Le Cycle du Graal T1 : La naissance du Roi Arthur

MARKALE Jean

Article publié le jeudi 5 février 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Le patrimoine universel, qui perpétue l’aventure humaine depuis les premiers âges, ne s’exprime pas seulement à travers les prestigieux vestiges de l’architecture et de l’art. Les oeuvres de l’esprit, et notamment celles transmises par l’écriture, sont aussi la mémoire des peuples. C’est pourquoi Jean Markale propose, dans le langage d’aujourd’hui, à partir des très nombreuses versions qu’il a suscitées, une reconstitution totale et chronologique du mythe du Graal, extraordinaire foisonnement de symboles et de réflexions, perçu souvent de façon fragmentaire en raison même de l’abondance des textes et de la diversité des faits et des personnages évoqués. Voici donc, dans une série passionnante, la véritable histoire de Merlin l’Enchanteur, celle de Joseph d’Arimathie, du Roi Arthur et de Lancelot du Lac, les étranges aventures de Morgane, de Viviane, des Chevaliers de la Table ronde et de tous les héros de la formidable épopée. « La Naissance du Roi Arthur » constitue la première époque de ce fabuleux cycle. Il concerne les origines de la légende, explique et introduit l’énigmatique figure de Merlin inspiré tour à tour par Dieu et par le Diable, « deus ex machina » de tous les événements appelés à se dérouler sur les terres très anciennes d’Angleterre et de Bretagne, mais aussi sur celles imprécises et brumeuses de l’île magique d’Avalon. A l’heure où l’Europe, berceau de la civilisation celtique, cherche à s’unir et à se fondre dans un même idéal de fraternisation, cette nouvelle vision lumineuse et globale des Romans de la Table ronde explicite opportunément la dimension originelle et immuable d’un mythe qui demeure, pour tous les hommes en quête de sagesse et d’un monde meilleur, un message d’espérance et de sérénité.

Jean Markale, écrivain, poète, homme de radio et de télévision, comédien et conférencier. Après une longue période d’enseignement à Paris, s’est consacré dans une suite d’ouvrages qui font référence, à la découverte et à l’illustration des civilisations traditionnelles, en particulier la civilisation celtique et le grand cycle arthurien du Moyen Age. A également Publié l’ « Histoire de la France secrète » et la « Bibliothèque de l’Etrange » qui regroupent douze volumes. Vit actuellement en Bretagne, aux lisières de la forêt de Broceliande.

L’avis de Philémont

On sait que le cycle arthurien se compose d’une multitude de textes écrits entre les XI et XVème siècles. On sait aussi que leurs auteurs sont d’origines et de langues diverses. Dès lors la connaissance et la compréhension totale du cycle est réservée à quelques spécialistes dont ne fait pas partie le commun des lecteurs. C’est ainsi que le lectorat français se contente bien souvent d’avoir lu Chrétien DE TROYES, et éventuellement Thomas MALORY, quand il est allé au-delà des multiples adaptations littéraires et cinématographiques que l’oeuvre de ce dernier a suscité. A sa décharge, il faut reconnaître que la lecture de ces oeuvres dans le texte n’est pas facile d’accès, en dépit des nombreux efforts de traduction qui ont été entrepris au fil des décennies.

C’est en partant de ce constat que Jean MARKALE s’est attelé à une tâche d’envergure : synthétiser les oeuvres composant le cycle arthurien, en les ordonnant et en les réécrivant de manière contemporaine. Il pose également une hypothèse forte : le plan général du cycle arthurien est connu dès son origine, et les différents contributeurs s’y sont tenus tout au long des siècles. Selon MARKALE, cela explique notamment que de nombreux textes sont inachevés, comme Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien DE TROYES, les auteurs s’en souciant peu puisque sachant qu’ils seront poursuivis pas d’autres.

Le résultat des constats et postulats de Jean MARKALE, c’est son Cycle du Graal dont les huit époques couvrent la vie du Roi Arthur, de ses origines à son décès.

La première époque, La Naissance du Roi Arthur, remonte très loin dans les origines du mythe. Il aborde ainsi les sujets de la colonisation de l’île de Bretagne, de Joseph d’Arimathie, qui aurait recueilli le sang du Christ après sa crucifixion, de Merlin, métissé d’humaine et de diable, et de l’épée de souveraineté, symbole du pouvoir fédérateur du Roi Arthur. Le volume s’achève d’ailleurs quand ce dernier retire Excalibur de son socle de pierre.

Mais après avoir pris possession d’Excalibur, encore faut-il convaincre les plus sceptiques, affermir son pouvoir et conquérir l’intégralité du Royaume. C’est le sujet des Chevaliers de la Table Ronde, deuxième époque du Cycle du Graal.

