Le nom du monde est forêt

LE GUIN Ursula

Article publié le lundi 26 mai 2014 par Philémont

Quatrième de couverture

Davidson, le capitaine, sait ce qu’il a à faire. La Terre manque de bois ; Athshe, la planète-forêt, en fournit autant qu’il faut. Les créâtes, ces singes verts, abattent les arbres sous les ordres de Davidson. Athshe deviendra un vrai paradis et les créâtes n’en profiteront pas. Le seul qui les protège, c’est Lyubov, ce crétin de spé. Il a sauvé l’un deux, Selver, qui renâclait parce qu’on avait tué sa femme. Un comble ! Et maintenant Selver et quelques autres ont fui dans la forêt ; ils sont un peu moins rêveurs ; ils deviennent violents, commes les umins. Mais le pire, c’est que la Terre entre dans la Ligue des Mondes et qu’il faut arrêter le massacre. Et Selver songe à se venger en chantant. Alors là, non ! non ! NON !

Ursula Le Guin, née en 1929, est la fille de l’ethnologue Theodora Kroeber. Depuis des années, elle occupe dans la S.F. une place à part : sans méconnaître les cauchemars ambiants, elle édifie des univers chatoyants où des personnages étrangement sereins s’essaient à tenir compte des autres, à respecter leurs particularités, à vivre ensemble tout simplement. Elle a obtenu le prix Hugo en 1975, pour son roman les Dépossédés.

L’avis de Philémont

Athshe est une planète forestière. Son nom signifie d’ailleurs aussi bien « monde » que « forêt » dans la langue indigène. Quant aux terriens, nombre d’entre eux ont pris l’habitude de l’appeler « Nouvelle-Tahiti ». Il est vrai qu’ils s’y sont comportés comme des colonialistes dès avant la création de la Ligue de tous les mondes afin d’y exploiter la vaste forêt qui la recouvre. Dans ce cadre les autochtones, des humanoïdes de petite taille et à la fourrure verte, se sont révélés constituer une main d’oeuvre docile et bon marché. Du moins jusqu’à ce que les terriens dépassent les bornes et déclenchent en retour une rébellion meurtrière…

Le nom du monde est Forêt est un court roman faisant partie du cycle de l’Ekumen déjà évoqué dans ces pages. Sa thématique est sans ambiguïté ; c’est le colonialisme et ses effets dévastateurs sur le territoire occupé et ses habitants. Le récit n’est pour autant pas manichéen ; au contraire, et fidèle à ses habitudes, Ursula LE GUIN propose à ses lecteurs une véritable approche anthropologique de l’univers sylvestre qu’elle imagine. Elle nous y immerge réellement en abordant tous les aspects de ce monde, de sa géographie aux moeurs des autochtones, en passant par leur cosmogonie.

Le tout est d’une pertinence et d’une actualité remarquables. LE GUIN démontre une fois de plus qu’il n’est point besoin d’une succession de scènes d’action et de rythme effréné pour capter l’intérêt du lecteur. Une belle prose et un sujet impeccablement traité suffisent. Il n’est d’ailleurs pas surprenant qu’elle ait obtenu son deuxième Prix Hugo avec ce récit (1973).


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