Miroirs et fumées

GAIMAN Neil

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Alternant humour, réalisme, fantastique, noir, érotisme et interprétation moderne de mythes anciens, ce recueil de trente textes et nouvelles hantera longtemps votre imagination, bousculera vos sens, entraînera votre âme vers des profondeurs inconnues…

Entre les mains de Gaiman, la magie n’est pas une illusion, mais un révélateur puissant de notre humanité, obscurcie par les fumées de nos peurs et réfléchie dans le miroir de nos rêves.

Né en 1960 en Angleterre, auteur de la célèbre série de comics The Sandman, de livres pour la jeunesse, d’un roman écrit en collaboration avec Terry Pratchett, De Bons Présages, et d’un roman fantastique urbain, Neverwhere, Gaiman s’est imposé comme l’un des auteurs cultes de la nouvelle vague fantastique rock.

L’avis de Cyrallen :

Les nouvelles présentes dans Miroirs et fumées appartiennent toutes à des genres vraiment différents et c’est ce mélange hétéroclite qui fait que l’on accroche plus ou moins à l’ensemble.

Les nouvelles sont bien sûr inégales, certaines sont très bonnes et avec une chute surprenante, d’autres sont plus convenues, mais toutes bénéficient du savoir-faire de Neil Gaiman en matière d’écriture (en deux phrases, on est déjà plongé dans l’histoire, pas de délayage superflu), pour notre plus grand plaisir. Parmi les trente nouvelles et textes, j’ai préféré celles-ci, surtout à cause de leur originalité ou de leur style d’écriture :

- Chevalerie, ou les difficultés de Galaad pour récupérer le Saint Graal à une vieille dame anglaise bien comme il faut.

- Le bassin aux poissons et autres contes : un peu plus longue que les autres, dans laquelle un écrivain venu d’Angleterre doit s’adapter à la vie de Los Angeles qui défile à 100 à l’heure, pour vendre un scénario de film sans cesse remanié par les producteurs.

Extrait :
1- C’est loin ?
Il a secoué la tête.
Vingt-cinq, trente minutes environ, me répondit-il. Vous êtes déjà venu à L.A. ?
- Non.
- Eh bien, comme je dis toujours, L.A. est une ville de trente minutes. Où que vous vouliez aller, c’est à trente minutes de distance. Pas plus.

2- Il y avait un très vieux Noir, un employé de l’hôtel, qui traversait la cour chaque jour avec une lenteur presque douloureuse, arrosait les plantes et inspectait les poissons. Il souriait en passant, et je le saluais d’un signe de tête.(…)
- Jolis poissons.
Il a hoché la tête et a souri.
- Des carpes ornementales, importées de Chine.
Nous les avons regardées nager autour du petit bassin.
- Je me demande si elles s’ennuient.
Il a secoué la tête.
- Mon petit fils, il est ichtyologue, vous savez ce que c’est ?
- Il étudie les poissons.
- Hum-hum. Il dit qu’elles ont trente secondes de mémoire, environ. Alors, elles nagent dans le bassin, et c’est toujours une découverte pour elles, elles se disent : "J’avais jamais été dans ce coin avant." Elles rencontrent un poisson qu’elles connaissent depuis cent ans, et elles disent : "T’es qui, toi, l’étranger ?".

- La Spéciale des Shoggoths à l’ancienne : située dans l’univers de Chtulhu à Innsmouth (une ville homonyme en Angleterre !) elle fait intervenir un touriste égaré qui va apprendre bien des choses sur la région.

- Virus : très court, c’est un texte qui parle d’un jeu plus que prenant…

- On peut vous les faire au prix de gros : voir ce qu’en dit F. ci-dessous.

- Le balayeur de rêves : très court texte, mais très beau et presque effrayant ;)

- Neige, verre et pommes : Blanche-neige revisité façon Neil Gaiman !

L’avis de F. :

Miroirs et fumées est un recueil de nouvelles qui vont du fantastique à la science-fiction. Du pastiche Lovecraftien aux légendes revisitées, en passant par des histories érotiques d’un goût douteux, l’auteur aborde plusieurs genres sans véritablement convaincre.

Ces nouvelles sont très souvent assez plates et sans réelle consistance, ce qui les rend plutôt ennuyeuses. Seules deux ou trois nouvelles sortent véritablement du lot, mais globalement il n’y a pas de chutes spectaculaires ou d’idées sensationnelles, et ces nouvelles ne laissent pas de souvenir durable. Mais l’originalité du ton étrangement distant et assez décalé de Gaiman donne une saveur particulière à ces nouvelles, bien qu’on puisse rapidement s’en lasser. Toutefois ces nouvelles permettent (pour certaines) de passer un moment entre deux romans. A lire par petites touches.

Mes nouvelles préférées :

- Chevalerie : une vieille dame anglaise achète le Saint Graal chez un antiquaire. Un jour Galaad vient frapper à sa porte pour essayer de l’acquérir. Le choc des cultures et la description des personnages rendent cette nouvelle attachante.
« Gente dame, gardienne du saint des saints, accordez-moi de quitter ce lieu avec le Calice Bénit, afin que mes périples arrivent à leur terme et que ma tâche soit accomplie.
- Pardon ? demanda Mrs Whitaker.
Galaad se dirigea vers elle et pris les vieilles mains de la dame dans les siennes.
« Ma quête est achevée, lui dit il. Le Sanréal est enfin à portée de main. »
Mrs Whitaker fit la moue.
« Pourriez-vous ramasser votre tasse et votre soucoupe s’il vous plait ? » demanda-t-elle.
Galaad les ramassa en s’excusant.
« Non, je ne crois pas, continua Mrs Whitaker. Il me plait beaucoup là où il se trouve. Il est parfait entre le chien et la photo de mon pauvre Henry. »

- On peut vous faire un prix de gros : Pour faire assassiner un de ses collègues, un homme fait appel à une agence spécialisée dans "l’élimination complète et discrète de mammifères désagréables et superflus". Cependant cette agence a des tarifs de gros très avantageux que ce client ne voudrait pas rater…

- Les mystères du meurtre : un corps sans vie a été découvert dans la cité des anges. Un ange a-t-il pu se suicider ?

- Neige, verre et pommes : une variation étonnante sur le thème de blanche neige.


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