Ada

YAMADA Masaki

Article publié le dimanche 27 avril 2014 par Philémont

Quatrième de couverture

Qui est Ada ? La fille de Byron, géniale mathématicienne qui a aidé l’inventeur Babbage à mettre au point la machine à différences, ancêtre de l’ordinateur. C’est aussi le nom d’une mystérieuse disquette remise à Shimizu, concepteur de jeux de simulation pour un parc d’attractions, qui l’entraînera dans des mondes parallèles, à moins que ce ne soit dans ses propres jeux de simulation… Ada et Mary Shelley ont un point commun. Toutes deux ont enfanté un monstre, dont l’ombre plane sur tout le récit. Qu’il s’agisse de l’ordinateur voué à remplacer le cerveau et inventer des histoires à la place de l’homme, ou de ce personnage grotesque, immense, aux cheveux noirs qui poursuit Mary Shelley, Yamada Masaki décrit, dans un roman de fantaisie époustouflant de maîtrise, un monde dans lequel, insidieusement, la fiction ronge la réalité.

L’avis de Philémont

Quel rapport entre la dynastie sassanide et les illustres écrivains britanniques du XIXème siècle que sont Mary Shelley, Charles Dickens ou encore Arthur Conan Doyle ? C’est Ada ! Ada c’est d’abord la fille de lord Byron, connue pour avoir participé à la conception de la machine analytique de Charles Babbage, un ancêtre de l’ordinateur. Mais Ada est aussi le programme informatique d’un accélérateur de particules qui, lancé sur un ordinateur quantique, crée des mondes parallèles.

Car Masaki YAMADA ne se contente pas de mettre en scène l’une des plus grandes puissances d’Asie occidentale (grosso modo l’Iran entre les IIIème et VIIème siècles) et l’Angleterre victorienne ; il projette également son lecteur dans un Japon à peine futuriste dans lequel un concepteur de jeux de simulation est littéralement happé par sa dernière création, sa secrétaire retrouve sa petite fille récemment décédée dans un accident de la circulation et un médiocre écrivain de science fiction trouve subitement une formidable source d’inspiration.

C’est ainsi que de fil en aiguille YAMADA enchaîne les scènes qui n’ont a priori rien à voir les unes avec les autres. Et pourtant les dernières finissent bel et bien par rejoindre les premières, le monde quantique étant capable de faire coexister de multiples réalités. D’ailleurs, « une fois qu’une histoire a été racontée, elle devient réalité » (p. 250) et « l’histoire racontée finit par ronger la réalité du narrateur » (p. 241).

Ada est finalement un étonnant roman, d’une originalité et d’une ambition rares. Il n’est pourtant pas particulièrement difficile à lire, y compris dans les parties les plus techniques où sont mis en avant les concepts de la physique quantique. C’est d’abord la résultante d’un récit parfaitement structuré ; il est vrai que Masaki YAMADA n’est pas un débutant (il est même un auteur japonais prolixe), même s’il est totalement inconnu en France. C’est ensuite dû à une prose fluide, et même parfois poétique, que la traductrice a su s’approprier pour la partager avec ses lecteurs. En d’autres termes, et pour faire bref, Ada est un très bon roman.

On saluera enfin ce nouveau choix éditorial d’Actes Sud qui, après la réédition d’Autobiographie d’une machine ktistèque, semble bel et bien décidé à alimenter sa collection dédiée aux littératures de l’imaginaire d’oeuvres qui sortent des sentiers maintes fois battus.


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