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Rihla, 2003Genre

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Rihla
AGUILERA Juan Miguel
XVe siècle de l’ère chrétienne, an 890 de l’hégire. En déchiffrant d’antiques tablettes syriennes, Lisán al Aysar, érudit arabe du royaume de Grenade, a acquis la conviction qu’il existe un autre Monde, au-delà de l’océan. Il décide de s’embarquer pour la rihla, grande expédition initiatique, en compagnie d’un équipage d’aventuriers de tout bord, des corsaires turcs et des chevaliers sarrasins, un sorcier mamelouk, un pilote biscayen ivrogne et borgne… Rihla nous emporte ainsi vers l’Amérique d’avant Colomb, dans le souffle du voyage, des batailles, de la connaissance, de la magie et de l’amour. Dans le souffle de l’aventure…
« Lisán s’enferma dans la dunette et déplia ses cartes navales, qui étaient des calques sur bon papier de ses tablettes de plomb. Il étudia ces trésors qu’il était le seul à comprendre et lut : ’Notre Mer occupe le centre du Monde, il est de forme ovale et possède une seule sortie, percée par le dieu Melqart en des temps lointains, appelée Brèche de la mer immense par les gens de Keftiú, et les colonnes de Melqart par les Tyriens.’ »
Lauréat en France du prix Imaginales et du Prix Bob Morane étranger 2002, avec La Folie de Dieu (Au diable vauvert), Juan Miguel Aguilera s’est distingué comme un romancier au souffle épique exceptionnel, doué d’une inspiration visionnaire qui mêle roman de voyage et d’aventure, roman historique et spéculation scientifique.
L’avis de Philémont :
A la fin du XVème siècle chrétien, Lisán al-Aysar, érudit musulman de Grenade, découvre des vestiges archéologiques qui le persuadent de l’existence d’un Autre Monde, au-delà de la mer Ténébreuse (l’océan Atlantique). Désireux de réaliser la traversée, et après une rencontre qui tourne mal avec un certain génois, il s’entoure d’un équipage hétéroclite pour partir en quête de ce continent inconnu…
Comme son titre arabisé l’indique, Rihla est un récit de voyage composé d’observations de toutes natures : factuelles bien sûr, mais également géographiques, ethnologiques, religieuses, etc. De fait, la découverte de l’Amérique par Lisán al-Aysar, quelques mois avant celle de Christophe Colomb donc, est un sujet riche d’enseignements pour un érudit tel que lui, d’autant qu’il échoue sur un territoire qui est le théâtre d’une guerre sans merci entre mayas et aztèques (quelque part entre le Honduras et le Mexique actuels).
Juan Miguel AGUILERA adopte donc la même technique narrative que dans La folie de Dieu. Il mêle habilement descriptions détaillées des moeurs mayas et aztèques, action et fantastique. De même, s’il s’arrête plus sur la personnalité de Lisán al-Aysar qu’il ne le faisait sur celle de Ramon Llull, la psychologie des personnages secondaires n’est que trop peu évoquée. Enfin, et au contraire de ce que l’on pouvait regretter dans La folie de Dieu, les scènes d’actions sont nombreuses mais trop longues. C’est tout particulièrement le cas des scènes de sacrifices humains, particulièrement sanglantes de surcroît.
Mais au-delà de ces quelques défauts, il faut reconnaître qu’AGUILERA est un formidable conteur. Ses idées sont excellentes, ses mises en perspective historique rigoureuses, sa plume d’une grande finesse. Maniant l’allusion à la perfection, il sait parfaitement faire découvrir ses univers aux lecteurs en même temps qu’à ses personnages, ce qui permet aux premiers d’être tenus en haleine tout au long du roman.