
Titre Original
Black Flag, 2002Illustration : Howard Pyle ; Traduction : jacques Barbéri
Edition Payot Rivages/Fantasy
Genre

Evaluation

Du même auteur
- Les Chaînes d’Eymerich T2
- Le Mystère de l’inquisiteur Eymerich T4
- Les chaînes d’Eymerich
- Le Corps et le Sang d’Eymerich T3
- Le corps et le sang d’Eymerich
- Nicolas Eymerich, inquisiteur T1
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Citation
"Si jamais je me retrouve un jour abandonné sur un sommet ou perdu dans un désert, je connais un moyen infaillible pour obtenir de l’aide. Je me contenterai d’annoncer l’ouverture d’une convention de science-fiction ; dans la demi-heure, Brian Aldiss et Arthur Clarke seront là". POHL FrederikQuatrième de couverture :
Dans un futur lointain, le monde s’est transformé en un gigantesque hôpital psychiatrique et les rapports humains, y compris le sexe, n’existent plus que dans la violence. Les psychiatres tentent en vain de soigner les malades, toujours plus nombreux, par des électrochocs collectifs. En apparence, la jeune Lilith n’est qu’une de ces pauvres créatures schizophrènes. Mais les apparences sont parfois trompeuses. À Laredo, lors de la guerre de Sécession, Pantera, pistolero messianique, est engagé pour tuer Koger, un étrange homme-loup. Mais lorsque ses commanditaires le trahissent, Pantera se retrouve embrigadé malgré lui sous le drapeau noir d’une unité de rebelles sudistes, adeptes de la violence sous toutes ses formes.
Bien plus près de nous, les Américains bombardent Panama City avec une hargne qui rappelle étrangement l’attentat du World Trade Center. Délaissant pour la première fois l’inquisiteur Nicolas Eymerich, Valerio Evangelisti a choisi pour héros de ce roman Pantera, le sorcier métis rencontré dans l’un des textes du recueil Métal Hurlant. Cette plongée à mi-chemin du western et de la science-fiction, d’une rare noirceur, lui permet d’aborder de front des thèmes d’une actualité brûlante.
L’avis de Cyrallen :
Valerio Evangelisti laisse pour une fois de côté son personnage fétiche qu’est Nicolas Eymerich l’inquisiteur dans ce roman à part. Mais il ne se départi pas pour autant de son style cinglant, de ses touches de réalisme dans la violence et la morbidité qui font de Black Flag, encore plus que dans la série des Eymerich, un roman noir et dérangeant avec des passages d’une grande cruauté captivants. A déconseiller aux jeunes lecteurs puisque le scénario oscille, à la manière maintenant bien ancrée de Valerio Evangelisti, entre 2 époques pleines de barbaries.
La première se déroule lors de la Guerre de Sécession, et l’on suit avec attention Pantera, un pistolero mexicain qui vient de rejoindre contraint et forcé une bande de sudistes rebelles. Ceux-ci volent de massacres en tortures partout où leurs chevaux les portent. Et c’est sans compter la présence d’un étrange homme-loup qui se transforme dans certaines circonstances en "quelque chose" de bestial et d’incontrôlable. Surtout que celui-ci s’accroche aux basques du solitaire Pantera, qui n’attend qu’une occasion pour échapper à ses nouveaux "amis".
La deuxième époque fait partie du futur, comme l’affectionne Evangelisti. Le monde est devenu littéralement fou, personne n’en ressortant indemne. La loi du plus fort règne, et ce sont généralement les plus atteints qui s’en sortent le mieux dans ce monde aux couleurs de la folie.
Il faut savoir que la maladie est également un thème de prédilection d’Evangelisti, qui mêle systématiquement dans ses romans voyages dans le temps, sciences médicales et héros pas toujours recommandables.
Un bon roman à lire parallèlement aux Nicolas Eymerich, pour prendre des vacances de l’inquisiteur sans pour autant délaisser le "style" Evangelisti.
Extraits :
1- Il ne se réveilla que lorsqu’un rayon de soleil effleura ses paupières. Aussitôt après, la lame d’un couteau lui libéra les bras.
- Pas d’entourloupe, hein ? chuchota Frank d’une voix calme mais froide.
On devinait qu’il s’agissait d’un type avisé mais peu enclin à la plaisanterie.
- Ton droit de vivre sera évalué à chaque minute.
Une fois debout, Pantera se rendit compte que le petit campement, maintenant inondé de lumière, était en pleine activité. Trois hommes guidés par le vieux à la barbe blanche tiraient un groupe important de chevaux. Koger, encore plus colossal mais moins hirsute, chauffait sur les restes du feu de bois des morceaux de jambon ou de lard maigre. Il avait bizarrement mis sur sa tête sa veste de confédéré, comme si le soleil l’importunait. La prostituée irlandaise, au milieu des buissons, arrangeait ses cheveux qui ressemblaient à du chaume avec des gestes mécaniques et nerveux, observant le panorama étale de ses yeux vitreux. Les autres avaient la bouche pleine de viande.
Huit hommes en tout, compta Pantera, plus la femme.
Plus deux morts. Il ne se rendit pas compte tout de suite que les prisonniers qu’il avait aperçus la veille en position couchée avaient été tués. La chair à vif de leur crâne et le sang qui en coulait étaient particulièrement éloquents. Ils avaient été tués et scalpés. Quand Pantera comprit la vérité, il comprit également la nature des fils blondasses qui dépassaient des poches de Koger chaque fois qu’il se pliait pour observer le degré de cuisson de ses friandises.
Tués et scalpés. Ou peut-être scalpés et tués, mais dans ce cas les hurlements l’auraient réveillé. Il n’eut plus aucun doute : les hommes qui l’entouraient étaient des bushwhackers.
Au mois d’août précédent, le saccage sanguinaire de Lawrence par William Clarke Quantrill, le plus redoutable des chefs rebelles, avait fait beaucoup de bruit. De nombreuses victimes avaient été scalpées et, bien souvent, en présence des femmes et des enfants. Depuis lors, l’ablation du cuir chevelu, vieille coutume des chasseurs d’Indiens, était devenue la punition que les soldats confédérés infligeaient aux suspects unionistes.
Frank conduisit Pantera près du feu de bois et lui choisit un morceau de viande qu’il arracha de la broche que Koger venait de retirer des flammes. La viande était brûlante mais savoureuse. Pantera la mâcha consciencieusement.
- Je te cherche un cheval, dit Frank. On va bientôt partir.
Il était temps de poser quelques questions.
- Vous êtes des hommes de Quantrill ?
- Qui, ce lâche ?
Frank paraissait sincèrement indigné.
- Non, on est partis avec Anderson. Nous, les nordistes, on aime bien les tuer.
Il indiqua les deux cadavres scalpés en ricanant. Et s’éloigna sans rien ajouter.