Les Chaînes d’Eymerich T2

EVANGELISTI Valerio

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Seconde aventure de Nicolas Eymerich, grand inquisiteur d’Aragon, Les Chaînes d’Eymerich nous entraîne en 1365, au cœur d’une période troublée où les croyances païennes n’ont pas encore plié devant l’inexorable machine de guerre chrétienne.

Quel rapport existe-t-il entre l’enquête que mène le Grand Inquisiteur Eymerich, père dominicain pourfendeur des ennemis du Christ, sur la résurgence de l’hérésie cathare en Savoie, les manipulations génétiques de chercheurs déments au milieu des années 1930, et les charniers de Timisoara en Roumanie ?

Seule la main de fer de Nicolas Eymerich pourra dénouer un à un les fils de cet écheveau diabolique et libérer la vérité de ses chaînes, si étroitement liées à travers les siècles.

Dans cet entrelacs remarquable de coïncidences entre passé et futur se dessine une bien noire histoire de l’humanité, l’histoire de notre monde telle que l’imagine Valerio Evangelisti.

L’avis de Cyrallen :

Les maillons des chaînes d’Eymerich s’assemblent au fil des chapitres, passant allègrement du moyen âge au vingtième siècle avec adresse et virtuosité. Chacun des indices possède son importance, et Eymerich sortira plus déterminé à contrer l’hérésie qu’auparavant de cette aventure complexe au bilan mitigé.

Les hypothèses que l’on pourrait avoir sur les causes de ces évènements reliés à travers les siècles ne trouvent toutes leurs solutions que dans les dernières pages, laissant le suspens se prolonger le plus longtemps possible.
Amateurs d’énigmes : à bon entendeur…

Extraits :

1- Elle observa le patient qui, à présent paraissait dormir et lui tâta le pouls. Puis elle fixa la vitre d’un air interrogateur. Le chef de service actionna l’interphone.
- Nous y sommes ?
La doctoresse hocha la tête.
- Alors, commencez à l’interroger.
La femme se leva et alla se placer dans l’angle visuel du patient.
- Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle.
Le prêtre poussa un grand soupir. Il ouvrit les yeux et répondit :
- Bien, pero estoy muy cansado.
Loomis eut un mouvement de déception.
- Il parle espagnol. Nous aurions pu l’imaginer.
La doctoresse, qui avait entendu, eut un geste rassurant en direction de la vitre.
- Ce n’est pas un problème, dit-elle, puis en se tournant vers le jésuite : Vous pouvez me répondre en anglais ?
- Oui.
- Parlez-moi de vous, de votre vie. Où êtes-vous né ?
Le patient fixa le plafond.
- Je suis né à Valladolid, capitale du royaume de Castille, un jour que j’ignore de l’été 1318. Le petit Alphonse XI régnait alors, mais sa grand-mère, Maria de Molina gouvernait. Mon père, écuyer à la cour, décida très tôt de m’envoyer au couvent…
Le chef de service en resta bouche bée.
- Mon Dieu, lui chuchota Loomis. Je crois que nous allons en entendre de belles.

2- Il me semble, seigneur, que j’ai déjà eu l’occasion de vous rencontrer.
- Ah oui ? fit le châtelain. Et quand ?
- Ce matin même. Au marché, une pauvre créature à la tête difforme subissait les railleries de la foule, jusqu’à ce que… Vous en souvenez-vous ?
- Certainement, répondit Semurel avec un sourire. Plus que d’une tête difforme, je parlerais d’une véritable tête d’âne. J’imagine que ce spectacle a dû vous causer quelque stupeur.
- En effet.
- La stupeur se comprend, chez un étranger à la région.
Semurel but une gorgée de cervoise, puis s’essuya la bouche du dos de la main.
- Une curieuse malédiction pèse sur ces montagnes, par ailleurs agréables. Sans doute est-ce dû à l’eau, à l’air, au sang gâté ou à quelque autre facteur que j’ignore. En tout cas, de temps à autre, une paysanne met au monde un être anormal, avec des membres d’animaux ou, le plus souvent, privé de poils et de raison.
Semurel s’interrompit, contemplant l’inquisiteur par en-dessous.
- Je suppose que vous songez déjà à l’œuvre du démon.
- Non, répondit Eymerich avec un léger sourire. Je pense au diable seulement quand il n’y a pas de meilleure explication.
- Cela, mon père, vous fait honneur. Comme je vois les choses, si dans ce phénomène, le diable intervenait, ce seraient des créatures mauvaises que l’on verrait naître, ou en tous cas, elles se feraient les instruments du mal. Au contraire, il s’agit d’êtres inoffensifs, quelquefois dociles, quelquefois sauvages, mais toujours timides et étrangers à la violence.

3- Vous voyez ceux-là ? dit-il en montrant le groupe de prisonniers tremblants de froid.
- Oui, acquiesça Grol en se demandant si le lieutenant était saoul, mais il ne fit pas d’observation. Oui, je les vois.
- Amenez-les devant les caméras, un par un. Tordez-leur le bras dans le dos, tirez-les par les cheveux, cognez-les. Je veux au premier plan des visages qui souffrent, pas des têtes abruties. Vous m’avez compris ?
- Oui, lieutenant.
Grol comprenait bien le sens de cet ordre. L’opinion publique pouvait bien croire que la RACHE tuait ses prisonniers. En revanche, ce qu’elle devait ignorer, ou feindre d’ignorer, c’est qu’elle transformait les plus robustes en polyploïdes, après les avoir plongés dans les grands bassins de Karlovac dans lesquels bouillonnait une enzyme au nom impossible. Des guerriers complètement idiots mais presque invulnérables, dont les organes se multipliaient sans cesse sous l’effet du mutagène. Les polyploïdes mouraient seulement quand le nombre de leurs cœurs, de leurs poumons et de leurs reins devenait excessif par rapport à leur masse corporelle. Ou alors quand ils finissaient littéralement écrasés ou carbonisés par les explosions. Mais un projectile unique ne pouvait les endommager sérieusement, et quelquefois pas même une rafale.


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