Le Dieu dans l’ombre

HOBB Robin (LINDHOLM Megan)

Article publié le mercredi 20 février 2008 par Philémont
Mis à jour le jeudi 28 août 2008

Quatrième de couverture

Evelyn a 25 ans. Un séjour imprévu dans sa belle-famille avec son mari et son fils de cinq ans tourne au cauchemar absolu. Une créature surgie de son enfance l’entraîne alors dans un voyage hallucinant, sensuel et totalement imprévisible, vers les forêts primaires de l’Alaska. Compagnon fantasmatique ou incarnation de Pan, le grand faune lui-même… Qui est le Dieu dans l’ombre ?

Une relecture du pansexualisme fabuleux, par l’auteur des célèbres cycles L’Assassin royal et Les Aventuriers de la mer.

« Un roman singulier et émouvant… Une ode magnifique à Mère Nature. »

L’avis de Philémont

Evelyn est quelque peu asociale. Elle préfère vivre isolée dans les forêts d’Alaska plutôt que de s’adapter aux normes sociales imposées par les humains. Alors ce séjour chez ses beaux-parents est une épreuve qu’elle n’accepte que parce que Tom, son mari, et Teddy, sont fils, sont là. Mais l’épreuve se transforme néanmoins en cauchemar et Evelyn trouve une fois de plus refuge dans cette nature qu’elle aime tant, parmi la faune et la flore qui l’accompagnent depuis sa plus tendre enfance…

Le Dieu dans l’ombre est avant tout un roman d’ambiance. Il prend la forme d’un long monologue de la part d’une femme torturée entre deux univers dans lesquels elles ne peut pas s’insérer totalement : celui des humains parce qu’il n’est pas adapté à sa nature psychique, celui des forêts parce qu’il n’est pas adapté à sa nature physique. Le personnage d’Evelyn est donc complexe même si ses mots semblent sortir de la bouche d’une femme simple qui nous raconte l’histoire de sa vie.

Une autre caractéristique narrative du roman est la structure choisie par l’auteur. Un large premier tiers du récit alterne des chapitres consacrés au présent, lors du séjour d’Evelyn chez ses beaux-parents, et des chapitres consacrés à son enfance, dans les forêts d’Alaska. Mais petit à petit les deux niveaux de lecture se rejoignent, pour aboutir au drame central, fortement ancré dans le présent, et à partir duquel toutes notions de temps et de lieu semblent disparaître. Et c’est bien parce que ni temps ni lieu n’ont désormais d’importance qu’Evelyn se reconstruit grâce à son ami-amant le faune qu’elle connaît depuis sa plus tendre enfance.

Le faune justement est l’unique créature qui rappelle au lecteur qu’il lit un roman de Fantasy. Il se fait en outre discret puisque seuls Evelyn et son fils semblent pouvoir le voir. Qui est-il ? D’où vient-il ? On ne sait pas trop, mais il est déjà l’emblème d’une ode à la différence, une allégorie de mère-nature. Il est tout simplement Le Dieu dans l’ombre.

On aura compris que l’on a à faire ici à un roman éminemment original, tant dans son intrigue que dans sa manière de la traiter. Les lecteurs traditionnels du genre Fantasy pourraient donc bien être déroutés, et ce d’autant plus s’ils s’attendent à y trouver les prémices de L’assassin royal ou des Aventuriers de la mer. Il est d’ailleurs étonnant de remarquer que c’est lorsque le faune se fait plus présent, bien réel, donc en fin de roman, que l’écriture de Megan LINDHOLM perd quelque peu de sa force.

Le Dieu dans l’ombre n’en demeure pas moins un magnifique roman, et un émouvant portrait de femme, qui ne peut laisser indifférent tout lecteur avide d’originalité.


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