La Citadelle des Ombres Vol1. (T1, 2 et 3 de la Saga de l’Assassin Royal)

HOBB Robin (LINDHOLM Megan)

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le vendredi 29 août 2008

Quatrième de couverture :

- Volume 1 - (L’Apprenti Assassin, L’Assassin du Roi, La Nef du Crépuscule)

Aujourd’hui, en France comme à l’étranger, La citadelle des Ombres est unanimement salué comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature fantastique du XXè siècle, à tel point que certains le comparent au Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien.

Impossible, en effet, de n’être pas envoûté dès les premières pages par la force et le réalisme de l’intrigue, le foisonnement des péripéties et leurs rebondissements, l’atmosphère de mystère et de magie de plus en plus oppressante au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans l’action. Au royaume des Six-Duchés, dans l’inquiétant décor d’une forteresse battue par les vents et les flots, Fitz, un jeune garçon issu d’une lignée royale, fait à la cour le rude apprentissage de la vie. Un maître d’écurie, étrange et bourru, lui prodigue conseils et affection ; un vieux sage isolé au sommet d’une tour, l’initie à la délicate perception du Bien et du Mal ; des molosses qui l’ont adopté lui apportent réconfort et protection. Commence alors pour le jeune homme un long voyage initiatique semé d’embûches et de trahisons. Un voyage sans retour au bout de l’angoisse, de l’amour, de la désespérance. Confronté aux cruelles exigences de la loyauté, existe-t-il pour lui une autre voie que celle du sacrifice ?

Avec un art consommé du suspense et une connaissance du cœur humain dont elle a le secret, Robin Hobb nous entraîne dans une bouleversante et superbe épopée.

L’avis de Cyrallen sur le Volume 1 : L’apprenti Assassin, L’Assassin du Roi, La Nef du Crépuscule :

L’univers décrit par Robin Hobb se tient bien, c’est le moins qu’on puisse dire, ses personnages sont merveilleux et très humains (étrangement, ils le sont encore plus lorsqu’ils possèdent des pouvoirs comme l’Art ou le Vif, formes de magie très peu répandues dans les Six-Duchés et parfois honteuses comme le Vif), mais pourquoi faut-il donc qu’il y ait autant de délayage du récit ??

A mon avis, La Citadelle des Ombres laisse une impression totalement différente suivant l’état d’esprit avec lequel on le lit. Il ne faut surtout pas être pressé d’arriver aux questions soulevées (mais qui sont ces Pirates Rouges et jusqu’où iront-ils ? Pourquoi Fitz ne se débarrasse-t-il pas une fois pour toutes de Royal ? Y-a-t-il un moyen de soigner les forgisés ?), ne surtout pas vouloir sauter d’étapes et attendre la suite des évènements avec patience (comme la Dame du même nom).

En effet, pour profiter pleinement de l’environnement dans lequel évoluent Fitz et les autres, mieux vaut plutôt attendre tranquillement la suite des péripéties, apprendre à connaître les personnages, leurs forces et leurs faiblesses, prendre le temps de vivre avec eux, les voir acquérir petit à petit de la consistance et toute leur dimension au fil des pages, pour qu’ils finissent par devenir de vieux amis que l’on aime à retrouver chaque fois qu’un nouveau chapitre est entamé.

Un autre point que je considère comme négatif : pour l’instant, seule une partie de l’univers a véritablement été exploré, on ne sait pas grand chose des us et coutumes des contrées de l’Intérieur, ni des Outrilliens, ni même des Montagnards alors que l’auteur a tout de même eu 1100 pages pour nous les faire connaître ! On reste quelque peu sur sa faim… Qui sera assouvie fort heureusement dans les trois prochain volumes.

