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« La science-fiction est le moyen d’expression par lequel notre misérable certitude que demain différera d’aujourd’hui de façon imprévisible peut être transmuée en une attente impatiente et passionnante. » John BrunnerQuatrième de couverture :
Sur l’île artificielle d’Anarchia mise au ban des nations pour ses détournements de brevets génétiques, se prépare un colloque de physiciens. Andrew Worth, journaliste à la camera greffée sur le cerveau, a intrigué pour le couvrir, dans l’espoir d’un reportage paisible. Voire. Car la physique la plus fondamentale a ses retombées explosives. Les physiciens réunis promettent de révéler l’énigme de l’univers : la Théorie de Tout, qui résumera l’histoire de l’univers, décrira l’infiniment petit, et signalera, selon certains, le commencement de la fin de la science.
Vers Anarchia convergent les Cultes de l’Ignorance qui abondent en ce milieu du XXIè siècle et qui tiennent pour impie et digne du bûcher toute révélation sur le secret ultime de la Création.
La plus secrète des sectes a pris pour cible Violet Mossala, plus jeune prix Nobel de l’histoire.
Qui a décidé de son côté de peser de toute sa gloire pour obtenir la levée de l’embargo que subit Anarchia. Ce qui irrite les Puissances économiques.
Il n’en faut pas plus pour que l’enfer se déchaîne et que Worth se trouve involontairement transformé en protecteur de Violet, façon James Bond.
L’avis de Cyrallen :
Évidemment avec Greg Egan, les technologies futuristes les plus pointues sont détaillée par le menu, les théories sur la création et l’existence possible de l’univers s’enchaînent : il ne faut pas compter trouver dans ce roman une étude poussée des personnages (excepté pour certains traits de leur psychologie qui sont assez bien détaillés : voir Akili Kuwale l’asexe et ses relations troubles avec le héros).
Dans un monde où il existe six formes de sexualité modifiables chirurgicalement, où les réseaux d’informations atteignent des sommets de raffinement, où les journalistes-reporter possèdent dans leurs entrailles leur équipement de travail usuel (micro-ordinateur avec logiciels intelligents, caméra greffée sur l’œil…), le colloque censé unifier les théories existantes d’une explication de l’univers passionne les foules.
En parallèle, l’apparition du D-stress, une étrange maladie pour l’instant marginale mais qui se propage à vitesse grand V, paraît reliée indirectement au phénomène des sectes qui investissent Anarchia dans des buts divers et variés.
La Théorie du Tout constitue le centre du roman. Ses détails énormément délayés peuvent abrutir le lecteur qui n’aura qu’une envie, sauter les pages la concernant pour aboutir le plus vite possible à sa résolution et à un peu d’action. Si vous êtes allergiques à la hard-fantasy, passez votre chemin, vous ne manquerez rien. Seuls le début et la fin apportent des éléments intéressants pour l’intrigue, qui pourrait être passionnante si la majorité du roman ne faisait pas que consolider l’échafaudage de théories qui s’empilent façon lego. L’aboutissement de la Théorie du Tout (TDT) réserve bien sûr quelques surprises, mais la satisfaction de connaître la "solution" ne compense pas à mon avis les centaines de pages qui précèdent. En bref, l’énigme de l’univers ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Extraits :
1- Anarchia, île vivante et artificielle, était ancrée à un guyot - volcan éteint submergé, au sommet aplati - innomé au milieu du Pacifique. Située à trente-deux degrés de latitude sud, elle se trouvait au nord des nations polynésiennes et en dehors de leurs zones d’approvisionnement océaniques, dans des eaux incontestablement internationales. (…) Je n’avais jamais compris pourquoi le gouvernement australien était un partisan aussi véhément du boycott d’Anarchia. (…) Il était certes vrai que les créateurs d’Anarchia avaient enfreint d’innombrables lois internationales et utilisé sans permission des milliers de séquences ADN brevetées… mais une nation fondée sur l’invasion et le massacre collectif (actes modestement regrettés dans un traité signé deux cent cinquante ans plus tard) aurait bien du mal à prétendre se trouver sur un terrain moral plus élevé.
Il était clair qu’Anarchia était mise à l’index pour des raisons purement politiques. Mais aucun responsable politique ne se sentait obligé d’expliquer ces raisons.
2- Supposons que demain tous les êtres humains jusqu’au dernier soient éliminés de la surface de la planète et que nous attendions quelques millions d’années jusqu’à ce que se développe la prochaine espèce dotée d’un ensemble de cultures religieuses et scientifiques. Que croyez-vous que ces nouvelles religions auraient de commun avec les anciennes - celles de notre époque ? Je soupçonne que les seuls points communs seraient certains principes éthiques qu’on peut faire remonter à des influences biologiques partagées : la reproduction sexuée, l’éducation des enfants, les avantages de l’altruisme, la conscience de la mort. Et si la biologie était très différente, il se pourrait qu’il n’y ait aucune ressemblance.
Mais si nous attendions jusqu’à ce que cette nouvelle culture scientifique se dote de sa propre TDT, je crois alors que - pour différentes qu’elle soit "sur le papier" - ce serait une théorie dont les deux cultures pourraient démontrer qu’elle est à tous égards mathématiques équivalente à notre TDT…
Voilà la différence. Les savants peuvent commencer par avoir de féroces divergences, mais ils convergent vers un consensus quelle que soit leur culture. (…) Or il n’y a que trois TDT mutuellement exclusives en concurrence ici. Et dans vingt ans, sinon moins, je parie qu’il n’en restera plus qu’une.