En des cités désertes

SHINER Lewis

Article publié le samedi 2 février 2013 par Philémont
Mis à jour le dimanche 10 février 2013

Quatrième de couverture

De nombreuses questions restées sans réponse donne force et mythologie au continent américain. A quoi correspondent les dessins de la plaine de Nazca ? Que sont devenus les populations troglodytiques du Nouveau-Mexique ? Qu’est devenu le trésor des Incas ? Et surtout pourquoi les Mayas ont-ils déserté leurs cités prospères pour se réfugier dans la jungle inhospitalière du Yucatàn ? C’est à cette dernière question que vont répondre quatre américains — Eddie, Lindsay, Thomas et Carmichael — perdu dans les ruines de Na Chan, sur fond de révolution zapatiste dans le Chiapas.

Ce roman plein de secrets séculaires, de déités originaires du commencement des temps, de fusillades, mêle avec brio aventures surnaturelles et archéologie comme dans un bon film d’Indiana Jones. En des cités désertes est une oeuvre « écrite avec sauvagerie… totalement originale », si on en croit James Ellroy.

Lewis Shiner, né en 1950, a reçu le World Fantasy Award pour Fugues, paru dans la même collection. Son roman Frontera a été nominé au prix Nebula.

L’avis de Philémont

En des cités désertes est un roman à quatre voix. Il y a celle de Carmichael, jeune journaliste envoyé par Rolling Stone couvrir la révolution zapatiste au Mexique en 1986. Il y a ensuite celle de Thomas, quarantenaire et archéologue spécialiste de la civilisation maya. Il y a aussi celle d’Eddie, son frère, ancienne gloire du rock totalement dépressif qui a trouvé refuge dans la jungle mexicaine. Il y a enfin celle de Lindsey, la femme d’Eddie dont est amoureux Thomas depuis leur jeunesse. Les quatre personnages convergent donc l’un vers l’autre dans le Chiapas où règne le chaos.

Le mouvement zapatiste est en effet une mosaïque de groupuscules incapables de s’entendre ; le gouvernement officiel est rongé par la corruption et n’hésite pas à faire appel à des mercenaires américains pour régler le problème que constituent les rebelles. Dans ce contexte Lewis SHINER greffe de plus certains éléments de l’histoire, de la cosmogonie et de la religion maya ; il fait même le parallèle entre la chute de cette civilisation et la révolution zapatiste contemporaine.

Il plonge en particulier le quatuor de personnages principaux dans l’expérience d’une pratique religieuse maya, la consommation de champignons hallucinogènes. Cela lui permet ainsi d’inviter en plein milieu de son récit un personnage totalement anachronique (Jimi Hendrix) et de nous rappeler qu’il est aussi l’auteur d’un hommage fort réussi au rock de la fin des années soixante.

Mais en l’occurrence le melting pot prend relativement mal. Certes l’univers développé est éminemment personnel et la psychologie des personnages est bien travaillée. Toutefois le lecteur a bien du mal à s’attacher à l’un ou à l’autre tant leur vie semble déconnectée de toute réalité. De plus l’action a comme un goût de caricature puisque portée par une bande de mercenaires aux gros bras et sans scrupules. C’est à ce niveau que l’on peut comprendre la référence à Indiana Jones dans le quatrième de couverture, même si SHINER a expurgé son récit de toute forme d’humour.

En des cités désertes doit en fait être considéré comme un roman de jeunesse (le deuxième) dans lequel l’auteur recherchait encore son style en évitant l’écueil de la facilité. On sait qu’il y parviendra bientôt, et qu’il saura ensuite se renouveler.


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