Les Chroniques de Thomas l’Incrédule T1

DONALDSON Stephen

Article publié le mercredi 26 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Né en 1947 dans l’Ohio, il a passé son adolescence en Inde. Après le succès foudroyant de ce livre - le premier d’une trilogie qui a atteint deux millions d’exemplaires -, il s’est fixé au Nouveau-Mexique.

Thomas Covenant est un homme heureux quand, soudain, le frappe un mal terrible qui fait de lui un paria. Les siens le fuient. Il erre, tombe, croit mourir…
…et reprend conscience dans un univers inconnu, si somptueux et surprenant qu’il doute de sa réalité. Ici, ceux qui souffrent de son mal guérissent et lui-même découvre, scintillant à son doigt, un anneau d’or aux pouvoirs surnaturels.
Commence alors pour Thomas l’Incrédule une aventure de cape, d’épée et de magie à quoi rien ne le préparait. L’héroïsme, le désir charnel, le Bien, le Mal viendront à sa rencontre, autant d’épreuves et de tentations…

Et pour le lecteur une grande évasion au royaume du fantastique, de la " baroque fantasy ".

L’avis de Philémont :

Thomas Covenant, écrivain américain ayant connu le succès dès son premier roman, est tombé malade juste après. Et il a contracté une maladie d’un autre temps, bien qu’encore présente aujourd’hui : la lèpre. Les conséquences de cette maladie sont au moins autant morales que physiques pour Thomas. Il est en effet rejeté par tous : par les différentes composantes de la société bien sûr, mais également par sa famille la plus proche.

C’est dans ce contexte que Thomas Covenant est victime d’un accident de la circulation et… se retrouve " projeté " dans un monde parallèle au nôtre : le Territoire. S’estimant délirant, ou mourant, Thomas n’y croit pas… et se fait donc appeler Incrédule dans ce monde. Représentant à la fois le Bien et le Mal, Thomas l’Incrédule va évoluer dans le Territoire, ce qui lui permettra de soigner sa maladie physique et morale…

Ce sont Les chroniques de Thomas l’Incrédule qui ont fait connaître Stephen R. Donaldson dans les années 70. Souvent comparée à Tolkien, il est vrai que cette oeuvre s’en rapproche sur bien des aspects : le Territoire est très proche de la Terre du Milieu dans sa structure, le combat entre le Bien et le Mal est au centre du roman, de nombreux personnages, créatures et objets rappellent ceux qui évoluent dans Le Seigneur des Anneaux, un anneau, justement, étant un élément clé des aventures de Thomas…

Mais le traitement de cette histoire est malgré tout bien différent de celui adopté par Tolkien. Cela est du au héros lui-même, ou plutôt au anti-héros. Car Thomas Covenant se retrouve au cœur d’une aventure épique bien malgré lui, et essaye tant qu’il peut de s’en désengager. Convaincu qu’il finira par se réveiller, par reprendre conscience dans le monde réel, c’est à un combat contre lui-même qu’il se livre. On le sent plus spectateur qu’acteur. Et il n’apparaît pas toujours très sympathique au lecteur.

Quant à l’écriture, elle est de très grande qualité. Très descriptive, elle est par moment très poétique. Les dialogues sont courts, mais efficaces. Surtout, la psychologie de Thomas est réellement très fouillée. Il faut dire que Donaldson a vécu au contact des lépreux dans son enfance. Bref, on est vraiment dans la peau du personnage.

Reste le problème le l’édition française dont nous fait part Jean-Marc Suzzoni… Oui, J’ai Lu a montré avec Les Chroniques de Thomas l’Incrédule comment l’édition française pouvait mépriser ses lecteurs. Oui, les trois volumes ont été découpés à la hache. Oui, cette édition est un scandale. Même le lecteur inattentif peut le sentir à cause du décalage entre le rythme de l’histoire (très rapide) et le rythme de la narration (très lent), surtout dans le premier volume. Le pire a été atteint dans le deuxième volume des chroniques : la troisième partie est purement et simplement tronquée après… un chapitre. Le roman s’achève donc avec une impression d’inachevé. Et on le comprend d’autant mieux à la lecture du résumé présent dans le troisième volume, celui-ci relatant des faits non lus dans le second tome. J’ai Lu signe à ce moment sa forfaiture ! Quoi qu’il en soit, il reste encore de la force à ce roman. C’est dire comme l’édition originale doit être puissante !