Tableau récapitulatif des romans de Hobb se passant dans le même univers…
VO (First Edition)VF (Première édition)
The Farseer TrilogyL’assassin royal
1 - Assassin’s Apprentice (1995)1 - L’apprenti assassin (1998)
2 - Royal Assassin (1996)2 - L’assassin du Roi (1999)
3 - La nef du crépuscule (1999)
3 - Assassin’s Quest (1997) 4 - Le poison de la vengeance (2000)
5 - La voie magique (2000)
6 - La Reine solitaire (2000)
The Liveship TradersLes aventuriers de la mer
1 - Ship of Magic (1998)1 - Le vaisseau magique (2001)
2 - Le navire aux esclaves (2001)
3 - La conquête de la liberté (2002)
2 - Mad Ship (1999)4 - Brumes et tempêtes (2004)
5 - Prisons d’eau et de bois
6 - L’Éveil des eaux dormantes
3 - Ship of Destiny (2000)7 - Le Seigneur des Trois Règnes
8 - Ombres et flammes
The Tawny ManL’assassin royal
1 - Fool’s Errand (2001)7 - Le prophète blanc (2003)
8 - La secte maudite (2003)
2 - The Golden Fool (2002)9 - Les secrets de Castelcerf (2003)
10 - Serments et deuils (2004)
3 - Fool’s Fate (2003)11 - Le dragon des glaces
12 - L’homme noir
13 - Adieux et retrouvailles

- La Saga de l’Assassin Royal de Robin Hobb, par Jean-Marc Suzzoni -

Une courte biographie…

Megan Lindholm (de son vrai nom Margaret Astrid Lindholm Ogden), une romancière de science-fiction quasi-inconnue en France, car peu ou pas traduite, vient de se faire un nom dans la fantasy avec une trilogie parue récemment sous le pseudo de Robin Hobb. Je ne sais pas grand chose d’elle : elle est née en 1952, est mariée et a eu quatre enfants. Elle habite dans l’état de Washington, n’aimant pas la chaleur, ayant vécu en Alaska dans son enfance…

…et un poil d’intrigue…

C’est l’histoire d’un jeune garçon abandonné par sa très humble famille maternelle auprès du prince Vérité. Le père de l’enfant est le très noble prince Chevalerie, le frère aîné de Vérité. Chevalerie est aussi l’héritier, le Roi-servant, du royaume des Six-Duchés où le trône est encore occupé par le vieux roi Subtil de la dynastie des Loinvoyant. Vérité confie l’enfant à Burrich, le responsable des écuries, des faucons et des chiens de Chevalerie au château de Castelcerf, le siège excentré de la royauté. C’est cet homme bourru et secret qui lui donnera son premier nom : Fitz (terme désignant un bâtard en vieil anglais). Plus tard il deviendra FitzChevalerie par la volonté de son royal grand-père.

Très vite, Fitz se retrouve au cœur d’une multitude d’intrigues ou d’aventures insolites. D’abord, sa place dans la succession royale, car Chevalerie n’a eu aucun enfant de son mariage avec l’excentrique Dame Patience. Royal, le demi-frère de Chevalerie et de Vérité ne va pas accepter facilement la présence de ce nouveau venu à Castelcerf. Ensuite, l’amitié un peu particulière entre Fitz et Fouinot, un jeune chien, va scandaliser Burrich lequel se débarrassera de l’animal. Enfin, ses rencontres avec Molly, la fille du fabriquant de bougies de la ville voisine qui lui apportera un peu de tendresse, et aussi celle du mystérieux Fou, le Bouffon royal qui lui fournira une amitié dont il aura bien besoin.

L’éducation à la fois stricte et lâche, de garçon d’écuries, donnée par Burrich dans les premières années de la vie de Fitz à Castelcerf, fera place à une autre plus digne de son rang après la mort de Chevalerie. Mais secrètement, Umbre, un vieil homme vivant clandestinement au sommet d’une tour du château, viendra lui en donner une troisième : celle d’un assassin aux ordres directs de la dynastie des Loinvoyant… Une éducation bien venue dans l’accélération des crises qui vont secouer le royaume : les raids des pirates Outriliens, le mystère des forgisés, les intrigues de Royal, le mariage de Vérité avec la princesse Kettricken, l’affaiblissement progressif de Subtil et la renaissance de l’apprentissage de l’Art, la forme noble et royale de la magie, sous la direction de l’inquiétant Galen. D’autant que Fitz maîtrise aussi le Vif, l’empathie avec les animaux…

" Nous rêvons de sculpter notre propre dragon."
Ce qui frappe avant tout dans cette très longue histoire, c’est la puissance de l’auteur dans la description et la réalisation des personnages et dans l’évolution de ceux-ci. Ensuite l’atmosphère, lourde, inquiétante, désespérante et pourtant extrêmement vivante qui l’imprègne, mérite tout les éloges. Robin Hobb sait écrire, bien écrire et le traducteur a magnifiquement rendu la nostalgie d’un monde changeant qui suinte de ces somptueuses chroniques médiévalo fantastiques, lesquelles ne se closent pas vraiment par l’habituel happy end de rigueur.

