Moi, Lucifer

DUNCAN Glen

Article publié le lundi 17 octobre 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

Moi, Lucifer, Ange Déchu, Porteur de Lumière, Prince des Ténèbres, de l’Enfer et de ce Monde, Seigneur des Mouches, Père du Mensonge, Suprême Apostat, Tentateur, Antique Serpent, Séducteur, Accusateur, Tourmenteur, Blasphémateur et, sans contestation possible, Meilleur Coup de l’Univers Visible et Invisible (demandez donc à Ève, cette petite garce), j’ai décidé — ta-daaah ! — de tout dire. Tout ? Presque. Le funk. Le swing. Le boogie. Le rock. (C’est moi qui ai inventé le rock. Si vous saviez tout ce que j’ai inventé : la sodomie, bien sûr, la fumette, l’astrologie, l’argent… Bon, on va gagner du temps : tout, absolument tout ce qui vous empêche de penser à Dieu. C’est-à-dire à peu près tout ce qui existe.) Dieu m’a laissé trente jours pour me racheter, dans ce corps immonde, chichement membré, d’écrivain suicidé… Mais qu’est-ce qu’Il croit ? Que j’ai du temps à perdre. J’ai un livre à écrire. Ma version de l’histoire. Et ça fera un putain de bon film, c’est moi qui vous le dis.

Hilarant portrait du diable (sous forme de confession pour le moins intime), Moi Lucifer est le premier roman de Glen Duncan à être traduit en français.

Né en 1965, Glen Duncan est l’auteur de huit romans. Trois ont connu un succès considérable en Angleterre : Moi Lucifer, Death of a ordinary man et The Last Werewolf, paru en 2011, dont les frères Scott, Tony et Ridley, ont acquis les droits pour le cinéma.

L’avis de Philémont

Moi, Lucifer est une autobiographie du Diable. Incarné pour l’occasion dans le corps d’un médiocre écrivain fraichement suicidé, il ne cesse d’osciller entre la mythologie biblique et la société contemporaine, en passant par quelques épisodes marquant de l’histoire de l’humanité. Ce faisant, Glen DUNCAN remet en cause sans vergogne les fondements de la religion chrétienne et dénonce sans concessions les excès des hommes qui, de tragédies en tragédies, en sont arrivés à vivre dans un monde où le paraître, la performance et l’individualisme sont devenus la norme. A ce titre l’auteur dénonce tout particulièrement le monde des people.

Glen DUNCAN dote Lucifer d’un ton à la fois recherché et cru. C’est ainsi qu’il attaque de front le sujet des déviances sexuelles comme la pédophilie ou la prostitution sans jamais être vulgaire, ce qui est une belle performance. Le rythme de la prose est soutenu, rappelant parfois celui que des auteurs comme Chuck PALAHNIUK ou Christopher MOORE peuvent donner à leurs romans. Rappelons d’ailleurs que MOORE a lui aussi abordé le même thème en mettant en scène l’ange Gabriel (que l’on retrouve aussi dans ce roman) ou le Christ. DUNCAN se démarque toutefois de MOORE en ne faisant pas de son roman une farce. Chez-lui, l’humour est noir et sert à illustrer la tragédie de la condition humaine depuis la nuit des temps.

Si à ce dernier titre Moi, Lucifer est un roman d’une grande richesse, on peut toutefois lui reprocher un caractère décousu, conséquence du rythme de la narration. L’auteur enchaîne en effet les séquences sans transition, semant parfois le trouble dans l’esprit du lecteur. Bien que cela soit présenté comme intentionnel par le narrateur, Lucifer donc, force est de constater que cela nuit trop souvent à la clarté du récit pour ne pas le regretter.


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