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Titre Original
Le Berceau du chat, Kurt VONNEGUT (Cat’s Cradle, 1963) Traduction de Jacques B. HESS Illustration de Tibor CSERNUS J’ai Lu, collection Science-Fiction n° 556, 4ème trimestre 1974, 256 pages
Genre
Science-fictionEvaluation
Note 5/5
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Citation
"La SF, ce n’est pas un genre littéraire, c’est tous les genres, c’est le lyrisme, la satire, l’analyse, la morale, la métaphysique, l’épopée. Ce sont toutes les activités de l’esprit humain en action dans les horizons sans limites. C’est en ce moment la seule littérature vivante du monde entier." BARJAVEL RenéLe berceau du chat
VONNEGUT Kurt
Quatrième de couverture
Que se passait-il dans le monde le jour où le fameux champignon déroulait ses volutes dans le ciel d’Hiroshima ? Que faisaient les « pères » de la bombe et en particulier le Dr Hoenikker, mort dans des circonstances fort mystérieuses ? Voilà les questions qui font courir Jonas — la curiosité faite journaliste — et qui le jettent sur les rivages de San Lorenzo, une de ces petites républiques comme on n’en fait que dans les Caraïbes. Il y a là « Papa » Manzano, le maître de l’île, qui inflige le supplice du croc pour un oui pour un non, sa fille adoptive, Mona, une somptueuse négresse blonde dont Jonas tombe instantanément amoureux, un prophète hors-la-loi dont chacun révère en secret les préceptes subversifs. Sans oublier les enfants Hoenikker qui pourraient bien détenir entre leurs mains innocentes la dernière invention de leur cher papa : la glace-9 dont la vertu majeure est de transformer en solide tout ce qui est liquide. De quoi déclencher un joli cataclysme…
L’avis de Philémont
Jonas est journaliste et souhaite écrire un livre sur la journée du 6 août 1945, celle de la première bombe atomique. Pour cela il s’intéresse à tous les évènements annexes à ceux d’Hiroshima, notamment au vécu de la famille Hoenikker, dont le patriarche est considéré comme le père de la bombe. Ce dernier et sa femme sont certes décédés, mais leurs enfants sont toujours en vie. Il y a Newton, le cadet, frappé de nanisme et bien trop jeune le jour-dit pour aller au-delà de simples anecdotes familiales. Il y a Angela, l’aînée, maîtresse de la maison Hoenikker depuis la mort de sa mère, et incapable de prendre la mesure des activités de son père. Et il y a Franklin, le rebelle, qui s’est réfugié sur l’île de San Lorenzo, petite république des Caraïbes, dirigée d’une main de fer par « Papa » Manzano.
Jonas enquête donc en interrogeant les trois enfants Hoenikker. Sa rencontre avec Franklin est tout particulièrement marquante parce que celui-ci est assisté par Bokonon, un gourou local dont la doctrine s’appuie sur l’idée que le mensonge doit diriger toute vie puisque celui-ci « te fait brave et agréable, il te fait bien portant et heureux ». Cela va même jusqu’à l’organisation par Bokonon lui-même de l’interdiction de cette religion à San Lorenzo, le châtiment étant le supplice du croc, une éventration en place publique. C’est ainsi que tous les habitants de San Lorenzo sont bokononistes mais qu’ils le taisent, la religion officielle de la République étant le catholicisme.
Jonas découvre en outre que les enfants Hoenikker détiennent l’une des dernières inventions de leur père, la glace-9, dont la propriété majeure est de transformer en solide ce qui est liquide. Avec cette découverte, il comprend également que Félix Hoenikker était un véritable enfant asocial, ses découvertes scientifiques ayant été pour lui de véritables jeux dont les implications lui échappaient totalement. On sait ce que cela a donné avec la bombe atomique ; on imagine les implications potentielles de la glace-9, surtout entre les mains d’une secte.
Tout cela le lecteur le découvre au travers d’une centaine de courts chapitres au style particulièrement travaillé. Avec cette intrigue pour le moins loufoque, Kurt VONNEGUT démontre son sens de l’absurde et du cynisme, six ans avant son oeuvre majeure, Abattoir 5. Sous sa plume, chaque idée est un sujet de réflexion pour le lecteur, l’ensemble constituant une démolition méthodique des travers du monde moderne et une démonstration de la bêtise humaine.
Le berceau du chat est donc une nouvelle oeuvre marquante de cet auteur. Elle est certes pessimiste, mais elle est aussi particulièrement bien construite et écrite. Surtout, son propos est d’une intelligence rare dont il serait dommage de se priver, même près de cinquante ans après sa première publication.