Les plus qu’humains

STURGEON Théodore

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

L’Idiot vivait seul, rejeté par tous, fuyant les hommes qui le méprisaient. C’est alors que la rencontre avec un groupe d’enfants aux dons étranges va bouleverser sa vie : Janie, qui déplace les objets avec son esprit ; Beany et Bonnie, les jumelles qui disparaissent et apparaissent à volonté ; et Bébé, l’enfant mongolien au génie prodigieux.

Ils vont bientôt former une famille, autour de l’Idiot qui, pour la première fois, fait connaissance avec l’affection humaine. Peu à peu une unité d’un ordre supérieur, plus qu’humain, va s’établir entre les divers membres de ce groupe. Bébé en sera le cerveau, Beany et Bonnie les membres, Janie le cœur, et l’Idiot la conscience.

L’avis de Cyrallen :

Une gamine colérique et intraitable, des jumelles muettes et insaisissables, un simple d’esprit plus innocent que pathétique, un bébé trisomique cloué au berceau et deux enfants vouant dès leur plus jeune âge un haine éternelle à l’humanité… Et pourtant, de leur union à tous pourrait bien naître une entité au-delà de l’homme, au-delà de l’humanité.

Les plus qu’humains est un bouquin passionnant. Outre la fascination pour cet être étrange qui prend forme sous nos yeux et la sensation de vertige éprouvée à la fin du livre lorsque chacun des personnages a enfin joué cartes sur table, le récit excite notre curiosité et nous emmène sans difficultés au bout d’une réflexion habilement camouflée et rappelant par son étrange effet sur le lecteur celle des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Un bouquin étonnant à ne pas manquer !

Extraits :

1- L’Idiot habitait un univers noir et gris que déchiraient parfois l’éclair blanc de la faim et le coup de fouet de la peur. Ses vêtements en lambeaux laissaient voir ses tibias en lames de sabre et, sous sa veste déchirée, ses côtes qui saillaient comme des doigts. L’Idiot était de haute taille, mais plat comme une limande ; dans son visage mort, ses yeux étaient calmes.

2- Il dit qu’il est une sorte de cerveau et moi le corps, et les jumelles sont les bras et les jambes, et toi, toi tu es la tête. Et que le tout, c’est Je.
- Alors moi, je fais partie ?
- Tu es la tête, imbécile !
C’était comme si le cœur allait lui éclater. Il les regarda tous : les membres, le corps, une machine à calculer, et la tête pour les diriger.
- Et nous grandirons, Bébé, tu verras, nous sommes à peine nés.
- Jamais de la vie, dit Bébé. Il dit que c’est impossible avec une tête comme ça. Il dit que, pratiquement, nous pouvons faire n’importe quoi. Mais que, plus que probablement, nous ne ferons rien. Il dit que nous sommes quelque chose, pour sûr, mais que ce quelque chose, c’est un idiot.

3- Tout ce que je sais est que quand je serai terminé il n’y aura pas de quoi se vanter. Un corps plus rapide et plus fort que tout ce qu’on aura jamais vu jusque-là, mais avec une mauvaise tête dessus, pas la tête qu’il faut. Maintenant, c’est peut-être parce que je suis un des premiers. _ La gravure que tu m’as montrée…
- L’homme du Neandertal ?
- Ouais. Eh bien, maintenant que j’y pense, ce n’était pas un grand crack. Un essai dans une nouvelle spécialité ! C’est ce que je serai moi ! Mais peut-être que la tête qu’il faut viendra une fois que je serai tout organisé. Alors ce sera quelque chose !
Il grogna de satisfaction et s’en fut.


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