Sauvagerie

BALLARD James Graham

Article publié le vendredi 13 janvier 2012 par Philémont

Quatrième de couverture

Pangbourne Village est un enclos résidentiel de luxe près de Londres, où une dizaine de familles aisées — directeurs généraux, financiers, magnats de la télé — vivent en parfaites harmonie et sécurité. Jusqu’au jour où l’on découvre que tous les enfants viennent d’être kidnappés et leurs parents sauvagement massacrés. Deux mois après les faits, les enlèvements ne sont toujours pas revendiqués. Les enquêteurs sont dans l’impasse. Impuissants, ils se repassent avec effarement la vidéo tournée sur la scène du crime. La froideur méticuleuse des assassinats ajoute à l’impression d’être en présence d’une tuerie hors-norme. La police décide de faire appel à un psychiatre, le docteur Richard Greville, pour reprendre l’enquête. Dans ce bref roman magistral — qui rappelle le formidable auteur de nouvelles qu’il est par ailleurs — J.G. Ballard explore les conséquences extrêmes de la logique ultra-sécuritaire.

J.G. Ballard est né en 1930 à Shanghai. À la suite de l’attaque sur Pearl Harbor, il est interné avec sa famille par l’armée japonaise dans un camp de prisonniers civils jusqu’à la fin de la guerre. De retour en Angleterre et après des études de médecine à Cambridge, il exerce divers métiers, notamment comme pilote de la RAF au Canada. Ses premières nouvelles paraissent en 1956 et dès lors il ne cesse plus d’écrire. Son premier roman, Le Monde englouti, est publié en 1962, suivi depuis d’une trentaine d’autres livres de fiction. Deux d’entre eux ont été adaptés au cinéma par Steven Spielberg (Empire du Soleil) et David Cronenberg (Crash). J.G. Ballard — qui est souvent présenté outre-manche comme « le plus grand auteur anglais vivant » — vit près de Londres, à Shepperton.

L’avis de Philémont

Sauvagerie est un court roman prenant la forme du journal circonstancié du docteur Richard Greville, psychiatre appelé en renfort par la police pour enquêter sur le massacre de Pangbourne Village dans lequel tous les adultes ont été retrouvés assassinés, et tous les enfants ont disparu.

J. G. BALLARD situe son roman dans la seconde moitié des années quatre-vingt dans une banlieue résidentielle de Londres. La réussite sociale y était la norme, la sécurité maximale. Des caméras de surveillance étaient d’ailleurs disséminées partout dans le village et deux gardes se relayaient 24 heures sur 24. C’était les années Thatcher, celles de l’ultra-libéralisme, et de la logique ultra-sécuritaire.

A cet égard, l’enquête de Richard Greville est effroyable. La technique narrative est à son image : factuelle, précise et glaciale. C’est ni plus ni moins que le reflet d’une société totalement aseptisée, mais néanmoins non sans faiblesses. Le dénouement fait réellement froid dans le dos.

Sauvagerie est donc un récit percutant. Parfaitement écrit, il est représentatif d’une bonne part de l’oeuvre de BALLARD, celle de cette anticipation sociale qu’il revendiquait comme court-termiste puisque plus représentative d’un « présent visionnaire » que d’un « futur inventé ». Sa taille peut d’ailleurs en faire une bonne introduction à l’oeuvre ballardienne dans son ensemble.


Réactions sur cet article

Aucune réaction pour le moment!



 
Propulsé par SPIP 1.9.2g | Suivre la vie du site RSS 2.0