Chroniques du Pays des Mères

VONARBURG Elisabeth

Article publié le vendredi 11 janvier 2013 par Philémont

Quatrième de couverture

La stupidité des hommes a jadis ruiné la planète Terre. La sensibilité des femmes permettra-t-elle de la réparer, ou plutôt de la laisser se réparer ? C’est la question que se pose Lisbeï au cours d’une longue vie aventureuse qui va la mener du Pays des Mères, où les sexes vivent séparés, vers un avenir encore incertain où ils parviendront peut-être à se retrouver. Ce beau roman, qui a reçu plusieurs prix (dont, pour sa traduction américaine, le prix spécial Philip K. Dick), réconciliera avec la science-fiction les femmes qui l’ignorent encore. Quant aux hommes, il leur donnera à réfléchir. Passionnément.

L’avis de Philémont

Chroniques du Pays des Mères est un roman qui décrit une Terre futuriste dont la population masculine a été décimée par une catastrophe. Cela engendre bien entendu des rapports humains fort différents de ce que l’on connaît aujourd’hui, donc de fait une organisation sociale très particulière.

C’est ce que s’attache à décrire longuement Elisabeth VONARBURG par le prisme de la vie de Lisbeï, consacrée à de longues recherches historiques et archéologiques. Que ce soit à la troisième personne, ou par le biais d’échanges épistolaires de divers personnages du roman, cette vie rend compte de ce qu’est devenue la société humaine. Les activités de Lisbeï permettent aussi d’avoir une explication progressive d’une telle évolution pour l’humanité ; elle demeure certes parcellaire, mais cela ajoute à la crédibilité d’ensemble du récit, un peu comme quand notre société contemporaine en est réduite à de simples conjectures sur les faits de la Préhistoire. Cette crédibilité est aussi la résultante du langage qui lui-aussi a été adapté à la féminisation de la société.

Si le tout manque singulièrement de rythme, Chroniques du Pays des Mères est un roman profondément humaniste qui évite l’écueil du féminisme militant. Lentement, et sur un ton mélancolique, c’est à un véritable compte-rendu anthropologique que se livre Elisabeth VONARBURG, non sans rappeler parfois les oeuvres du cycle de l’Ekumen d’Ursula K. LE GUIN. On est donc ici en présence d’un roman qui privilégie le raffinement par rapport à l’action, ce qui ne conviendra certainement pas à tous les lecteurs mais comblera à coup sûr ceux qui sont avides de profondeur et de réflexion.


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