Le petit déjeuner des champions

VONNEGUT Kurt

Article publié le dimanche 7 septembre 2014 par Philémont

Quatrième de couverture

« Unique… un de ces écrivains qui dresse pour nous la carte de nos paysages, et pointent les espaces qui nous sont les plus familiers. » — Doris Lessing

Voici l’histoire d’une rencontre entre deux hommes solitaires, maigrichons et plus tout jeunes. Le premier, Kilgore Trout, obscur auteur de science-fiction, passe ses soirées à prédire l’apocalypse à son seul ami, Bill, une perruche. Quant à Dwayne Hoover, riche concessionnaire Pontiac dont l’unique compagnon est un chien nommé Sparky, il est sur le point de perdre la tête. Lorsque Kilgore Trout rencontre Dwayne au cours d’un festival, il lui offre l’un de ses romans. La lecture de ce livre va transformer Dwayne en monstre.

Kurt Vonnegut, immense figure de la littérature américaine, démantèle dans ce roman prophétique la folie du monde moderne dans un jeu de massacre où rien ni personne n’est épargné.

L’avis de Philémont

Personnage secondaire dans Abattoir 5, Kilgore Trout est au centre de l’intrigue du Petit déjeuner des champions. Ce septième roman de Kurt VONNEGUT en constitue même la biographie au moment où sa carrière d’écrivain de science fiction semble vouloir s’envoler. Car jusque-là Trout a eu beau être prolixe (117 romans et 2000 nouvelles) il n’a publié que dans d’obscures revues… pornographiques ; il a toutefois un unique fan, Eliot Rosewater, lequel s’avère richissime et l’invite à participer à un festival artistique dans le Midwest américain. Et c’est à Midland City qu’il va croiser la route de Dwayne Hoover, un notable de cette bourgade qui s’est élevé grâce à son activité de vendeur de voitures et qui est en train de perdre la tête. A ce dernier titre, la rencontre entre Trout et Hoover sera déterminante pour la santé mentale du second…

Voilà en quoi Le petit déjeuner des champions est l’histoire d’une rencontre entre deux hommes, comme il est indiqué dans la quatrième de couverture. Plus précisément le roman se structure autour de deux récits convergents l’un vers l’autre, auxquels viendra finalement se greffer celui de l’auteur lui-même, tel un créateur tout puissant ayant droit de vie et de mort sur ses personnages. Le tout est délicieusement azimuté, et pas seulement à cause de cette structure improbable. Car les interventions de Kilgore Trout sont autant de réflexions sur tout et n’importe quoi, sur sa vision de la vie aux Etats-Unis (enfin de sa vie…), sur sa carrière d’écrivain et certaines des histoires qu’il a écrite et que l’on aimerait bien pouvoir lire un jour (par exemple celle de ce scientifique qui découvre le moyen de se reproduire dans le bouillon de poule), le tout étant abondamment illustré de dessins qui viennent mettre l’accent sur certains thèmes évoqués. Quant aux passages consacrés à Dwayne Hoover ils prennent la forme de tranches de vie venant diagnostiquer sa folie progressive, laquelle est intimement liée à l’état de la société dans laquelle il vit.

Tout cela est inénarrable (les éclats de rire sont fréquents) et d’une grande originalité. De plus, sous l’oeuvre décalée qu’est Le petit déjeuner des champions, se cache également une satire sociale tout aussi pertinente que glaçante. Il s’agit donc d’un autre excellent roman de Kurt VONNEGUT que l’on peut découvrir aujourd’hui dans une nouvelle traduction, quarante ans après la première éditée au Seuil (Le breakfast des champions, 1974).


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