Les Songes superbes de Théodore Sturgeon

STURGEON Théodore

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Depuis 1977, a été entamée en France une redécouverte de Théodore Sturgeon, l’un des plus personnels des grands écrivains de science-fiction américains. Connu surtout dans notre pays par ses deux romans Cristal qui songe et Les plus qu’humains, Sturgeon est aussi l’auteur d’un très grand nombre de nouvelles où se manifeste avec éclat la singularité de son talent. C’est une sélection de certaines d’entre-elles qu’on trouvera dans ce volume, qui coïncide avec d’autres anthologies de Sturgeon déjà parues ou en préparation chez d’autres éditeurs. Publiées aux États-Unis entre 1941 et 1958, elles nous parlent des grand thèmes qui ont toujours préoccupé Sturgeon et qu’il a exprimées sous le couvert de la science-fiction : l’aliénation, la solitude, la "différence", la non-communication, le chemin qui mène à la compréhension de l’autre. C’est l’usage de ces thèmes qui fait que l’œuvre de Sturgeon n’a pas vieilli, ne vieillira pas. Aujourd’hui encore son message nous reste perceptible et direct, il s’adresse intimement à chacun de nous…

L’avis de Cyrallen :

Cette anthologie a le mérite retracer l’évolution de Sturgeon, qui s’est intéressé tout d’abord au fantastique pour n’écrire ensuite plus que de la science-fiction à échelle humaine. Onze nouvelles se succèdent, parfois inégales, parfois étranges mais tournant toujours autour de l’homme et de sa condition.

- Un égocentrisme absolu - (The Ultimate Egoist, 1941) Un homme égocentriste découvre que tout ce dont il rêve se réalise…

- Compagnon de cellule - (Cellmate, 1947) Un prisonnier doit composer avec le taciturne co-détenu qu’on vient de lui imposer.

- Un don spécial - (Talent, 1953) Un petit garçon aux étranges pouvoirs tyrannise son entourage…

- Dans la chambre sombre - (The Dark Room, 1953) Une créature extraordinaire a élu domicile chez un passionné de réunions du samedi soir…

- Celui qui lisait les tombes - (The Graveyard Reader, 1958) Comment apprendre à lire ce qu’il y a vraiment d’écrit sur les tombes : mode d’emploi.

- Abréaction - (Abreaction, 1948) Un conducteur de bulldozer franchit involontairement la trame espace-temps qui le sépare d’un autre monde peuplé d’extraterrestres.

- Paradis perdu - (The Love of Heaven, 1948) Un chasseur et son chien renouent des liens avec des cousins éloignés de l’humanité…

- Une soucoupe de solitude - (A saucer of Loneliness, 1953) Une jeune femme entre en collision en plein Central Park avec une soucoupe aussi grosse qu’un melon.

- Monde interdit - (The World Well Lost, 1953) Le rapatriement de deux extraterrestres renégats vers leur planète d’origine pose quelques problèmes aux deux membres d’équipage…

- La clinique - (The Clinic, 1953) Un retardé mental accumule les soupçons de simulation qui pèsent sur sa personne…

- Un triangle dans la tempête - (Hurricane Trio,1955) Un homme se retrouve déchiré entre sa femme et une belle inconnue rencontrée en pleine tempête.

Extraits :

1 - "Voyons les choses ainsi", débitais-je. "Le monde et l’univers sont strictement tels que je les vois. Je ne vois rien d’erroné dans la supposition que, si je ne crois pas à un objet donné, à une théorie ou à un principe, ils n’existent tout simplement pas."
"Tu n’as jamais visité le Siam, chéri," observa Judith. "Cela signifie-t-il que le Siam n’existe pas ?" Elle n’exprimait pas son désaccord mais elle savait comment me faire parler. C’était très bien ainsi parce que nous aimions m’entendre parler.
" Oh ! le Siam peut exister s’il le désire," dis-je avec générosité. "A la condition que je n’aie pas de raison de douter de son existence."
"Ah…" fit-elle. Elle n’avais pas déjà entendu cette argumentation auparavant, car je mettais beaucoup d’originalité à exposer le sujet. Il y a tellement d’aspects dans les nombreuses facettes de ma personnalité que je la juge tout à fait inépuisable.
Judith émit un gloussement.
"Supposons que tu doutes vraiment et sincèrement de l’existence du Siam, Woodie."
"Ce serait fort pénible pour les Siamois."
Elle éclata de rire et j’en fis autant, sinon cela aurait voulu dire qu’elle riait de moi, ce qui était impensable.
- Un égocentrisme absolu -

2 - Le feuilleton continuait de se dérouler comme d’habitude par une nouvelle crise dans la vie de l’héroïne dont tout le monde se foutait éperdument. N’empêche que, le lendemain, on remettait ça rien que pour savoir si la suite serait vraiment aussi stupide qu’on l’imaginait. - Compagnon de cellule -

3 - La fin du monde est arrivée lors de cette soirée chez Beck. Si seulement la Terre avait sombré dans le Soleil ou heurté une comète, je me serais fait une raison. J’aurais été capable de regarder le type à côté de moi chez le coiffeur ou la fille sur l’écran de la TV, en m’écriant : "Eh bien, ça y est, c’est la fin !" Et l’autre m’aurait adressé un coup d’œil hagard en éprouvant la même chose que moi. - Dans la chambre sombre -

4- Mais, si la civilisation terrestre était une pyramide, au sommet (où se tient le pouvoir) serait assis un aveugle, car nous sommes ainsi faits que c’est seulement en nous aveuglant un peu plus chaque jour que nous nous élevons au-dessus de nos semblables. L’homme au sommet est extrêmement préoccupé du bien-être de l’ensemble, parce qu’il le considère comme la source de son élévation, ce qui est exact, et comme un prolongement de lui-même, ce qui ne l’est pas. - Monde interdit -


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