Œuvres complètes

DE TROYES Chrétien

Article publié le lundi 24 décembre 2007 par Cyrallen

L’avis de Philémont :

Dans le dernier tiers du XIIème siècle, Chrétien de Troyes est l’initiateur de la littérature courtoise. Dans celle-ci il développe une thématique arthurienne, dont la mode fut lancée quelques années auparavant sur les terres d’Angleterre. Il est ainsi l’auteur de cinq romans :

- Erec et Enide (vers 1170), dans lequel Erec, un des plus éminents chevaliers de la Table Ronde, est amené à rencontrer Enide, dont il tombe amoureux, et qu’il épouse. Dès lors, Erec néglige les armes et la chevalerie, ce qui conduit le mariage à la crise. La réconciliation passe alors par une quête visant à concilier amour et chevalerie…

- Cligès (vers 1176), où le héros est fait chevalier par le Roi Arthur mais retourne bien vite dans son pays d’origine, la Grèce, où vit celle qu’il aime. Cette dernière n’est autre que l’épouse de l’Empereur, qui l’a épousé au mépris du serment qu’il avait prononcé auprès de son frère, Alexandre, père de Cligès. A cette trahison, Cligès répondra par une autre trahison, bien plus légitime celle-là…

- Yvain ou le Chevalier au Lion (vers 1177-1181), dans lequel ce chevalier de la Table Ronde, va d’aventure en aventure pour reconquérir l’amour de sa dame, envers laquelle il n’a pas respecté son serment. C’est ainsi qu’il devra affronter un lion qui deviendra son compagnon…

- Lancelot ou le Chevalier de la Charrette (vers 1177-1181), où ce célèbre compagnon du Roi Arthur est prêt à tout, même à perdre son honneur, pour délivrer celle qu’il aime, la Reine Guenièvre, la propre femme d’Arthur…

- Perceval ou le Conte du Graal (vers 1181-1183), dans lequel sont successivement mis en scène Perceval, dans sa quête du Graal, et Gauvain, neveu d’Arthur, sommé de se rendre en Escavalon pour se battre en combat singulier, afin de se défendre d’une accusation de félonie…

Notons que ce dernier roman est inachevé, probablement à cause du décès de l’auteur, et que ce fait est probablement en partie à l’origine des "suites" qui seront données très vite à son œuvre…

Quoi qu’il en soit, c’est bien à la cour du Roi Arthur que naissent les aventures des chevaliers racontées par Chrétien de Troyes. Mais le monarque ne joue qu’un rôle secondaire dans tout cela, Chrétien lui préférant l’action conduite par ses chevaliers, l’amour qui est à l’origine des actes de la plupart d’entre eux, et le merveilleux, au titre duquel les œuvres complètes de Chrétien de Troyes sont chroniquées ici.

En effet, les épisodes extraordinaires ne manquent pas : les chevaliers pénètrent jusqu’aux confins de l’Autre Monde (Lancelot dans le royaume de Gorre, Erec à la joie de la Court), d’autres se battent contre des géants, des monstres ou des bêtes sauvages (Yvain vient au secours d’un lion attaqué par un serpent), d’autres encore ont des aventures prophétiques et symboliques (Lancelot au Cimetière périlleux, ou traversant le Pont de l’Epée, Perceval et le Graal). On ne s’étonnera donc pas de l’influence qu’aura Chrétien de Troyes sur la littérature qui lui succèdera au cours des siècles, et ce jusqu’à nos jours.

Car la Fantasy puise une bonne part de son inspiration dans le cycle arthurien, que cela soit ouvertement ou non. Bien sûr le lecteur d’aujourd’hui pourra trouver l’écriture et les thématiques de Chrétien de Troyes dépassées, mais il n’en reste pas moins que c’est en grande partie dans son travail qu’il doit rechercher l’origine des œuvres qui le font vibrer aujourd’hui.

A noter que l’édition présentée ici est celle de La Pléiade qui attribue, avec les réserves qui s’imposent, quatre autres textes à Chrétien de Troyes. Il s’agit de Philomena, où celle-ci est enlevée, abusée et mutilée par le mari de sa propre sœur, Guillaume d’Angleterre, qui conte les aventures de ce roi qui renonce à tout à la suite d’une intervention divine, et de deux "chansons" courtoises, qui nous plongent dans l’art des troubadours.

Comme d’habitude avec La Pléiade, le travail d’édition est superbe. Il est bilingue, et la traduction est conçue de façon à rendre le texte accessible à n’importe quel lecteur d’aujourd’hui (en tout premier lieu, les romans ont été traduits en prose). Et bien sûr, l’appareil critique est imposant et passionnant.


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