NB : Les trois volumes des Chroniques de Thomas l’Incrédule sont épuisés depuis longtemps et n’ont jamais été réédités. Connaissant la qualité du travail de l’éditeur, on est en droit de ne pas le regretter. Ceux qui ont toutefois envie de découvrir cette trilogie seront donc contraint de la rechercher dans les bibliothèques ou sur le marché de l’occasion. Enfin, une seconde trilogie a été éditée aux États-Unis à la fin des années 70 et au début des années 80 ; celle-ci n’a jamais été traduite en France.

Bibliographie (fantasy uniquement) : Stephen Donaldson (USA, 1947)

Chroniques de Thomas l’incrédule : (épuisés)

1 - Les chroniques de Thomas l’incrédule (1977 - J’ai Lu 2232)
2 - Le réveil du Titan (1977 - J’ai Lu 2306)
3 - L’éternité rompue (1977 - J’ai Lu 2406)

L’appel de Mordant : (épuisés)

1 - Le miroir de ses rêves (1986 - Pocket 5573)
2 - Un cavalier passe (1987 - Pocket 5574)
3 - Le feu de ses passions (1987 - Pocket 5575)

Le cycle des seuils : (épuisés)

1 - La véritable histoire (1990 - Pocket 5431)
2 - Le savoir interdit (1991 - Pocket 5430)
3 - L’éveil du dieu noir (1991 - Pocket 5511)
4 - (The Gap into Madness : Chaos and Order - 1992, jamais traduit)
5 - (The Gap Into Ruin : This Day All Gods Die - 1996, jamais traduit)

Extraits :

1 - Un homme authentique, lut-il, authentique selon les critères dont nous reconnaissons la valeur, se voit brutalement retranché du monde et placé dans un environnement inconcevable : les sons exhalent un arôme, les odeurs acquièrent couleurs et reliefs, les visions ont une texture et les attouchements une qualité sonore. Là, une voix désincarnée lui apprend qu’il a été transporté en ce lieu en qualité de champion de son monde d’origine. Il devra affronter en combat singulier le champion d’un autre monde. S’il est vaincu, il mourra, et le monde dont il est issu, le monde authentique, sera anéanti, puisque, ayant établi sa vulnérabilité intérieure, il n’est pas digne de survivre.
L’homme refuse de croire à ce qu’il voit et entend. Il met son aventure sur le compte du rêve ou de l’hallucination et rejette la perspective absurde d’être obligé de combattre jusqu’à ce que mort s’ensuive quand aucun péril " authentique " ne le menace. Fort de sa détermination farouche à récuser la situation dans laquelle l’ont jeté les apparences, il n’oppose aucune résistance aux attaques du champion de l’autre monde. Question : l’homme fait-il preuve de courage ou de lâcheté ? Toute l’éthique se résume à cette seule interrogation.

2 - Pour Hile troy, la question ne se posait même pas. Quoi qu’ait pu en dire Covenant, le Territoire n’était pas un rêve, il existait réellement. Cette croyance ancrée au plus profond de lui, Troy la chérissait de toutes ses forces, elle était l’expression culminante de son bonheur.

3 - Il naviguait en pleine chimère. Eléna n’existait pas ; elle n’était qu’un rêve. Elle était sa fille. Il se baissa pour ramasser la couverture, l’enroula autour d’elle et prit son visage dans ses mains. Comme sa peau était vivante sous ses doigts ! Comme ses doigts à lui étaient sensibles, ses pauvres doigts malades… Il baisa les traces de larmes sur ses joues. Il baisa ses paupières. Il baisa son front.


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