La marque

CAREY Jacqueline

Article publié le vendredi 23 novembre 2012 par Philémont

Quatrième de couverture

« Ce roman brillant et audacieux, qui se déroule dans une fascinante Renaissance imaginaire, propulse immédiatement Carey parmi les tout meilleurs auteurs de Fantasy. » Publishers Weekly

Phèdre nó Delaunay a été vendue par sa mère alors qu’elle n’était qu’une enfant. Habitant désormais la demeure d’un haut personnage de la noblesse, pour le moins énigmatique, elle y apprend l’histoire, la théologie, la politique et les langues étrangères, mais surtout… les arts du plaisir. Car elle possède un don unique, cruel et magnifique, faisant d’elle une espionne précieuse et la plus convoitée des courtisanes. Rien ne paraît pourtant lui promettre un destin héroïque. Or, lorsqu’elle découvre par hasard le complot qui pèse sur sa patrie, Terre d’Ange, elle n’a d’autre choix que de passer à l’action. Commence alors pour elle une aventure épique et déchirante, semée d’embûches, qu’il lui faudra mener jusqu’au bout pour sauver son peuple.

Récit plein de grandeur, de luxuriance, de sacrifice, de trahison, d’insondables infamies et de conspirations machiavéliques, La Marque dévoile un monde de poètes vénéneux, de courtisans assassins, de monarques trahis et assiégés, de seigneurs de guerre barbares, de traîtres grandioses… vu par les yeux d’une héroïne comme vous n’en avez jamais rencontré et que vous n’oublierez jamais.

L’avis de Philémont

Premier tome d’une trilogie intitulée Kushiel, La marque est un roman de fantasy qui se démarque de la production classique du genre pour l’érotisme que l’on y trouve. L’héroïne, et narratrice, a été vendue à la Cour de la Nuit par sa mère dans sa plus tendre enfance. En Terre d’Ange, la Cour de la Nuit est constituée de treize maisons de plaisir, chacune ayant sa propre devise au sujet du sacrifice que fît Naamah, la déesse de l’amour. Phèdre est en outre dotée d’un don rarissime, celui de Kushiel, le dieu de l’amour et de la souffrance ; en d’autres termes elle ne trouve son propre plaisir que dans la douleur. Pour cultiver et développer ce don elle a bénéficié de la formation d’Anafiel Delaunay, lequel veille à ce que l’apprentissage soit complet et non axé sur les seuls arts du plaisir. C’est ainsi qu’à sa majorité elle est une courtisane très prisée, tant pour son don et sa beauté que pour sa culture dans tous les domaines. Elle peut ainsi et surtout récolter quelques secrets d’alcôves qui renseignent Delaunay sur les agissements des ennemis de la cour tourmentée de Terre d’Ange…

Ces univers et contexte sont longuement mis en place dans un bon premier tiers du roman qui permet au lecteur de prendre conscience qu’ils sont très largement inspirés de l’Europe de la Renaissance. L’originalité tient bien sûr aux treize maisons de plaisir qui, chacune dans leur spécialité, permettent à l’auteure d’insérer ici et là quelques scènes érotiques plutôt inhabituelles dans ce genre de roman. Mais que l’on ne s’y trompe pas : la prose est raffinée et en aucun cas vulgaire, y compris quand Jacqueline CAREY met en scène le masochisme de Phèdre. Il n’en reste pas moins que cette mise en place est un peu longue et par moment répétitive.

Les activités de Phèdre finissent néanmoins par lui faire mettre à jour un complot contre la couronne de Terre d’Ange. Le roman se transforme alors radicalement, puisque Phèdre se trouve alors plongée dans une quête tout ce qu’il y a de classique en fantasy, devenant successivement esclave d’une tribu barbare, puis marin sur un navire de guerre, avant de pouvoir revenir en Terre d’Ange pour sauver la couronne. Ce n’est alors pas parce que Phèdre a l’occasion de mettre parfois son don en pratique que le roman continue de se démarquer pour son originalité.

La marque est donc un roman ambivalent, se caractérisant clairement par une structure en deux parties. La première est originale mais longue ; la seconde beaucoup plus classique et donc bien moins intéressante. Il n’en demeure pas moins que le tout est extrêmement bien fait et que la prose de Jacqueline CAREY est parfaitement adaptée au raffinement du personnage de Phèdre. Etant données les qualités de cette dernière ce n’est pas à un mince exploit. Cela explique probablement que l’oeuvre ait obtenu le prix Locus du premier roman en 2002.


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