L’épouse de bois

WINDLING Terri

Article publié le samedi 26 novembre 2011 par Philémont

Quatrième de couverture

Maggie Black est écrivain, et vient d’hériter d’une maison en plein désert, dans les montages de l’Arizona. Davis Cooper, un célèbre poète avec qui elle correspondait et à qui appartenait la maison, est mort dans d’étranges circonstances. La jeune femme s’installe bientôt dans la maison de Cooper, mais la vie semble différente : les choses sont plus pures, les formes plus essentielles, les mystères plus profonds… La magie de ces collines désertiques est puissante, et Maggie Black pourrait bien y perdre la raison – ou la vie.

Editeur maintes fois primé, anthologiste et essayiste reconnue, artiste peintre, Terri WINDLING a reçu pour son roman L’Epouse de bois le prix Mythopoeic.

« Un premier roman riche et puissant. » Publishers Weekly

L’avis de Philémont

Davis Cooper vient d’être assassiné. Célèbre poète de la fin des années 40, il n’a plus rien publié depuis lors, s’est retiré dans le désert de l’Arizona pour se noyer dans l’alcool, et n’entretenait guère plus qu’une relation épistolaire avec Maggie Black, écrivain fascinée par l’oeuvre du poète. Même s’ils ne se sont jamais rencontrés, Maggie hérite de la maison du poète dans laquelle elle s’installe pour écrire sa biographie. Mais le lieu recèle bien des mystères, lesquels font échos aux poèmes de Cooper, au point que Maggie y découvre que ses soi-disant métaphores n’en sont manifestement pas et doivent être prises dans leur sens littéral.

L’épouse de bois est une fantasy à classer dans les oeuvres représentatives du réalisme magique. Terri WINDLING nous plonge en effet dans un univers parfaitement reconnaissable, donc crédible, et y insère des éléments propres au merveilleux et au surnaturel. Plus précisément, son propos est de nous décrire comment un couple, le poète et son épouse, artiste peintre prématurément décédée, ont vu leurs oeuvres profondément transformées par l’univers dans lequel ils s’étaient retirés, en l’occurrence le désert de Sonora. C’est également ce qui a fait basculer leur vie, le succès s’étant alors éloigné, l’incompréhension de leurs pairs en étant à l’origine.

Il est vrai que le petit hameau en question, bien que relativement proche de la ville de Tucson, est doté d’une atmosphère très particulière, que les animaux sauvages y ont d’étranges comportements, et que les créatures surnaturelles peintes par la femme du poète il y a près d’un demi siècle semblent prendre vie au détour d’une crique isolée. C’est tout cela que Maggie Black découvre par ses propres yeux et qui bientôt commence à remettre en cause la vision qu’elle avait de sa vie, de femme comme d’artiste.

La création artistique est en effet au coeur du roman, même la plupart des personnages secondaires étant tantôt sculpteur, tantôt musicien. L’idée sous-jacente de l’auteure est que l’imagination des hommes a des implications directes sur leur vie, que cela soit bénéfique ou néfaste. Tout le récit de Terri WINDLING s’inspire même d’une peinture de Brian Froud, laquelle illustre la couverture du roman. D’ailleurs rarement illustration n’aura aussi bien collé à un récit.

Le roman comporte très peu d’action. Même la résolution du meurtre de Davis Cooper demeure au second plan. L’essentiel est ailleurs, et il s’agit bel et bien de la découverte par Maggie Black d’un environnement singulier, que ce soit d’un point de vue géographique, humain ou mythologique. Sur ce dernier point Terri WINDLING nous propose d’ailleurs une mythologie fort originale dans laquelle elle mélange pêle-mêle références celtique (Brian Froud est britannique) et amérindienne (en particulier Navajo).

Originalité est peut-être même le maître mot de L’épouse de bois. On peut aussi y rajouter une puissance évocatrice certaine et une beauté indéniable. C’est tout simplement un coup de maître qui prouve que la fantasy peut être autre chose que de l’aventure sans que l’on s’ennuie pour autant. Pour ma part je range désormais ce roman parmi les oeuvres de référence dans ce genre.


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