Malhorne T1 : Le trait d’union des mondes

CAMUT Jérôme

Article publié le mardi 17 avril 2012 par Philémont

Quatrième de couverture

Tout commence lorsque l’ethnologue Franklin Adamov découvre, au fin fond de l’Amazonie, une statue du XVe siècle représentant un homme de type européen, assis, armé d’une épée ; sur la garde de l’épée est inscrit un mot : Malhorne. C’est impossible… Peu après, Franklin est contacté par une fondation appartenant à un riche financier, qui lui offre des moyens illimités pour résoudre cette énigme, d’autant qu’une deuxième statue, absolument identique, est mise au jour… Qui a laissé ces signes, et pourquoi ? Alors débute une traque haletante, une quête initiatique à travers l’Histoire, les cultures et les religions du monde entier, dont l’enjeu est rien moins que l’éternité.

L’avis de Philémont

Malhorne n’est pas à proprement parlé un immortel mais un homme qui a la mémoire de ses incarnations successives depuis le XVème siècle. En 2010, une équipe de scientifiques découvre une série de statues le représentant. Strictement identiques, trouvées dans des lieux anachroniques un peu partout dans le monde, s’engage alors une quête pour comprendre l’origine et la signification de ces artefacts. Or Malhorne est bel et bien encore vivant et va conduire ces scientifiques à prendre conscience qu’il est un trait d’union entre deux mondes, celui de la matière et celui de l’esprit, et qu’il est la preuve vivante que l’existence humaine est bien plus qu’un simple petit cycle délimité par la naissance et la mort en-deçà et au-delà desquelles toute mémoire se dissout. C’est l’occasion de donner un véritable sens à la vie.

Tel est le point de départ d’une vaste fresque dans laquelle se mêlent de multiples niveaux de lecture. Il y a bien sûr la quête initiatique issue directement de la thématique profonde de l’oeuvre. Il y a aussi l’action, plus facile, et qui fait de la tétralogie un véritable page-turner. Il y a encore la dimension historique, surtout dans le premier tome qui est consacré aux multiples vies de Malhorne, et même science-fictive, puisque dès le deuxième tome Jérôme CAMUT anticipe une évolution de la société des humains vers une réduction drastique des libertés individuelles et un contrôle strict des agissements de chacun. Enfin, la tétralogie se veut aussi une oeuvre ésotérique dans la mesure où ce qui y est avancé remet fondamentalement en cause les fondements de la religion dans sa tradition judéo-chrétienne et propose une autre vision de la vie humaine par l’intermédiaire d’une cosmogonie imaginaire. A ce dernier titre le cycle est d’ailleurs représentatif d’un autre genre littéraire, celui de la high fantasy, surtout à compter du troisième tome et jusqu’au final.

Malhorne est donc une oeuvre éminemment transgenre, ce qui contribue grandement à son intérêt. Il faut aussi reconnaître à Jérôme CAMUT de grandes qualités de conteur, et une capacité certaine à structurer son intrigue sur près de deux milliers de pages tout en maintenant captif l’intérêt du lecteur. Pour autant la tétralogie n’est pas dénuée de défauts. On regrettera en particulier les longueurs qui ne cessent de croître au fur et à mesure que l’on avance dans le récit. On reprochera aussi à l’auteur la simplicité des psychologies de ses innombrables personnages, ainsi que l’utilisation de quelques grosses ficelles. En d’autres termes on a parfois l’impression que CAMUT a quelque peu tiré à la ligne alors qu’il aurait pu faire plus bref et plus percutant.

Mais ne perdons pas de vue que Malhorne est une oeuvre de jeunesse. Rappelons aussi que depuis Jérôme CAMUT a trouvé son alter ego et qu’il a corrigé avec lui la totalité des défauts identifiés ici. Notons enfin qu’il n’en demeure pas moins que Malhorne est une oeuvre intéressante à de nombreux titres, un divertissement de qualité, tout simplement.


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