Les Royaumes du Nord (T1 A la Croisée des Mondes)

PULLMAN Philip

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Quand Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît, victime des ravisseurs qui opèrent dans tout le pays, elle n’hésite pas à se lancer sur ces traces. Un voyage vers le Grand Nord, périlleux et exaltant, qui lui apportera la révélation de ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la croisée des mondes.

"C’est le roman fantastique du millénaire… fantastique dans son sens le plus ambitieux et le plus sérieux. (…) Les jeunes lecteurs, à l’approche de l’an 2000, se sentiront plus proches des tourments et des préoccupations du monde parallèle de Pullman que bien des adultes. Après tout, eux aussi vivent dans un monde médiéval et ultra-moderne."
- The Times, Grande-Bretagne -

"Vous aimez le fantastique ? Lisez donc Les Royaumes du Nord. Vous ne l’aimez pas ? Lisez-le aussi ! Au-delà du récit, mené de main de maître, Les Royaumes du Nord délivrent un vrai message de sagesse."
- La Croix -

"A lire absolument, sans limite d’âge !"
- Télérama -

"Un récit captivant, étrange, original, le premier tome d’une grande saga qui vous emmènera jusqu’au Grand Nord, à la frontière d’autres mondes. Prêt à embarquer ?"
- Je bouquine -

"Premier volume d’une trilogie vraisemblablement destinée à devenir un classique de la littérature de jeunesse, ce roman fascinera les enfants par son extraordinaire esprit inventif, son intrigue parfaitement menée, mais aussi par sa qualité littéraire indéniable."
- Sélection Noël 98 de la Fnac Junior -

L’avis de Cyrallen :

En lisant les louanges du quatrième de couverture, on a de sérieux doutes sur la véracité des commentaires, trop beaux pour être réalistes. Eh bien pas du tout, à ma grande surprise, ces remarques sont tout à fait fondées. Les Royaumes du Nord est un roman pour la jeunesse, effectivement, mais l’intrigue est intelligemment exploitée, inventive, les personnages sont plein de vie et de mystère pour certains. Il est beaucoup plus fouillé que les livres pour la jeunesse classiques, même les plus connus et médiatisés (pour n’en citer qu’un ;)

Évidemment, et on commence à en avoir l’habitude dans ce genre de roman, l’héroïne Lyra est une enfant orpheline possédant des talents spéciaux dont elle ne connaît pas encore la portée mais dont dépend l’avenir d’une multitude de mondes, rien de moins. Recueillie et élevée dans le Jordan College de l’Université d’Oxford, gravitent autour de la petite Lyra des personnages de toute provenance, personnalités politiques d’importance, conseils d’érudits, personnels du College, enfants de gitans…

Le murmure tranquille de la vie au Jordan College serait parfait s’il n’était troublé en ces temps de doute par des rumeurs en provenance du Grand Nord. En effet, c’est dans ces régions glaciales mal connues et hostiles que les scientifiques mènent des expéditions pour découvrir la provenance de la "Poussière", une substance mystérieuse qui semble recouvrir de façon invisible les enfants et qui paraît disparaître à l’adolescence…

A partir de là, la machine est lancée. De surprises en surprises, avec une écriture délicate, subtile, et des personnages vraiment originaux (je pense aux Ours en armure !) il est difficile de ne pas se laisser entraîner sur les traces de Lyra.

Pullman a créé un atout supplémentaire à ses personnages : leur daemon (à prononcer démon), une espère d’entité capable de changer d’apparence chez les enfants mais pas chez les adultes, indissociable de son porteur, et qui définit par essence les humains comparativement aux autres habitants des Royaumes. De quoi ravir les jeunes lecteurs et donner matière à réflexion aux moins jeunes :)

Un très bon moment de lecture. A noter que le premier volet du film sur la trilogie vient de sortir cet hiver 2008 pour les fêtes.

