La magnificence des oiseaux

HUGHART Barry

Article publié le jeudi 8 septembre 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

Pour lutter contre une épidémie pour le moins singulière — puisqu’elle sait compter et ne touche que les enfants de son village — Boeuf Numéro Dix se rend à Pékin le jour de son dix-neuvième anniversaire. Là, il rencontre un vieil alcoolique, un sage qui bien des années auparavant fut célèbre sous le nom de Maître Li. De retour au village de Kou-Fou, tous deux découvrent sans mal que Fang le prêteur sur gage et Ma le Grigou ont empoisonné les enfants par erreur. Les deux coupables ont pris la fuite, mais il reste à guérir les enfants… Ainsi commence la première enquête de Bœuf Numéro Dix et Maître Li, dans une Chine qui ne fut jamais, où la recherche de la Grande Racine de Pouvoir les conduira à briser la terrible malédiction qui pèse sur la princesse aux oiseaux…

Narrée avec beaucoup d’humour, récompensée par le World Fantasy Award 1985, cette aventure délirante — où les personnages principaux échappent à la mort à chaque chapitre — ravira autant les amateurs des enquêtes du juge Ti que les lecteurs assidus de Terry Pratchett.

Barry Hughart est né en 1934. Il est l’auteur de trois romans : La Magnificence des oiseaux, The Story of the stone, Eight skilled gentlemen. C’est lors d’un séjour au Japon qu’il est tombé amoureux de l’Extrême-Orient. Une fascination pour ses mythes qui lui a permis de donner vie à la plus délirante des équipes de détectives de l’étrange : Bœuf Numéro Dix et Maître Li.

L’avis de Philémont

Sous-titré Une aventure de Maître Li et Boeuf Numéro Dix, La magnificence des oiseaux conte dans le sens littéral du terme l’aventure d’un improbable duo composé d’un vieux sage (avec un léger défaut de personnalité) et d’un jeune villageois dont la principale caractéristique est d’être robuste de sa personne. Dans une Chine du VIIème siècle, le second fait tout simplement appel au premier pour sauver les enfants de son village, tous victimes d’une étrange épidémie qui sait compter…

Dans la plus pure tradition de la littérature classique chinoise, tel La pérégrination vers l’Ouest ou Au bord de l’eau, Barry HUGHART propose au lecteur une histoire trépidante dans laquelle les deux héros doivent résoudre des énigmes complexes tout en affrontant des dangers mortels dans lesquels sont impliqués pêle-mêle des humains avides de pouvoir et d’argent et des créatures célestes faisant partie intégrante de la cosmogonie locale. Car au-delà de la farce de façade, le propos de l’auteur est bel et bien de composer une fresque représentative de la Chine du VIIème siècle, laquelle voyait le peuple asservi brutalement par les puissants, les deux parties se réfugiant dans le bouddhisme et le confucianisme pour justifier leur condition.

Au-delà de la littérature classique chinoise, les amateurs penseront inévitablement aussi aux enquêtes du juge Ti de Robert VAN GULIK. De fait, il existe de nombreuses similitudes entre le roman de HUGHART et les dix-huit enquêtes du juge ; c’est l’époque dans laquelle se situe les histoires, la truculence des évènements et des personnages, ou encore le propos bien plus profond qu’il n’y paraît de prime abord. Car comme VAN GULIK, Barry HUGHART semble être un sinologue remarquable, ce qui lui permet de faire reposer son récit imaginaire sur des éléments sociaux avérés.

Mais ce qui démarque La magnificence des oiseaux de toutes ces illustres références c’est la prose moderne et de grande qualité de Barry HUGHART, ainsi que l’excellente traduction de Patrick MARCEL. Bien sûr on ne peut reprocher le manque de modernité des classiques de la littérature chinoise ; en revanche la traduction française des enquêtes du juge Ti n’est pas optimale. Ce n’est pas le cas ici, bien au contraire, et c’est pourquoi il est vivement recommandé de se plonger dans les aventures de Maître Li et Boeuf Numéro Dix ; qu’il soit ou non amateur de la culture chinoise, le lecteur est assuré d’un divertissement intelligent et drôle.


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