Un peu de bibliographie :

Cette série de fantasy a eu diverses éditions en France. Essayons d’y voir plus clair… Les éditions Pygmalion/Gérard Watelet ont d’abord publié l’ensemble de la série en 6 tomes. Seul le premier tome en version originelle correspond au premier de la traduction française. Le second volume a été coupé en deux à la traduction, le troisième en trois.

The Farseer : Assassin’s Apprentice 1995 Tome 1 - L’Apprenti Assassin
The Farseer : Royal Assassin 1996 Tome 2 - L’Assassin du Roi Tome 3 - La Nef du Crépuscule
The Farseer : Assassin’s Quest 1997 Tome 4 - Le Poison de la Vengeance
Tome 5 - La Voie Magique
Tome 6 - La Reine Solitaire

La totalité de la saga a ensuite été republiée, toujours par Pygmalion, en deux tomes sous l’appellation La Citadelle des Ombres. _ J’ai Lu reprend en ce moment la série en poche avec L’Apprenti Assassin.

Extraits :

1- "Viens ici."
Je m’avançai avec circonspection. Une fois que je fus devant lui, il tomba sur un genou pour se mettre à ma hauteur. Le fou s’agenouilla solennellement à côté de nous et nous regarda tour à tour d’un air grave. Royal embrassait la scène d’un oeil furibond. A l’époque, je ne me rendis pas compte de l’ironie de la situation : le roi à genoux devant son bâtard de petit-fils ! Je gardais donc une attitude digne lorsqu’il me prit la tarte des mains et la jeta aux jeunes chiens qui m’avaient suivi. Il tira une épingle des replis de soie de son col et, d’un geste auguste, la piqua dans l’humble laine de ma chemise.
"A présent, tu m’appartiens, dit-il, rendant ainsi sa prétention sur ma personne plus importante que tous les liens du sang qui nous unissaient. Dorénavant, tu ne seras plus obligé de manger les reste de personne. Je m’occuperai de toi, et je m’en occuperai bien. Si un homme ou une femme cherche à te retourner contre moi en t’offrant plus que je ne te donne, viens me voir, expose-moi l’offre et je la surpasserai. Jamais tu ne trouveras en moi un ladre et jamais tu ne pourras alléguer de ma part un mauvais emploi de tes talents comme prétexte à me trahir. Me crois-tu, mon enfant ?"
Je hochai la tête, à la manière muette qui était encore la mienne, mais ses yeux bruns qui ne cillaient pas exigeaient davantage.
"Oui, Sire."

2- Fou, ce que tu racontes me dépasse", dis-je, mal à l’aise. Je ne l’avais jamais vu si passionné, jamais entendu s’exprimer si clairement. J’avais l’impression d’avoir fouillé dans des cendres grises et d’être soudain tombé sur la braise ardente qui rougeoyait en leur cœur ; elle brillait trop fort.
"Non, Fitz ; je me suis peu à peu convaincu que c’est par toi que tout passe." Il me tapota la poitrine de son sceptre à tête de rat. "La clé de voûte, la porte, le carrefour, le catalyseur, tu as été tout cela et tu continues à l’être. Chaque fois que je tombe sur une croisée de chemins et que la piste est incertaine, je hume le sol, je billebaude, j’aboie, je renifle et je trouve une odeur : la tienne. Tu crées des possibilités. Tant que tu existes, on peut manœuvrer l’avenir. C’est pour toi que je suis venu, Fitz ; tu es le fil que je tords. Un des fils, en tout cas. (…) Toi. Ou pas toi. Cheville, ancre, nœud sur la ligne… J’ai vu la fin du monde, Fitz, je l’ai vue tissée aussi clairement que ma propre naissance. Oh, pas durant ton existence, ni durant la mienne. Mais pouvons-nous éprouver du bonheur à nous dire que nous vivons au crépuscule plutôt qu’en pleine nuit ? Pouvons-nous nous réjouir de seulement souffrir tandis que nos rejetons connaîtront les tourments des damnés ? Cela peut-il être une raison de ne rien faire ?"


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