Moritori Norifumi (T4 La Série des Norifumi)

RIVET Jean-Marc

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Quand et où fut bâtie la première ville humanoïde ?.. A travers un jeu de miroirs entre deux époques, ce livre somptueux mêle visions futuristes et réinterprétation du passé : une aventure inoubliable.

L’avis de Cyrallen :

La question principale de Morituri Norifumi est de savoir comment se créent les civilisations. En particulier, la guerre est-elle LA force créatrice de toute société viable et durable ?

C’est ce que s’efforcent de trouver les nombreux scientiques d’Arik, une construction artificielle de six millions d’habitants qui cherche à travers l’univers les traces des premières civilisations ayant jamais existé de manière à tenter de répondre à cette question autant philosophique qu’historique.

C’est ainsi qu’il y a 25 ans, ils se stabilisent au dessus de la planète tardive, qui porte à sa surface des pyramides vieilles de près de 8000 ans. Mais ils espèrent bien, par leurs fouilles archéologiques intenses, dénicher près de ces pyramides des traces d’une civilisation beaucoup plus ancienne, veille de 40 000 ans qui serait la "mère de toutes les civilisations". Cette civilisation primordiale était-elle fondée sur la guerre et la violence comme les sociétés qui lui ont succédé, ou bien avait-elle trouvé un moyen pacifique de se développer et croître ? C’est ce que Norifumi et ses compagnons vont tenter d’éclaircir avec les scientifiques assyriens.

En parallèle, comme toujours avec les romans de cette série, tout un pan de l’action s’intéresse à la libération accidentelle de milliers de fous, entretenus et employés par les scientifiques pour dégager les abords des pyramides et pratiquer les fouilles. C’est ainsi que certains personnages complètement fous mais très comiques (à l’image de Tan Cristal ou Tan Taxi) viennent mettre leur grain de sel dans ces recherches de la plus haute importance pour les assyriens, désorganisant complètement la totalité du système mis en place. Si en plus l’intelligence artificielle qui s’occupe de la ville flottante se met de la partie et déboule dans les affaires des assyriens comme un chien dans un jeu de quilles avec une mauvais caractère incroyable, on comprend que Morituri Norifumi réserve de drôles de surprises !

Un roman souvent drôle, toujours surprenant et dont les racines sont néanmoins parfaitement philosophiques puisque l’enjeu de la découverte du pourquoi de la naissance d’une société vieille de 40 000 ans prête à réflexion. Norifumi et ses compagnons se trouvent quelque peu effacés dans ce roman au vu des personnages secondaires parfaitement bien décrits, et suffisamment originaux pour monopoliser l’attention du lecteur du début à la fin. Les séquences finales qui remontent le temps il y a 40 000 pour nous fournir des explications supplémentaires sont particulièrement cyniques, ce qui fait le charme de ce roman très agréable à lire et qu’on ne lâche pas avant de connaître le fin mot de l’histoire !

Extraits :

1 -Au fond, quel intérêt ? se demandaient ceux dont les aïeux, des milliers d’années plus tôt aviaent déjà dû douter de l’utilité des premiers voyages spatiaux lors de leurs lancements. "Non, nous ne sommes pas des ennemis du progrès !" ajoutaient ces hauts fonctionnaires sollicités par les assyriens pour financer leurs recherches archéologiques. "Mais vous comprenez, si nos concitoyens sont d’accord pour construire des villes de plus en plus belles, ils le sont moins pour dépenser de l’argent en cherchant à savoir à quoi ressemblait la première.
- Mais c’est important, répondaient leurs solliciteurs en quémandant des moyens pour trouver la ville mère, sans récolter beaucoup d’argent sur toutes les planètes qu’ils visitaient. On les savait bons scientifiques mais personne ne les avait jamais jugés fins politiques jusqu’au jour où, lors d’un colloque, l’un d’entre eux avait décidé de prendre le problème à bras le corps.
- Des bras !" avait dit cet assyrien en diagnostiquant ce qui leur manquait et ce que leurs travaux réclamaient : "Des bras pour creuser avec une pelle, avec une truelle et avec un pinceau."
Or, la main d’oeuvre coûtait cher.
"C’est même vertigineux, avait-il ajouté en sollicitant l’emploi de l’armée.
Son idée avait suscité un tollé.
- L’armée ! s’étaient récriés ses confrères. "Et puis quoi encore ?
- Les fous ! avait-il répondu sans se démonter.
- Les quoi ? s’étaient rebellés ses auditeurs.
Passant déjà pour de doux dingues aux yeux de leurs contemporains, ils n’avaient pas envie de monter d’un cran dans la hiérarchie psychiatrique.
"En plus, les fous sont incontrôlables, dirent-ils en repoussant son idée. _ "Ils jetteront les échantillons que nous auront triés.
- Qui sait ? s’était entêté l’orateur. "La responsabilité des vestiges ne sera donnée qu’à ceux qui sont capables de l’assumer, les autres ne feront que manipuler du sable."

2- Je vous échange un verre d’eau contre votre bateau, dit un jour une sirène à un capitaine.
- Mon navire ? Mais rien que sa cargaison vaut plus cher qu’une île ! lui répondit-il en éclatant de rire. Et que vaut une île sans eau ? demanda celle qui replongea dans les flots.
- D’accord ! Mon navire contre ce verre d’eau ! l’implora-t-il dans les jours qui suivirent, en mourant de soif avec tout son équipage, à bord de ce qui valait le prix d’une île… ou d’un verre d’eau.
C’est selon.

3- Qui sait ? répondit Tan Kubilaï, sidéré par l’âge de cette momie que Buster évaluait, lui aussi, à trente neuf mille ans : un chiffre vertigineux. (…) Qui dit plaie, dit peut-être crime, chuchota-t-il devant cette fée qu’il n’osait pas toucher.
- Un crime ? répondit Rachel en examinant les bandelettes et les marques autour du cou de la momie.
- Les sociétés primitives ont expérimenté beaucoup de choses, dont les sacrifices d’enfants, lui expliqua Tan Kubilaï, la gorge nouée, en rivant son regard sur la petite fée.


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