Coupable

BRITE Poppy Z.

Article publié le lundi 24 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Recueil de 21 articles, essais, analyses, chroniques, Coupable est une plongée dans l’intimité de l’auteur culte qu’est Poppy Z. Brite. Sexe, drogues, rockn’roll, décadence, passions et influences littéraires de Baudelaire à King ou Burroughs, culture gothique, underground fantastique… de quoi comprendre l’univers et les ressorts secrets d’un écrivain au romantisme noir qui bouscule l’Amérique depuis son premier livre.

Née en 1967 à la Nouvelle-Orléans, où elle vit avec son mari Chris, égérie de la culture gothique, lauréate en 1994 du British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d’une avant-garde d’écrivains entre underground et poésie du corps.

"Poppy Z. Brite incarne ce que les Anglo-Saxons ont accompli en littérature : donner des lettres de noblesse à leur culture underground." - Virginie Despente -

L’avis de Cyrallen :

Comme le 4ème de couverture le laisse présager, Coupable n’est pas un roman tout-public, quelques textes pouvant être crûs pour un lecteur non averti. Ce n’est pas non plus de la SF à proprement parler.

Mais Poppy Z. Brite étant un écrivain d’horreur, je pense qu’elle a sa place sur ce site, y compris avec ce recueil qui permet de mieux cerner un personnage complexe et tourmenté.

A travers des instantanés de vie qu’elle a bien voulu faire partager en les publiant, Poppy nous fait mieux connaître cette culture underground souvent insaisissable.

A lire par un public averti uniquement, souhaitant mieux connaître cet écrivain polémique.

Extraits :

1- Lorsque Le Parrain est sorti, on a longuement commenté sa violence extrême, mais les polémiques qu’il a entraînées venaient du fait qu’il présentait assassins et criminels sous un jour sympathique. Lorsqu’on la voit pour la première fois, la mort de Sonny Corleone est des plus éprouvantes, que le spectateur approuve ou non les activités criminelles de Sonny.

Il existe d’autres films controversés - Blue Velvet, Orange mécanique, Tueurs nés - alliant une grande ambiguïté morale et une violence soigneusement chorégraphiée et dépeinte de façon exquise. La récurrence de ces deux facteurs réunis couvre plusieurs décennies de l’histoire du cinéma et plusieurs siècles de l’histoire de l’art et de la littérature.

Nous percevons une ambiguïté similaire dans des oeuvres moins construites comme les "chocumentaires" et le vidéo-clip de Nine Inch Nails. Ces personnes (ou ces personnages) n’existent que pour que nous les voyons mourir, et ils doivent mourir de façon spectaculaire.

Comme dans les films cités plus haut, on ne trouve aucune leçon de morale quand vient la fin. C’est à nous de tirer nos propres conclusions.

Telle est la valeur de cette quête de la poésie dans la violence. Le spectateur est obligé d’analyser ses propres réflexions sur la mort, la souffrance et la soupe viscérale qui se trouvent en chacun de nous. Il est contraint de comprendre les sentiments que lui inspirent ces sujets hautement personnels plutôt que de renforcer les sentiments que lui dicte la société (la peur, le dégoût).

Lorsque j’ai vraiment commencé ma propre quête, j’ai découvert que les choses que j’avais imaginées voir dans les films violents étaient souvent bien plus terrifiantes que celles que je voyais en fait. Je me suis donc mise à écrire sur les choses que j’avais imaginées voir et, souvent, les scènes qui dérangeaient le plus mes lecteurs étaient celles que j’avais trouvées les plus belles en les rédigeant.

Ceux qui disent qu’il n’y a pas de poésie dans la violence n’ont pas assez bien regardé ou refusent carrément de regarder.
Mais peu importe. Même si la poésie ne les trouve jamais, la violence finira par les trouver.


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