une impression de malaise. Cela donne une grande partie de sa force à cette oeuvre.

Extraits :

1- L’air calme du désert avait la limpidité d’une lentille. Les cavaliers paraissaient figés dans le temps, ils se déplaçaient sans se rapprocher. _ Nous les avons comptés à tour de rôle. Je n’arrivais pas à trouver deux fois le même chiffre. (…) Du sable a crissé sous une semelle. Je me suis retourné. Silence était planté bouche bée devant un menhir parlant. Il venait d’apparaître depuis quelques secondes à peine et lui avait fichu la trouille. Sournois, ces cailloux. Ils adorent les blagues.
"Il y a des étrangers dans la plaine", a-t-il dit.
J’ai sursauté. Il a ricané. Les menhirs ont un rire des plus sardoniques, à la limite du conte à dormir debout. Je me suis glissé dans son ombre en grognant. (…) Les cavaliers venaient vers nous, pourtant ils ne paraissaient toujours pas plus proches. Usant pour les nerfs. Les temps sont plus que durs pour la Compagnie. Nous ne pouvons nous permettre aucune perte. La disparition d’un de nos hommes serait celle d’un ami de longue date. J’ai compté de nouveau. Le compta m’a eu l’air bon cette fois. Mais une monture cheminait sans cavalier… J’ai frissonné malgré la chaleur.

2- Tout est fluctuant. J’ai auguré trois avenirs possibles. (…) Je n’avais ma place dans aucun. Selon l’un, votre enfant muette triomphera. Mais c’est le cas de figure le moins plausible ; elle et tous les siens périront après leur victoire. Selon une autre, mon mari brisera l’étau de son sépulcre et restaurera la Domination. Ces ténèbres perdureront dix mille ans. Selon le troisième, il sera détruit à jamais. C’est la vision la plus forte, celle qui aspire le plus à se réaliser. Mais le prix est lourd… Les dieux existent-ils Toubib ? Je n’y ai jamais cru.

3- D’abord, son corps a refusé de se détendre et n’a cessé de le distraire. Mais bientôt une profonde léthargie l’a gagné. Son esprit s’est échappé des milliers de connexions qui l’ancraient à sa chair. Il s’était libéré de son corps, mais d’invisibles attaches sauraient l’y ramener. Si la chance ne l’abandonnait pas. (…) Il s’est rendu aux abords des Tumulus. _ Tous les esprits enchaînés, des plus insignifiants aux plus terribles, l’ont aussitôt repéré. Devant, des sortilèges plus forts. (…) Mais Choucas a tenu bon, il est passé malgré tout.
Plus de gardiens. Juste la crypte. Et l’homme diabolique qui s’y trouvait était réduit à l’impuissance. Il avait survécu au pire… Le vieux démon dormait certainement. La Dame ne l’avait-elle pas terrassé lors de sa tentative d’évasion à Génépi ? Ne l’avait-elle pas ramené ici maté ? (…)
Là, une dalle vide où avait dû reposer la Dame. Là, une autre, soutenant un gisant. Un homme endormi, très beau mais marqué par le sceau du démon, même dans son repos. Son visage irradiait un fiel brûlant et le dépit de la défaite.
Ouf, donc. Ses inquiétudes étaient dépourvues de fondements. Le monstre sommeillait, bel et bien réduit à l’impuissance…
Alors le Dominateur s’est assis. Et a souri. Du sourire le plus machiavélique que Choucas avait jamais rencontré. La créature a levé la main en un geste de bienvenue. Choucas a pris ses jambes à son coup. _ Un rire moqueur l’a poursuivi. (…) Malgré son épouvante, il s’est efforcé de ne pas s’écarter de la traîne brumeuse. Il n’a fait qu’un faux pas… Un seul mais suffisant. (…)
A l’étage, dans une maison non loin, le corps de Choucas continuait de respirer à raison d’une inspiration toutes les cinq minutes. Son cœur pulsait à peine. Il mettrait longtemps à mourir, privé de son âme.


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