La troisième époque est consacrée à un autre personnage majeur de la légende, Lancelot du Lac. Fils d’un Roi d’Armorique, il a toutefois été élevé par Vivianne, la Dame du Lac, pour devenir le « meilleur Chevalier du monde », comme annoncé par Merlin avant de se retirer du monde des humains. On suit dans ce volume l’itinéraire initiatique du personnage, poussé par son amour pour la Reine Guenièvre.

Si Merlin a formé Vivianne pour faciliter la destinée des héros du cycle arthurien, il a également formé Morgane, la demi-soeur du Roi Arthur, pour lui opposer des obstacles. Car c’est à ce prix que la quête du Graal pourra s’achever, le Bien devant nécessairement engendrer le Mal, et inversement. La quatrième époque du Cycle du Graal de Jean MARKALE est ainsi consacrée à La Fée Morgane, dont la nature a suscité bien des interprétations, parfois contradictoires.

Gauvain est un des premiers Chevaliers de la Table Ronde. En tant que neveu du Roi Arthur il est même l’héritier présomptif de ce dernier. Il est d’ailleurs vrai qu’il est un Chevalier exceptionnel et que sa courtoisie est exemplaire. Il se démarque aussi par sa relation aux femmes qui le fera parfois paraître volage, ce qui lui interdira in fine l’accès au Graal. Ce personnage est central dans la cinquième époque du cycle, Gauvain et les chemins d’Avalon.

La sixième époque du Cycle du Graal est consacrée à Perceval le Gallois. Orphelin de père, il a été élevé par sa mère dans l’optique de le protéger de la violence du monde, en particulier celle de la Chevalerie. Mais à l’adolescence, Perceval n’en fera qu’à sa tête et se rendra à la cour du Roi Arthur pour y être fait Chevalier. C’est alors le début de son apprentissage de la vie, dans le cadre duquel sa naïveté associée à sa volonté lui feront approcher le Graal comme peu de Chevaliers avant lui.

Pourtant, ce n’est pas Perceval qui en percera les mystères. C’est Galaad, le « Bon Chevalier », annoncé depuis longtemps par Merlin, mais que personne n’attendait plus. Galaad, le fils de Lancelot et de la fille du Roi Pêcheur qu’il connût une nuit sous l’effet d’un sortilège lui ayant fait croire qu’il était avec Guenièvre. Galaad, élevé par des nonnes dans la foi chrétienne et dont l’arrivée à la cour du Roi Arthur lance tous les Chevaliers de la Table Ronde dans la quête du Graal. Galaad, qui est au coeur de la septième époque du Cycle du Graal de Jean MARKALE.

Quant à la huitième époque, intitulée La Mort du Roi Arthur, elle s’ouvre sur une Table Ronde face à elle-même, soit une mosaïque de personnalités pas forcément compatibles entre elles. La quête du Graal ayant été menée à son terme, les aventures se font rares et ont du mal à dépasser le stade purement individuel. Cet état de désoeuvrement va conduire la cour à l’éclatement, le Roi Arthur se voyant alors rattrapé par son destin, personnifié par Mordret, son fils incestueux qu’il conçut sans le savoir avec sa soeur Anne alors qu’il n’était pas encore Roi.

Finalement, le Cycle du Graal de Jean MARKALE se compose d’une multitudes de récits. Certains sont bien connus des lecteurs parce qu’ils ont été abondamment repris dans les multiples adaptations littéraires et cinématographiques du cycle arthurien. D’autres sont de véritables découvertes, soit parce qu’ils remontent très loin dans les origines du mythe, soit parce qu’ils mettent en scène des personnages généralement ignorés ou présentés comme secondaires, soit encore parce qu’ils permettent de découvrir une facette méconnue, ou délibérément mise de côté, de certains personnages.

La multiplicité des récits ne signifie toutefois pas que le récit soit décousu. Jean MARKALE a en effet pris le parti de réécrire de façon contemporaine tous les textes qu’il a utilisé. Cela en facilite la lecture, puisque la compréhension des manuscrits originaux, même traduits, sont réservés aux spécialistes. Cela donne surtout à l’ensemble du récit une fluidité certaine ainsi qu’une parfaite cohérence, tout en maintenant l’esprit des textes originaux.

Bien sûr certains pourront opposer à ces qualités que la personnalité de Jean MARKALE était controversée, notamment parce que les historiens lui reprochaient un manque de rigueur, voire même un manque de compétences. Je propose pourtant d’ignorer ces polémiques et de prendre le Cycle du Graal pour ce qu’il est avant tout : une vision complète et logique du mythe arthurien qui se lit quasiment comme un roman. Sous cette condition, le lecteur passera un moment aussi divertissant qu’enrichissant, et rien ne l’empêchera de se documenter par ailleurs.


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