Mordre le bouclier

NIOGRET Justine

Article publié le mercredi 22 juin 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

« On ne peut pas se battre pour la fin du monde sans payer sa propre apocalypse. »

Castel de Broe. Six mois ont passé depuis la mort de Noalle et Chien du heaume, anéantie par la perte de ses doigts, s’abîme dans la contemplation de sa griffe de fer, cadeau de Regehir le forgeron. Bréhyr entend lui redonner vie et l’entraîne sur les routes à la recherche du dernier homme qu’elle doit tuer : Herôon. Parti en Terre sainte, celui-ci reviendra par le Tor, une tour mythique où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts. Les deux guerrières remontent alors le sillage de sang, de larmes et de pourriture des croisades, arpentant côte à côte la voie de la folie et de la vengeance. Dans ce calvaire, Chien rencontrera Saint Roses, chevalier à la beauté d’icône, au savoir de maestre et dont la foi s’est érodée au pied des hautes murailles de Jérusalem. Une faible lueur qui annonce peut-être un espoir de rédemption.

Après Chien du Heaume, son premier roman lauréat de nombreux prix littéraires (dont, en 2010, le Grand Prix de l’Imaginaire/Étonnants Voyageurs, ainsi que le Prix Imaginales), Justine Niogret poursuit son exploration du Moyen Âge. Dans sa langue ciselée et dure, l’auteur nous dépeint les croisades dans toute leur fureur et leur réalisme. Mordre le bouclier, récit épique et violent surprendra le lecteur par la noirceur lumineuse de son ton et son onirisme cru.

L’avis de Philémont

Six mois après les évènements narrés dans Chien du heaume, le personnage éponyme se morfond de la perte de ses doigts dans le château du Seigneur Bruec. Mais ses amis l’aident, l’un lui forgeant une griffe de fer pour remplacer son pouce manquant, l’autre l’entraînant dans son ultime quête. Chien accompagne ainsi Bréhyr sur les traces du dernier homme qu’elle doit tuer pour que sa vengeance soit complète. Ce faisant, Chien retrouvera sa mère et apprendra enfin son nom, et tentera surtout de donner un sens à sa vie.

Car comme Chien du heaume, Mordre le bouclier est avant tout un roman introspectif. Le bruit et la fureur du Moyen Age ne sont qu’un cadre physique à un univers psychique, lequel est la résultante de personnages torturés et fragiles en dépit de leur force apparente. On y trouve aussi une dimension mythologique, laquelle était quasi inexistante dans Chien du heaume. Encore est-il que cette dimension est toute relative dans la mesure où elle est incarnée par ces chevaliers de retour de la première croisade, et pendant laquelle ils n’ont trouvé que mort et souffrance, à défaut de Dieu.

Et puis il y a toujours l’écriture de Justine NIOGRET. Percutante et superbement travaillée, elle rend l’univers décrit parfaitement crédible et allie de la plus belle des façons qui soit la violence d’une époque aux émotions des humains qui y vivent et la font.

Avec ce deuxième roman Justine NIOGRET confirme donc ses grandes qualités de romancière. On peut donc la rassurer en la paraphrasant : elle a bel et bien produit un « bon peigne ».

Saluons également la postface de Jean-Philippe JAWORSKI qui nous apporte un éclairage passionnant sur le roman.

NB : Il est possible de lire le prologue de ce roman en suivant ce lien.


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