L’avis de Philémont :

Lyra, accompagnée de son daemon, Pantalaimon, vit dans un collège d’Oxford comme le ferait n’importe quelle gamine de 11 ans jusqu’à ce qu’elle soit enlevée par les "Enfourneurs", voleurs d’enfants notoires, mais dont les intérêts sont pour le moins obscurs. Commence alors pour Lyra une série d’aventures qui la conduira jusqu’aux Royaumes du Nord…

Ce premier tome d’une trilogie destinée avant tout à la jeunesse est très déconcertant. Je savais déjà que les romans pour enfants n’étaient pas forcément destinés qu’à ce seul public. En revanche, j’ignorais que les histoires racontées n’étaient pas forcément simples, voire simplistes. J’ignorais surtout que les thèmes abordés pouvaient aller bien au-delà des difficultés de l’adolescence.

Il ne faut surtout pas s’arrêter au thème général du roman décrit ici ou là (la jeune innocente confrontée à des problèmes qu’elle ne comprend pas…). Dès le départ on est plongé dans un monde original qui allie archaïsme et modernité. Oxford ressemble à une cité moyenâgeuse dirigée par des Érudits, qui rappellent fortement une époque où les ecclésiastiques étaient plus obscurantistes les uns que les autres. Mais cette société dispose d’une technologie évoluée qui permet aux humains de voler et surtout de détruire toute forme de vie.

Cette société ecclésiastique est d’ailleurs au cœur de l’intrigue. C’est subtilement conduit et il faudra attendre la fin du roman pour avoir des explications très précises sous la forme d’un dialogue entre deux protagonistes qui parlent de l’Église et du péché originel… C’est à la lecture de ce chapitre que j’ai vraiment compris pourquoi Les Royaumes du Nord n’est pas seulement un roman pour enfants, et m’a fait douter de la parfaite compréhension de ces derniers à la lecture du roman.

En plus, le ton est plutôt triste et dur. Même la fin n’est pas un happy-end comme on pouvait s’y attendre dans un tel roman. Mais il semblerait que Philip Pullman ait réussit son pari puisque les enfants adorent cette trilogie, à l’instar de la petite Noémie qui écrit quelque part sur Internet : "Au début du livre, on comprend rien, mais quand on continue, l’histoire devient de plus en plus palpitante !".

C’est tant mieux pour les enfants, qui ont la possibilité de lire un livre intelligent ! C’est tant mieux pour les adultes, qui trouveront là matière à réflexion ! Mais Cyrallen nous l’a déjà dit ;)

L’avis de Denis :

A la croisée des mondes est une trilogie, qui se déroule dans plusieurs mondes différents. Ces mondes se ressemblent, sans pourtant être semblables. L’auteur commence dans le premier tome à nous présenter l’environnement de l’héroïne, Lyra, une jeune fille vivant à Jordan College. Au fil du texte, elle évoluera dans le Grand Nord, royaume d’ours en armures et désert de glace. Elle rencontrera dans son odyssée un jeune garçon du nom de Will, originaire de notre propre monde…

En définitive, l’auteur avance dans l’écriture de la saga avec une simplicité et une limpidité incroyable. On s’attache aux personnages, si bien que lorsque le troisième tome se termine, on ressent une sensation étrange. L’estomac se noue, et l’esprit est en proie à une grande réflexion…

Extraits :

