Les Jours étranges de Nostradamus

DEPOTTE Jean-Philippe

Article publié le lundi 13 juin 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

Médecin protestant lyonnais, disciple de la médecine nouvelle d’Ambroise Paré, Philibert Sarrazin se rend à Paris pour participer au progrès du grand Art de l’Anatomie par le biais d’une dissection clandestine. Piégé, il se retrouve battu et enlevé par les hommes de main d’un mystérieux gentilhomme de la Cour. Ce proche du roi, dont les pouvoirs semblent sans limites, lui ordonne d’aller espionner Michel de Nostredame, l’illustre Nostradamus. Pourquoi lui, Philibert Sarrazin, modeste médecin lyonnais ?-Parce qu’il est le beau-frère de Michel. Ils ont usé les mêmes bancs de la Faculté de médecine et Philibert était alors l’ami de celui qui a fini par devenir l’astrologue des rois d’Europe. Emporté par un complot qui le dépasse, Philibert se lance sur les traces de l’homme qui peut lire par-dessus l’épaule de Dieu et voir de quoi l’avenir sera fait, jusqu’à Salon, en Provence, à travers la peste, la guerre civile, sur des terres de fantasmes et de sorcellerie. Là, il touchera du doigt le secret de Nostradamus, le secret de sa science et de ses mystérieux voyages, le secret de la mort de sa première épouse. Autant de révélations surprenantes. Dangereuses.

Roman de tous les conflits du XVIe siècle — médecine de Galien contre celle d’Ambroise Paré, catholiques contre protestants, science contre superstition — , plongée érudite dans une Europe pas tout à fait extraite du Moyen Âge et encore à un siècle des Lumières, Les Jours étranges de Nostradamus se lit comme un thriller et, au gré de son intrigue, éclaire d’une lumière inattendue les zones d’ombre de la vie du plus célèbre astrologue français.

Jean-Philippe Depotte vit en région parisienne, Les Jours étranges de Nostradamus est son second roman.

L’avis de Philémont

A l’été de 1559 Philibert Sarrazin, médecin lyonnais, se trouve à Paris pour participer à une dissection clandestine, laquelle nécessite préalablement une profanation. Mais l’affaire tourne mal et Philibert se retrouve séquestré chez un noble qui lui propose un marché de dupe : soit il est livré à la justice du roi, ce qui lui sera forcément fatal étant donnée la nature de ces actes et le fait qu’il est un adepte notoire de la religion réformée, soit il travaille pour lui en espionnant Michel de Nostredame, le célèbre Nostradamus, à Salon en Provence. L’honneur empêche toutefois Philibert Sarrazin d’accepter d’emblée cette deuxième option, et la mort prématurée d’Henri II lui permet de quitter Paris pour rejoindre sa femme à Lyon. Mais une fois rentré chez lui, son maître-chanteur semble le poursuivre et c’est bien malgré lui qu’il se rend à Salon où sévit une terrible épidémie de peste…

Deuxième roman de Jean-Philippe DEPOTTE, Les Jours étranges de Nostradamus se veut avant tout une reconstitution historique. C’est celle de la France au milieu du XVIème siècle, laquelle est dans sa grande majorité fidèle au catholicisme, mais dont les adeptes de la Réforme sont de plus en plus nombreux. C’est donc l’époque de la prise de conscience que les deux confessions ne peuvent coexister, la guerre n’étant encore que larvée mais bel et bien inévitable. On sait d’ailleurs qu’elle éclatera bientôt, et qu’elle marquera les quatre décennies suivantes. De ce strict point de vue, le roman de DEPOTTE peut d’ailleurs rappeler Fortune de France de Robert MERLE.

Mais l’auteur s’intéresse également à la médecine, en particulier à l’émergence de la médecine nouvelle d’Amboise Paré qui associe la chirurgie aux méthodes traditionnelles de l’époque. Là aussi cela ne va pas sans susciter de nombreuses oppositions dont Jean-Philippe DEPOTTE rend compte à grand renfort de détails anatomiques et de techniques médicales. De ce point de vue le lecteur pourra d’ailleurs penser au Médecin d’Ispahan de Noah GORDON.

Quoi qu’il en soit le coeur de l’intrigue est bel et bien Nostradamus. Même si le célèbre astrologue n’est pas physiquement au premier plan du récit, sa présence est bel et bien dans tous les esprits, en particulier celui de Philibert Sarrazin. Et la question qui se pose est celle de la nature du don de Nostradamus, les avis oscillant entre réelles compétences, charlatanisme et sorcellerie. Jean-Philippe DEPOTTE nous propose d’ailleurs une réponse qui, tout en relevant de l’imaginaire, et en prenant quelques libertés avec les faits historiques avérés, se veut d’une subtilité rare dans ce type de littérature.

Tout cela pour dire qu’avec son deuxième roman l’auteur confirme ses grandes qualités de conteur, et corrige même les quelques imperfections de son premier opus.


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