1- Par bien des côtés, Lyra était une barbare. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était escalader les toits du collège avec Roger, le marmiton, son meilleur ami, et cracher des noyaux de prune sur la tête des Érudits qui passaient en dessous, ou imiter les ululements de la chouette derrière une fenêtre, pendant que se déroulait un cours ; ou encore courir à toute allure dans les rues étroites de la ville, voler des pommes sur le marché, ou livrer bataille. De même que Lyra ignorait tout des courants souterrains qui régissaient la politique de Jordan College, les Érudits, pour leur part, auraient été incapables de percevoir le foisonnement d’alliances, de rivalités, de querelles et de traités qui constituaient une vie d’enfant à Oxford. Des enfants qui jouent, quoi de plus agréable à regarder ! Qu’y avait-il de plus innocent, de plus charmant ?
En vérité, Lyra et ses camarades se livraient une guerre dans pitié. (…) Cette rivalité, vieille de plusieurs centaines d’années, était aussi profonde que jubilatoire.
Pourtant, elle-même disparaissait quand les autres ennemis se faisaient menaçants. Parmi eux figurait un adversaire permanent ; il s’agissait des enfants des briquetiers qui vivaient près des carrières d’argile, méprisés par les enfants des collèges aussi bien que par ceux de la ville. L’année précédente, Lyra et certains enfants de la ville avaient conclu une trêve pour lancer une attaque sur les briquetiers, bombardant les enfants des carrières avec des boules de terre glaise et détruisant le château tout mou qu’ils avaient construit, avant de les rouler pendant un bon moment dans cette substance visqueuse près de laquelle ils vivaient, si bien qu’à la fin du combat, vainqueurs et vaincus ressemblaient à un troupeau de golems vociférants.

2- Il changea de diapositive encore une fois. La photo suivante avait été prise de nuit elle aussi, mais sans clair de lune cette fois.
On voyait un petit groupe de tentes au premier plan, se détachant faiblement sur l’horizon bas, et à côté, un empilement désordonné de caisses en bois, avec un traîneau. Mais le principal intérêt de cette photo résidait dans le ciel. Des rayons et des voiles de lumière pendaient tels des rideaux, en boucles et en guirlandes, retenus par des crochets invisibles, à des centaines de kilomètres d’altitude, ou bien flottant en biais, portés par le courant de quelque vent inconcevable. (…)
- Pardonnez mon ignorance, dit le vieux Préchantre, de sa voix tremblante, mais si j’ai su un jour ce qu’était l’Aurore, je l’ai oublié. S’agit-il de ce qu’on appelle les Lumières du Nord ?
- Oui. Elle possède plusieurs noms. Elle est composée d’orages de particules chargées et de rayons solaires d’une intensité et d’une force extraordinaires, invisibles en eux-mêmes, mais qui provoquent cette radiation lumineuse lorsqu’ils entrent en contact avec l’atmosphère. Si j’avais eu le temps, j’aurais fait teinter cette photo pour vous montrer les couleurs, du vert pâle et du rose essentiellement, avec une touche pourpre tout en bas de cette formation semblable à des rideaux. Il s’agit là d’un cliché réalisé avec une émulsion ordinaire. Je vais maintenant vous montrer une photo prise avec l’émulsion spéciale.
Il retira la diapositive. (…)
Pendant ce temps, Lord Asriel glissait une autre photo dans le chariot de la lanterne. Elle montrait la même scène. Mais, comme avec les deux photos précédentes, la plupart des détails visibles à la lumière ordinaire étaient ici beaucoup plus sombres, à l’instar des rideaux rayonnant dans le ciel.
Toutefois, très haut au-dessus de ce paysage morne, Lyra apercevait une forme compacte. Elle constata que, comme elle, les Érudits assis près de l’écran se penchaient en avant pour mieux voir. Plus elle regardait cette photo, plus son étonnement croissait, car là, dans le ciel, on distinguait bel et bien les contours caractéristiques d’une ville : des tours, des dômes, des murs… des bâtiments et des rues suspendus dans le vide ! Elle faillit pousser un petit cri d’émerveillement.
L’Érudit Cassington dit :
- Ca ressemble à… une ville.
- Exactement, répondit Lord Asriel.
- Une ville d’un autre monde, assurément ? dit le Doyen, une note de mépris dans la voix.
Lord Asriel l’ignora. Un mouvement d’excitation parcourut certains Érudits, comme si, ayant rédigé des traités sur l’existence de la Licorne, sans jamais en voir une, on leur présentait un spécimen vivant qui venait d’être capturé.


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